Peut-on parler d une dénaturation de l homme ?
Publié le 19/09/2015
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3. Dénaturation ou seconde nature ?
A. Puissance de l’habitude
Il ne faudrait pas que le rejet de l’idée d’un homme naturel conduise à nier notre naturalité. Nous possédons un corps dont nous ne sommes pas les auteurs et nous suivons en ce sens le même processus que celui des animaux. Dans le langage sartrien, nous dirons que l’homme n’est pas seulement un être pour soi mais aussi en soi. Il est toutefois remarquable que cette dimension relève d’une seconde nature. Cette expression désigne l’ensemble des habitudes qui façonnent notre comportement sans que nous en ayons forcément une conscience claire. Montaigne nomme la coutume une « violente et traîtresse maîtresse d’école » afin de souligner à quel point nous sommes conditionnés sans l’avoir voulu. Les habitudes se contractent aisément et facilitent nos actions tant que celles-ci rentrent dans leur moule. Mais elles découvrent « leur furieux et tyrannique visage » lorsque nous voulons cesser de les suivre. L’appellation « seconde nature » rend bien compte de ce phénomène qui se rapproche de la nécessité de la causalité physique alors qu’il est une création de l’esprit. La culture d’un individu lui paraît naturelle et il faut le contact avec d’autres civilisations pour qu’il apprenne à relativiser ses croyances. Pascal en tire la conclusion que notre vraie nature n’est sans doute qu’une coutume primitive que nous prenons à tort pour un point de départ absolu.
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