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Peut-on ne jamais philosopher ?

Publié le 11/02/2016

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Au fond, il faut bien admettre qu'il n'existe pas un seul être doué de conscience qui, jamais de sa vie, n'ait philosophé. Mais cela ne veut pas dire, loin de là, que tout homme soit un philosophe en puissance.

 

Entre «philosopher» et faire de la philosophie, il existe tout un monde!

 

Sans cesse, les êtres humains s'interrogent. Voilà le premier moteur de la réflexion philosophique. Mais rares sont ceux qui prennent la peine de donner une suite rationnelle à leurs interrogations naturelles. Cette suite exige

patience, effort et courage. Face à de telles difficultés, mieux vaut s'en remettre à des modèles de pensée déjà constitués. C'est pourquoi, si l'esprit philosophique appartient bien en propre à l'âme humaine, il ne s'y développe que très rarement. S'en remettre aux opinions admises offre un double avantage: on peut se permettre le luxe de croire que l'on pense véritablement et, en même temps, ne pas prendre le risque d'aborder les territoires de la vie de l'esprit qui nous sont totalement inconnus.

« Il n'existe pas d'hommes qui ne philosophent pas - 4~(·'~· Le simple fait d'être homme implique que l'on se pose des questions sur l'existence, le rapport au monde et à autrui.

Ces questions sont des questions spécifiquement philosophiques.

Le «bon sens est la chose du monde la mieux partagée>> A insi que l'écrit Des­ cartes dans son Dis­ cours de la méthode , «la puissance de bien juger et distinguer le vrai uQn peut dire que les hommes ont plus ou moins de sagesse à raison de ce qu'ils ont plus ou moins de connaissances des vérités plus importantes.• René Descartes, Les Principes de la philosophie d'avec le faux, qui est proprement ce qu'on nomme le bon sens ou la raison, est naturelle ­ ment égale en tous les hommes ».

Cela ne veut pas dire que tout le monde pense droite­ ment, mais cela veut dire que tout homme, à sa man~ère, philo­ sophe.

Nul homme n'échappe à la question du sens M ême l'esprit le plus fruste, parce qu'il est humain, n' échappe pas à la nécessité de com­ prendre ce qu' il vit, pour­ quoi tel être lui fait du mal, pourquoi, à un moment donné, la chance lui sourit.

Ce type de question contient en germe d'autres ques­ tions purement phi­ losophiques: qu 'est-ce que l'existence? A-t - elle un sens? Si oui, lequel? Tout homme est philosophe sans le savoir V aléry a raison d'écri­ re qu ' «il n'y a pas d'erreur plus philo­ sophique si énorme que de compter com­ me philosophes les seuls philosophes>> (Cahiers) .

En effet , sont déjà tournés vers la phi­ losophie tous ceux qui, au cours d'une simple conversation, se deman­ dent ce qu'est le désir, quelle éducation don­ ner à un enfant , en quoi telle décision politique est fondée ...

Tout homme pense, donc tout homme philosophe.

A chaque instant de notre existence, il nous faut faire des choix.

Les réflexions qui les déterminent soulèvent des questions de nature philosophique.

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