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Peut-on imaginer quelque chose à partir de rien ?

Publié le 24/08/2004

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Elle est la faculté de « déformer des images «, cad de rompre avec tout asservissement au réel antérieurement perçu mais elle est aussi et surtout, comme l'affirme  Bachelard, « le pouvoir de former des images qui chantent la réalité «. Imaginer pour l'homme, c'est donc entrer dans un monde nouveau et non pas se perdre dans l'irréel. La conscience est essentiellement pour les phénoménologues le pouvoir qu'à l'homme, non certes d'anéantir, mais de mettre à distance le monde qui se donne à lui, de s'en déprendre, de le mettre en question en s'y opposant et en s'en distinguant par là même. On dira que la conscience "néantise" le monde. Cette capacité de "néantisation" définit la liberté ontologique, qui est le propre de la conscience de l'existant humain. En ce sens, Sartre peut dire, après Heidegger, que "le néant reste la structure constitutive de l'existant". Ce "néant" est la source même de la capacité qu'a l'existant de se nier soi-même pour affirmer l'"en-soi" du monde, comme de "néantiser" le monde en se posant "pour soi" comme conscience et "ek-sistence". C'est cette néantisation constitutive de l'"existant" qui définit pour  Sartre la structure transcendantale de la conscience comme liberté et comme "projet", comme cette liberté essentielle qui donne son sens à tout acte libre particulier de l'existence concrète. L'"imaginaire" est dans ce contexte l'une des structures les plus révélatrices de la constitution existentiale de la conscience humaine, car la "néantisation" y est flagrante. [On ne peut pas imaginer à partir de rien.

« L'imagination est ce pouvoir de nous représenter un objet même en son absence.

Mais le travail de l'imagination ne consiste pas en lasimple reproduction de perceptions reçues, en l'absence des objets quiles ont provoquées, il aboutit aussi à la fabrication d'oeuvres.L'imagination est aussi l'aptitude à dépasser ce qui est et à organiserdes formes nouvelles.

Elle est donc création, invention et, en ce sens,elle est essentiellement dynamique.

L'imagination, dit Bachelard , est « la faculté de déformer les images fournies par la perception, elle estsurtout la faculté de nous libérer des images premières, de changer lesimages [...].

Elle est dans le psychisme humain l'expérience même del'ouverture, l'expérience même de la nouveauté. » (« L'air et les songes »). Si l'imagination peut créer, c'est parce que tout n'est pas, parce que quelque chose manque.

Autrement dit, l'homme n'invente quelorsqu'il éprouve l'absence de quelque chose comme un manque.

Ilimagine l'objet absent, mais il ne l'imagine que parce qu'il le désire et ilne le désire que parce que la réalité à la fois le lui refuse et cependantle lui accorde en le manifestant comme possible. Si l'imagination est création, invention, elle ne l'est certes pas à partir de rien.

Elle suppose des données, des éléments à partir desquelselle peut travailler et faire autre chose, autrement.

Mais si l'invention est toujours relative, liée au passé etn'apportant qu'une légère nouveauté par rapport à ce qui précède, elle permet toujours d'anticiper, derésoudre par avance les difficultés du présent.

En ce sens, dans l'invention, l'avenir détermine le présent,autrement dit, la négativité détermine et hante l'être.

L'imagination change donc le monde et le crée à l'imagedu désir de l'homme.

Dans la nature, elle accomplit par la technique ou la création artistique le désir del'homme comme sur-nature. En tant qu'exprimant nos désirs les réalisations imaginatives sont aussi vécues comme réelles.

Ainsi l'art nous fait vivre l'irréel comme le réel, il est un autre réel, un monde irréductible à celui que nous connaissons.Comme l'affirme Malraux , l'art « naît de la fascination de l'insaisissable, du refus de copier des spectacles, de la volonté d'arracher les formes au monde que l'homme subit pour les faire entrer dans celui qu'il gouverne » (« L'art »).

Les artistes ne reproduisent donc pas la nature mais en sont les rivaux et les oeuvres d'art sont d'authentiques créations même si le matériel vient de la réalité. Dans « L'imaginaire », Sartre affirme que nous appréhendons une oeuvre d'art dans le monde de l'irréel.

Quand j'écoute la VII ième de Beethoven , dit-il, celle-ci se donne comme « un perpétuel ailleurs, une perpétuelle absence.

Il ne faut pas se figurer qu'elle existe dans un autre monde, dans un ciel intelligible.

Ellen'est pas simplement –comme les essences par exemple- hors du temps et de l'espace : elle est hors du réel,hors de l'existence.

Je ne l'entends point réellement, je l'écoute dans l'imaginaire ».

Autrement dit, pour Sartre , l'oeuvre d'art existe sur le mode de l'irréel, hors du sensible, hors du temps, non comme une essence intemporelle, mais comme une absence.

En fait, Sartre méconnaît que les images créées par l'art ont uneréalité qui, bien loin d'être un moindre réel ou un irréel, est tout simplement un surréel.

L'imagination est eneffet plus que la faculté de l'irréel.

Elle est aussi celle du surréel.

Elle est la faculté de « déformer des images », cad de rompre avec tout asservissement au réel antérieurement perçu mais elle est aussi et surtout, comme l'affirme Bachelard , « le pouvoir de former des images qui chantent la réalité ».

Imaginer pour l'homme, c'est donc entrer dans un monde nouveau et non pas se perdre dans l'irréel. La conscience est essentiellement pour les phénoménologues le pouvoir qu'à l'homme, non certes d'anéantir, mais de mettre à distance le monde qui se donne à lui, de s'en déprendre, de le mettre en questionen s'y opposant et en s'en distinguant par là même.

On dira que la conscience "néantise" le monde.

Cette capacité de "néantisation" définit la liberté ontologique, qui est le propre de la conscience de l'existant humain.

En ce sens, Sartre peut dire, après Heidegger , que "le néant reste la structure constitutive de l'existant" .

Ce "néant" est la source même de la capacité qu'a l'existant de se nier soi-même pour affirmer l'"en-soi" du monde, comme de "néantiser" le monde en se posant "pour soi" comme conscience et "ek- sistence" .

C'est cette néantisation constitutive de l' "existant" qui définit pour Sartre la structure transcendantale de la conscience comme liberté et comme "projet" , comme cette liberté essentielle qui donne son sens à tout acte libre particulier de l'existence concrète.

L' "imaginaire" est dans ce contexte l'une des structures les plus révélatrices de la constitution existentiale de la conscience humaine, car la"néantisation" y est flagrante.. »

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