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Peut-on manquer de volonté ?

Publié le 09/02/2016

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L'on n'échappe pas à la vie. C'est bien parce que l'on est vivant et que l'on en souffre que l'on se donne la mort. En ce sens, l'on peut dire qu'il est faux de croire que la volonté puisse nous manquer. D'un autre point de vue, c'est-à-dire d'un point de vue moins «organique», il apparaît très nettement que la volonté, qui, contrairement à nos désirs, dépend de nous-mêmes, de notre conscience, bien souvent nous manque. J'ai le désir d'adresser la parole à tel homme ou à telle femme et pourtant, la volonté de réaliser ce
désir me fait défaut. Saint Augustin a bien raison de parler d'un vouloir qui n'est pas total. Il entre en interférence avec d'autres éléments qui en diminuent la détermination: par exemple la timidité, l'indécision (suis-je vraiment sûr de plaire à cette personne?), etc. Enfin, il n'est pas déplacé de définir la dépression comme un manque pathologique de volonté. Ce dont souffre le déprimé n'est pas de vivre, mais de vivre en étant dépossédé de la volonté d'agir, de créer, d'avoir des projets.



« La volonté ne peut pas nous manquer • Vivre est en soi un acte volontaire.

Seuls les choses inertes, le cadavre manquent, au sens propre du terme, de volonté.

Je me suicide volontairement parce que j'ai perdu toute volonté de vivre.

La vie est «vouloir-vivre» T oute créature vivante, dit Schopenhauer, est déterminée par l'es­ pèce à laquelle elle appartient à lutter pour ccComme ce que la volonté veut, c'est toujours la vie, c'est-à-dire la pure mani­ festation de cette volonté ( ...

),ainsi c'est faire un pléo­ nasme que de dire: "la volonté de vivre", et non seulement "la volonté", car c'est un tout." Arthur Schopenhauer, Le Monde comme volonté et comme représentation vivre et pour se repro­ duire.

Cette force irré­ pressible , instinctive , Schopenhauer l'appelle « vouloir-vivre ».

Même le lâche et le faible veu­ lent vivre .

Le désespéré désespère de la vie, non de vivre.

Son déses­ poir prouve bien sa volonté de continuer à exister.

La volonté ne manque qu'au cad vre T ant que je respire , j'ai la volonté de vivre , même si, volon ­ tairement , je n'attends plus qu'une chose : mou­ rir.

A proprement par­ ler, ce n'est que lorsque le souffle de la vie a cessé de m'animer que je peux dire que , comme la chaise sur laquelle je suis assis, je n'ai plus de volonté.

Vivant, l'on ne sort jamais de la vie P rendre la décision de se suicider est encore un acte volon­ taire .

Voilà le drame du suicide : c'est bien au nom de la vie, d'une vie que je ne peux plus supporter, que je me donne la mort.

Même si j'ai perdu toute volonté de vivre , je ne manque pas de cette ultime volonté : choisir d'en finir avec l'existence.

Manquer de volonté , c'est être mort.

La vie me pousse à vouloir, que je veuille mourir, ou que je veuille ne plus rien vouloir du tout parce que je crois que telle est la condition de mon bonheur.

:- .

- J. »

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