Peut-on fonder la morale sur la recherche du bonheur ?
Publié le 17/03/2004
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Le bonheur est la finalité de l'existence humaine. La morale doit se fonder sur lui. De plus, d'après l'utilitarisme, le bonheur personnel permet d'accroître le bien-être de tous. Mais, la morale ne peut pas seulement reposer sur la quête du bonheur. Le bonheur est un état subjectif, qui ne peut avoir de portée universelle. La morale ne peut dépendre que de la raison qui, elle, est universelle.
- I) La morale se réduit à la quête du bonheur.
a) La seule fin désirable est le bonheur. b) La morale doit se fonder sur le plaisir. c) Le bonheur consiste aussi à faire le bien d'autrui.
II) La morale ne se résume pas à la quête du bonheur.
a) Le bonheur n'est pas une raison morale suffisante. b) Le loi doit imposer un code moral. c) Il n'y a pas de moralité sans universalité.
.../...
«
qu'elle serait érigée en loi universelle se détruirait nécessairement elle-même. »
11.
Des conflits de devoir
Les conflits du devoir.
A) Moralité du devoir et responsabilité.
La morale du devoir ordonne simplement : fais ce que tu dois, et, de son point de vue, on doit faire son devoir sans se préoccuper de ce que les autres sont susceptibles de faire.
Advienne que pourra ! or, le fait que lemal puisse résulter du bien et le bien du mal est une réalité.
On peut se demander, dès lors, si l'homme deconviction, qui agit toujours par devoir indépendamment des circonstances, n'est pas irresponsable et s'il ne fautpas subordonner toute règle morale à la considération des conséquences de son application.
L'homme deresponsabilité ne réfléchit-il pas, avant de prendre une décision, au bien ou au mal qu'il pourrait produire ?
Supposons que des assassins me demandent si mon ami qu'ils poursuivent n'est pas réfugié dans ma maison et queje ne puisse éviter de répondre par oui ou par non.
Dois-je me soumettre inconditionnellement à l'interdiction dementir ? Ce cas invoqué par Benjamin Constant semble ruiner toute prétention à poser des principes supposés valoirtoujours et partout.
Au rigorisme kantien s'opposerait l'impossibilité d'ériger le devoir de véracité en principeinconditionné, sous peine de favoriser les assassins.
Une petite entorse au devoir de véracité ne se justifie-t-ellepas relativement à la fin poursuivie ? Mieux, n'avons-nous pas, en pareil cas, des raisons morales de mentir ? Nefaut-il donc pas admettre qu'il n'y a pas une seule et unique source de valeur morale, mais plusieurs ? Ne faut-il pasdistinguer deux positions morales : l'une que l'on peut qualifier de « déontologique » (respect des règles), l'autre de « conséquentialiste » (considérer le plus grand bien comme motif de nos décisions) ?
B) La fin ne justifie pas les moyens.
A Constant qui affirme un droit naturel de mentir par humanité, Kant répond que la véracité dans des déclarations qu'on ne peut éviter « est un devoir formel de l'homme à l'égard de chacun, quelle que soit l'importance du dommage qui peut en résulter pour lui ou pour un autre » (« Sur un prétendu droit de mentir »).
L'homme qui ment fait en sorte qu'aucune déclaration n'ait de crédit.
Ainsi il porte atteinte à la finalité interne de communicabilité et fait perdre à tous les droits, qui sont fondés sur des contrats, leurforce.
Même si le mensonge ne nuit pas à un homme particulier, il nuit à l'humanité en général.
A quoi il fautajouter qu'on ne peut jamais prévoir les conséquences de ses actes.
Supposons, par exemple, que mon ami, voyant les assassins diriger leurs pas vers la maison, décide de s'enfuir à mon insu.
En affirmant qu'il est sorti alors que je le crois à l'intérieur de la maison, j'exprime lecontraire de ce que je pense, mais je dis la vérité ce qui est.
Mon mensonge « bienveillant » peut ainsi mettre les assassins sur les traces de mon ami et être cause de sa mort.
Mais suis-je vraimentresponsable ? le meurtre de cet homme n'est-il pas la faute des meurtriers ? Le fait que l'accomplissement d'un devoir en entraîne des conséquences désastreuses n'est-il pas imputable à quelqu'un d'autre ?
Le « conséquentialiste » objectera qu'on ne peut pas toujours rester « les mains propres », qu'il y a des circonstances extraordinaires où nous sommes certains que le respect d'une exigence « déontologique » aurait de graves conséquences.
On peut admettre cette objection et soutenir qu'en pareil cas nous pouvonsêtre forcés à agir autrement que mus par cette exigence.
Mais faut-il pour autant accorder une valeurmorale à un tel acte ? autrement dit, peut-on affirmer qu'il peut être moral de mentir, voire de tuer , Si je tueun homme pour en sauver dix, puis-je pour autant affirmer que le meurtre peut avoir une valeur morale ?N'aurais-je pas, en pareil cas, conscience d'avoir transgressé la loi morale ? N'éprouverais-je pas quelque partdu remords, en me demandant, par exemple, si je n'aurais pas pu éviter un tel acte ? car, au fond, ne faut-il pas reconnaître, avec Kant , que toute morale qui prétend justifier les moyens au nom des fins, en vient à anéantie ce qui, dans ces fins, peut justifier les moyens ? le devoir reste le devoir .
« Etre véridique dans les propos qu'on ne peut éluder, c'est là le devoir formel del'homme envers chaque homme, quelle que soit la gravité du préjudice qui peut enrésulter pour soi-même ou pour autrui.
Et même si, en falsifiant mon propos, je necause pas de tort à celui qui m'y contraint injustement, il reste qu'une tellefalsification, qu'on peut nommer également pour cette raison un mensonge ( même sice n'est pas au sens des juristes), constitue, au regard de l'élément le plus essentieldu devoir en général , un tort : car je fais en sorte, autant qu'il est en mon pouvoir, que les propos (les déclarations) en général ne trouvent aucun crédit et, par suite,que tous les droits fondés sur des contrats deviennent caducs et perdent toute leurforce ; ce qui est un tort causé à l'humanité en général .
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Kant in « D'un prétendu droit de mentir »..
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