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Peut-on fonder les différences culturelles sur la nature ?

Publié le 27/02/2008

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Peut-on fonder les différences culturelles sur la nature ?

La relation de fondation existant entre deux termes implique un rapport de dépendance, l’un des termes étant la source, l’origine de l’autre. On peut en déduire une forme de parenté entre ce qui génère et ce qui est généré. Or loin d’être similaires la nature et  la culture s’opposent bien plutôt, ou s’excluent, la nature étant extérieure au monde humanisé, civilisé, transformé par l’homme. La nature n’est pas seulement un monde, elle signifie aussi ce qui est propre à l’homme, son essence. C’est en ce sens que l’on parle de nature humaine, nature étant alors ce qui est commun à tous les individus ce qui les rassemble sous un même genre. Il n’est pas question de culture dans le sujet mais de différences culturelles, ce qui souligne une de ses caractéristiques, à savoir le fait qu’elle singularise. Par différences culturelles il faut entendre les diverses sociétés, leurs coutumes, leurs arts, leurs idéologies qui leur sont propres et qui peuvent s’opposer entre elles plus ou moins directement.

 

Pour répondre à cette difficile question de la relation de fondation entre les différences culturelles et la nature nous procéderons en trois étapes. La première définit la nature à travers  les notions d’identité et d’universalité tandis que la culture se trouve elle identifiée aux notions de différence et de singularité. La deuxième expose l’expression kantienne de plan de la nature qui démontre que la culture prend sa source dans des dispositions naturelles de l’homme. Enfin la dernière étape envisage l’esprit incarné dans la culture comme étant la condition de réalisation de la nature.

« la société comme ayant corrompu la nature de l'homme. Cette première partie nous aura permis de montrer que la nature ne peut fonder les différences culturelles dans la mesure où il y a une rupture nette et irréversible entre la nature et la culture. Deuxième partie : Peut-il exister un plan de la nature au sein duquel la culture aurait sa place ? L'hypothèse étudiée dans cette deuxième partie est celle affirmant l'existence d'un plan de la nature.

Nous la trouvons sous la plume de Kant et plus particulièrement dans son Idée d'une histoire universelle d'un point de vue cosmopolitique .

Selon lui la nature poursuit une finalité et l'histoire de l'homme en est l'expression.

Le développement des dispositions naturelles des individus n'est pas le fruit du hasard mais est voulu par la nature quil'a prévu pourrait-on dire.

Ainsi la naissance et l'épanouissement des différences culturelles ne sont que lesconséquences de la volonté de la nature : « La nature a voulu que l'homme tire entièrement de lui-même ce qui va au-delà de l'agencement mécanique de son existence animale, et qu'il ne participe à aucune autre félicité ou à aucune autre perfection, que celles qu'ils'est procurées lui-même par la raison, en tant qu'affranchi de l'instinct […] comme si elle avait voulu que l'homme,quand il se serait hissé de la plus grande inculture à la plus grande habileté, à la perfection intérieure du mode depenser, et par là (autant qu'il est possible sur terre) à la félicité, en eût ainsi le plein mérite, et n'en fût redevablequ'à lui-même.

» Après la question de la fin de la nature exposée dans la troisième proposition la question des moyens est traitée dans la quatrième.

Kant démontre dans quelle mesure nous devons le développement de nos dispositionsnaturelles à notre insociable sociabilité, notre propension au conflit permettant notre perfectionnement.« Remercions donc la nature pour cette humeur peu conciliante, pour la vanité rivalisant dans l'envie, pour l'appétitinsatiable de possession ou même de domination.

Sans cela toutes les dispositions naturelles excellentes del'humanité seraient étouffées dans un éternel sommeil.

» Cette deuxième partie nous permet de répondre affirmativement à la question de la relation de fondation entre la nature et la culture.

Cependant ce plan de la nature pour Kant est une interprétation de la réalitépermettant de mieux comprendre son organisation et l'histoire de l'être humain.

Nous sommes tentés de confier lerôle de moteur non pas à la nature mais à la culture comme étant le lieu d'expression de l'intelligence humaine. Troisième partie : La culture est-elle l'accomplissement de la nature ? Si la nature et la culture ou les cultures diffèrent cela ne signifie pas qu'elles s'opposent nécessairement comme nous l'avons déjà constaté avec Kant.

L'homme est certes un individu civilisé mais il est aussi un êtrenaturel.

En ce sens il appartient à la fois à la nature et à la culture et il s'agit de trouver un terrain d'entente entreces deux notions.

Une solution serait de souligner leur complémentarité. Hegel, loin d'affirmer l'existence d'une rupture entre la nature et la culture, défend la thèse selon laquelle la culture ou l'esprit est l'accomplissement de la nature. « On n'a pas eu tort d'appréhender la différence de la nature et de l'esprit d'une manière telle qu'on pourrait ramener celle-là à la réalité et celui-ci à l'idéalité comme à leur détermination fondamentale.

Seulement, la naturen'est justement pas quelque chose de ferme et d'achevé pour soi-même, qui donc pourrait subsister aussi sansl'esprit, mais elle parvient seulement dans l'esprit à son terme et à sa vérité, et de même, pour sa part, l'esprit n'estpas simplement un au-delà abstrait de la nature, mais il n'est vrai et vérifié comme esprit que dans la mesure où ilcontient en lui la nature comme supprimée.

» Hegel, La science de la logique.

Première partie de l'encyclopédie des sciences philosophiques. Hegel s'oppose donc à Kant dans la mesure où ce n'est pas la nature qui est à la source des différences culturelles mais au contraire ce sont les différences culturelles qui réalisent ce que doit être la nature. Il va plus loin dans la Philosophie de l'esprit , qui est le troisième volume de son encyclopédie.

En effet, il affirme que la différence d'essence entre la nature et l'esprit doit être remise en cause.

« Dans ce qui est dit, setrouve déjà contenu que le passage de la nature à l'esprit n'est pas un passage à quelque chose d'entièrementautre, mais seulement une venue-à-soi-même de l'esprit qui est hors de soi dans la nature.

» La nature et la cultureseraient donc des moments d'une même chose. Conclusion Il s'agit moins d'une relation de fondation entre les différences culturelles et la nature qu'une relation de co- fondation.

En effet nous sommes arrivés avec Hegel à l'affirmation d'une essence commune entre la nature et laculture, chacune étant condition de réalisation de l'autre.. »

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