Peut-on parler d'art populaire ?
Publié le 23/03/2015
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Dissertations 49
I - Les raisons du clivage
a) Les statistiques sont formelles, il faut être l'héritier (Bourdieu) de
milieux aisés pour apprécier comme pour produire une œuvre d'art ; le
sachem iroquois n'appréciera jamais, à
Paris, que les rôtisseries (Kant).
b)
La culture de masse entièrement soumise à la demande publique et
aux pressions commerciales (cf.
la tyrannie de l'audimat), considère l'art
comme une évasion, n'engage que des préoccupations superficielles, ne
produit que des
stéréotypes éphémères, dépourvus de toute créativité dont
le
conformisme concerne aussi bien le contenu que la forme.
L'art qui ne
vit que de ruptures novatrices est et doit être essentiellement anti-populaire.
c)
Ce clivage entre l'art élevé et savant et les divertissements vulgaires
remonte à la fondation de l'esthétique qui a creusé le fossé entre l'art et la
réalité.
Mais l'art identifié aux seuls
beaux-arts, coupé des énergies vivifiantes
propres aux formes créatrices d'expression populaire, ne risque-t-il pas
ainsi de dépérir ?
Il -L'art vivant contre l'art des musées
a) Ce concept de 1'« art» est un produit historiquement déterminé,
inventé non pas pour unir les hommes mais pour les diviser : pour séparer,
pour
« distinguer» le peuple de ses « élites ».
L'ésotérisme de « l'art
contemporain
» a porté à son comble cette fracture.
b) Mais ce concept de l'art est, à l'évidence, idéologique et
étriqué; l'art
en effet a toujours fait partie intégrante de la vie de tous les peuples car
il
plonge ses racines dans ses fonctions vitales les plus élémentaires et les
plus universelles.
Le théâtre qu'il soit grec, élisabéthain ou médiéval, a, par
exemple, d'abord été un divertissement populaire.
c)
Les grands créateurs ont puisé aux sources populaires pour se
démarquer de l'art académique* ; c'est en renouant avec l'extraordinaire
inventivité de la langue du peuple comme avec son sens subversif de la fête
que des écrivains comme Rabelais ont pu s'affirmer.
A côté de l'art officiel,
il y a donc toujours un art non conformiste et subversif comme le jazz et le
rock, modes d'expression populaire d'abord décriés par
l'establishment.
Si le grand art est « socialement coupable » (Adorno) faut-il pour autant
brûler Raphaël et demander aux artistes de rejoindre le peuple pour
« changer la vie » ?.
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