Peut-on faire l'histoire de son époque ?

« On ne peut pas être historien de son temps Être historien, c'est tenter de comprendre le passé de la manière la plus objective possible.

Seul le temps permet de faire le tri entre des événements importants et ceux qui ne le sont pas, d'échapper aux passions, aux emportements d'une époque.

Le regard de l'historien sur son époque n'est jamais neutre de% omment faire Phis- ‘01 toire de la guerre d'Algérie au moment même où ce conflit en- flammait les esprits, di- visait les peuples belli- gérants? L'historien, s'il veut rester neutre, doit bénéficier d'un certain recul historique.

D'au- tant plus que l'on ne peut pas comprendre un processus histo- rique s'il n'est pas en- core achevé.

C'est pour- quoi Fénelon (1651-1715) écrit que le «bon histo- rien n'est d'aucun temps ni d'aucun pays».

L'historien doit pouvoir sélection- ner les documents S eul le recul histo- rique permet de dis- tinguer l'essentiel du dé- tail.

Aujourd'hui, la té- lévision semble jouer un rôle essentiel dans le monde occidental.

Mais «Le contemporain ne voit pas la nécessité de ce qui devient, mais, quand il y a des siècles entre le deve- nir et l'observateur, alors il voit la nécessité.» Kierkegaard qui peut dire mainte- nant si, dans deux siècles, l'historien ne verra dans le phénomène télévisuel qu'un fait mineur, ne permettant pas de rendre compte de l'état de la société à la fin du XXe siècle? D'autre part, des documents, inaccessibles aujourd'hui, pour des raisons politiques, stra- tégiques (secret d'Etat, défense nationale, etc.) le seront plus tard.

Enfin, il faut du temps pour vé- rifier les témoignages, l'authenticité de certains événements.

Autrement dit, pour faire l'his- toire d'une époque, il faut en être sorti.

On ne peut pas être l'historien de son temps.

- Seul un certain recul vis-à-vis d'une époque, des événements qui l'ont marquée, permet de comprendre le passé avec une certaine objectivité.. »