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Peut-on parler dans l'histoire de l'humanité d'un progrès moral ?

Publié le 27/02/2008

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Il est impossible de nier qu'il y a eu dans l'histoire de l'humanité un progrès scientifique et un progrès technique, et il est tentant de penser que ce progrès s'étend aussi au domaine moral. Certains comme Condorcet dans son Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain ont cru que le progrès scientifique et le progrès matériel entraîneraient forcément le progrès moral. Pourtant l'existence d'un progrès moral n'est pas évidente et d'autres ont cherché la source de la plupart des problèmes sociaux dans le décalage qui existerait entre le progrès matériel et le niveau moral.  Il convient donc d'examiner cette notion de progrès moral et de nous demander si elle ne peut pas avoir plusieurs significations.

  • I. On peut entendre par progrès moral le progrès de la vie morale.

  • II. On peut entendre par progrès moral un progrès de l'organisation sociale dans ses rapports avec les valeurs morales.

 

  • III. On peut entendre par progrès moral un progrès dans la connaissance des valeurs morales, un progrès dans les idées morales.

 

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« 2° L'existence de ce progrès n'empêche pas qu'il subsiste des injustices.

La disparition de l'esclavage n'a pasentraîné celle de toute exploitation de l'homme par l'homme.

Il ne s'agit que d'un progrès relatif. On peut donc parler d'un progrès moral dans le domaine social à condition de préciser qu'il s'agit d'un progrès relatifet toujours aléatoire. III.

On peut entendre par progrès moral un progrès dans la connaissance des valeurs morales, un progrèsdans les idées morales. La question revient alors à se demander si les hommes d'aujourd'hui connaissent mieux le Bien, le devoir, les vraiesvaleurs morales que les hommes d'autrefois, si l'erreur morale a diminué.Or, de ce point de vue, il semble difficile de nier qu'il se soit produit dans l'histoire de l'humanité une découverteprogressive de certaines valeurs, qu'on attribue cette découverte à la collectivité (Durkheim : Jugements de valeuret jugements de réalité) ou qu'on l'attribue à des héros moraux, à des individus ( Bergson : Les Deux Sources de la morale et de la religion).

Sous l'influence de certains grands courants de penséecomme le stoïcisme, le christianisme, et en liaison avec certaines découvertestechniques, des valeurs qui étaient ignorées ou pressenties seulement parquelques âmes d'élite, se sont répandues, sont devenues des valeurscommunes, parfois des valeurs établies et « inscrites au fronton de nos sociétés» (ce qui ne veut pas toujours dire respectées en fait).

Telle est la valeur de lapersonne humaine, indépendamment de sa race, de sa situation sociale :Aristote ne considérait-il pas encore l'esclave comme un « outil vivant »? Telle lavaleur de la femme considérée longtemps (et encore aujourd'hui) commeinférieure à l'homme.

On peut rattacher à cette découverte des valeursl'apparition de l'idée de charité, ou ce que Bergson appelle le passage de lamorale close à la morale ouverte.Or si la « bonne volonté », l'intention morale ne sont pas transmissibles, il n'enest pas de même des valeurs morales une fois découvertes.

Sans doute doivent-elles pour être le point de départ d'une vie morale, être revivifiées par l'individu,mais elles sont conservées en quelque sorte par la société et la civilisation quinous les propose sans que nous ayons chaque fois à les redécouvrir.

L'hommed'aujourd'hui dispose donc d'une sorte d'expérience morale collective qui luipermet de profiter des découvertes de ses devanciers.En ce sens on peut donc parler d'un progrès dans les idées morales del'humanité; mais il faut reconnaître que ce progrès a sa source dans lesconsciences et que les valeurs découvertes peuvent toujours être méconnues ou oubliées par les hommes, ce quiamène un sociologue, Dupréel, à parler de la « précarité « des valeurs ». Conclusion. La notion de progrès moral est ambiguë : s'il s'agit d'un progrès dans le domaine de la générosité et de la vertu, ilsemble bien qu'un tel progrès ne peut être qu'individuel : la vertu ne se transmet ni par hérédité, ni par tradition.

Enrevanche les idées morales et les institutions sociales se déposent dans la civilisation qui les propose ou les imposeà chacun d'entre nous.

Ici l'individu peut bénéficier des efforts de ses devanciers, et l'idée d'un progrès moral del'humanité se trouve dans une certaine mesure un sens.. »

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