Peut-on juger objectivement une œuvre d'art ?

« que l'on comprendra mieux sa signification.

Par exemple, Campbell's Soup Cans d'Andy Warhol dénonce la société deconsommation dans les années 1970.

On peut aussi mettre en évidence la structure d'une œuvre d'art, qui facilitesa compréhension et montre la technique utilisée par l'artiste.

On peut interpréter des symboles dont le sens estuniversellement connu, par exemple un squelette symbolise la mort (dans la culture occidental), et le sablier montrela fuite du temps.

De plus, on peut attendre davantage de l'art, c'est-à-dire à ce qu'il révèle la réalité.

Selon lepeintre suisse P.KLEE : « l'art ne reproduit pas le visible, l'art rend donc visible l'invisible sans lui ».Ainsi, on peut juger objectivement une œuvre dans la mesure où l'on effectue une analyse détaillée des techniquesmises en œuvre pour la réaliser.

Cette évaluation objective permettra de lever un voile quant à la signification del'œuvre.Cependant, peut-on toujours juger une œuvre selon des critères scientifiques ? N'y a-t-il pas une part de mystèreet de sentiment dans notre jugement ? En effet, il apparait que le jugement esthétique de l'œuvre présente un jugement de goût qu'on exprime par lesphrases suivantes : « C'est beau ! », « C'est laid ! ».

Ce jugement exprime le sentiment, le goût de celui qui reçoitl'œuvre d'art.L'œuvre d'art n'est pas un moyen, elle est à elle-même sa propre fin, elle vaut pour elle-même.

Ce qui nous amène àremarquer l'essence de l'art est la beauté.

Or le beau a une origine mystérieuse, on ne peut pas l'expliquer.

Il nousarrive d'être saisi d'émotion devant un tableau sans savoir pourquoi.

Dans Le Banquet, Platon nous fait saisir le beaucomme ce qui nous fait aimer, donc la source du beau est mystérieuse.

La beauté de l'œuvre d'art prend unedimension subjective.

Kant remarque que le jugement esthétique d'une œuvre d'art n'est pas un jugement deconnaissance, mais un jugement de goût.

Nous ne sommes pas tous d'accord devant ce qui est beau, chacun à sonavis, en effet on ne peut pas juger la beauté d'une œuvre d'art.

Kant remarque que devant la beauté on éprouvequelque chose d'universel : « Le beau plaît universellement et sans concept » (Critique de la faculté de juger).

SelonBaudelaire, une œuvre d'art doit être suggestive, on parle d'universalité subjective.

Donc, l'œuvre d'art sembleéchapper aux règles.De plus, la beauté d'une œuvre d'art ne réside pas en son caractère rationnel, puisqu'elle ne doit rien à la raisonmais tout au spirituel.

Contrairement à la science, l'art a le souci de la subjectivité de l'observateur.

Ainsi, l'arttouche à la métaphysique, à ce que l'on ne peut pas percevoir.

L'artiste essaie de montrer à travers son œuvre sonimagination, l'essence des choses qui permettent à ce monde d'exister.

Selon Nietzsche : « Sans la musique, la vieserait une erreur ».

De plus, pour Schopenhauer la musique permet d'élever l'âme : « Ce qu'il y a de métaphysiquedans le monde physique, la chose en soi de chaque phénomène ».

L'œuvre d'art permettrait donc de rendre matériell'immatériel, il serait le mélange de la matière et de l'esprit.Cependant, cela ne serait pas possible sans le génie de l'artiste.

En chaque homme qui possède ce don du génieoffert par Dieu, apparait l'inspiration créatrice marquée du sceau de la divinité.

Les grands artistes possédantl'imagination, le goût, l'inspiration et l'entendement, vont donc pouvoir créer une œuvre originale qui sera ensuiteimitée.

Pour Kant, le génie est celui qui donne ses propres règles à l'art, il permet l'invention de nouvelles règles.Ainsi, juger subjectivement une œuvre permet de dépasser la science et ses règles afin de nous ouvrir au monde età ce qu'il contient.

L'art permet ainsi de transporter l'âme et de rendre visible l'expression invisible de la Vie.Cependant, le goût est-il réellement personnel ? Ou apparait-il comme la communication entre les hommes ? En effet, on observe que le goût est communicable, les gens parlent entre eux afin de partager leurs goûts.Cependant, dans nos sociétés modernes, la publicité par le biais des médias influence beaucoup nos préférences etnos goûts.

Nous semblons donc avoir les mêmes goûts qu'autrui et cela, même en matière d'art.

Par exemple, à partle côté divin et mystique qui transparaissent à travers la Joconde, comment peut-on expliquer l'attrait provoqué parla dame de Vinci, si ce n'est justement par la notoriété véhiculée par les médias concernant les nombreuses histoiresautour de cette œuvre d'art.

En effet, ce petit tableau semble défier arrogamment et de façon insistante Les Nocesde Cana qui lui font face. Ainsi, le jugement objectif permet de connaître mieux une œuvre d'art du point de vue historique et technique.

Ilpasse donc par une interprétation scientifique de l'œuvre.

Son évaluation subjective est le reflet du souffle divin quimarque le produit de l'artiste et, l'œuvre d'art élève nos esprits en tant qu'elle provoque en nous la catharsis.

Enrevanche, nous semblons dépourvus de goût personnel face à la mode, qui uniformise nos préférences.. »