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Peut-on ne pas se dire la vérité ?

Publié le 13/09/2018

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■ Analyse du sujet

 

- Être attentif à l’aspect paradoxal de la question : on ment habituellement à un interlocuteur ; comment puis-je tenir la place de ce dernier ?

 

- De quel projet classique d’examen lucide de soi-même la question prend-elle le contre-pied ?

 

- Se mentir à soi-même, si c’est possible, relèverait d’un « discours intérieur >>, d’une conception de soi à laquelle on adhérerait alors qu’elle ne correspond pas à la vérité. À quelle instance appartient-il alors de connaître cette dernière ?

 

- Dans quelles conditions ou situations puis-je faire 1 ’expérience d’une telle adhésion à une image fausse de moi ? Cela implique une différence entre un moi qui ment et un moi qui est trompé : comment nommer ou repérer ces deux « moi >> ?

 

■ Pièges à éviter

 

- Les considérations moralisatrices sur le mensonge et ses méfaits : ce serait ici hors sujet.

 

- Une opposition brutale entre un examen de conscience qui serait toujours lucide et l’intervention de l’inconscient qui m’obligerait systématiquement à me tromper : il faut déceler des situations intermédiaires.

 

- Éviter de s’en tenir à un constat un peu sec, et purement psychologique : quelles conséquences plus générales peut-on déduire de l’éventualité évoquée ?

 

■ Plan

 

Introduction

 

I. Prétention de la conscience à la lucidité

 

II. Soupçons sur les capacités de la conscience

 

III Inconscient et version mensongère de moi-même Conclusion

« CORRIGÉ [Introduction] On rappelle volontiers que l'attitude socratique se résume en une for­ mule : «Connais-toi toi-même».

Sans doute y a-t-il dans ce conseil l'ori­ gine d'une exigence de lucidité sur soi qui a durablement traversé la phi­ losophie.

Mais l'injonction ancienne est-elle réalisable ? Ne court-on aucun risque de se tromper sur ce que l'on est lorsqu 'on cherche à se connaître ? En d' autres termes :peut-on se mentir à soi-même ? Prétendre se connaître, c'est en effet impliquer que l'on est capable de trouver et de formuler la vérité de son être et de sa personne, mais si l'erreur est pos­ sible, si, plus gravement, elle est due à une sorte de volonté seconde qui contredit ma volonté consciente et m'o blige à me mentir à moi-même, c'e st toute une conception de la sagesse -et peut-être de la philosophie, qui se trouve remise en cause.

[1.

Prétention de la conscience à la lucidi té] La question semble d'abord paradoxale : le mensonge, tel qu'on le comprend habituellement, implique un interlocuteur.

C'est bien lui que j'a i l' intention de tromper par mon discours, en l'amenant à adhérer à ce qui n'est pas conforme à ce que je sais être la vérité.

Puis-je donc me considérer comme mon propre interlocuteur ? La situation en fait n'a rien d'exceptionnel ; elle désigne simplement le dédoublement intérieur qui s'effectue dans toute prise de conscience.

Être conscient de ma situation, c'est bien, simultanément, la vivre ou y être immergé, et me considérer en quelque sorte de l'extérieur comme la vivant.

Lorsque Auguste Comte nie tout intérêt scientifique à l'introspec­ tion, c'est en soulignant que l'observation scientifique suppose toujours une distinction minimale entre l'observateur et l'observé, alors que l'in­ trospection attribue ces deux rôles ou positions à une seule et même per­ sonne.

Indépendamment de ce que la situation peut avoir de déroutant du point de vue épistémologique, on en retiendra le caractère banal : c' est à tout moment de mon existence que je suis capable de me mettre à distance de ce que je vis pour l'examiner et en opérer une description.

C'e st d'ailleurs en se fondant sur cette capacité d'auto-examen élé­ mentaire que la philosophie et la psychologie naissante ont pratiqué aussi bien l'examen de conscience que le journal intime, modes complémen­ taires pour saisir le sujet dans son déploiement, soit au présent, soit dans la durée -et modes qui supposent que le suj et est bien capable de trou­ ver sa propre vérité, c'est-à-dire de la formuler pour lui-même.

Dans la. »

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