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Peut-on exprimer sa puissance sans dominer les autres ?

Publié le 12/07/2005

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Cela montre que dans la vie sociale la puissance ne peut jamais être l'affirmation positive de soi comme la force active de  Nietzsche, le champ de la représentation détourne les puissances dans une guerre des regards où la domination est la seule fin poursuivie.

3)      Pourquoi les regards visent ils ce rapport de force ? Ce qu'ils visent, leur finalité, c'est ce qu'ils désirent, on peut donc dire que c'est le désir qui dirige cette guerre. L'anthropologue René Girard décrit le désir comme étant à la fois mimétique (nous désirons tous les mêmes choses) et concurrentiel (comme les choses que nous désirons sont rares nous nous défions pour les avoir). C'est ainsi que le désir cimente la société autour des mêmes valeurs (la poursuite des mêmes biens) et c'est ainsi que les puissances s'épuisent dans le jeu de la compétition.  

III :Dépasser les rapports de force.  

1)      Selon  Hobbes le contrat social naît du désir des hommes de sortir de l'état de peur permanente de la mort dans la guerre de tous contre tous. Le contrat social consiste à soumettre et à donner sa force au souverain pour qu'en échange la force assemblée de tous protège chaque citoyen. Le citoyen se démet donc de sa liberté pour obéir à la loi, et en même temps, il acquiert une nouvelle liberté puisqu'il ne se soucie plus du danger que représentent les autres, il peut vaquer à ses occupations et exprimer ses puissances (ses talents).

2)      L'Etat ne règle pas le problème de la compétition : est ce que chaque activité est régie par la loi de mimétisme et de concurrence du désir ?

Aristote définit tout être sous le couple acte/puissance. Ce qui est en acte est ce qui est présent effectivement et ce qui est en puissance est l’ensemble des actes possibles qu’un être peut effectuer. Par exemple le médecin qui dort est un dormeur en acte, mais c’est un médecin en puissance. La puissance est généralement ce qui rend un acte possible, mais plus particulièrement, la puissance de chacun est l’ensemble de ses talents propres qui le différencient des autres. Exprimer sa puissance signifie donc agire et la puissance permet d’agire dans un certain sens, par exemple faire le bien. Mais dans la vie sociale, tout acte est interprété, détourné de son sens premier. Ce détournement est lié au fait de se représenter les uns les autres et comme entraînés par la pesanteur, nous nous représentons la puissance des autres comme une force que nous pouvons dominer ou qui peut nous dominer. Tout accomplissement se fait en exprimant une puissance, accomplir le bien doit donc passer par l’expression d’une puissance. Mais les activités humaines sont prises dans un jeu concurrentiel qui transforme toute expression de puissance en expression de force c’est à dire en tentative de domination.

« poursuivie. Sartre thématisera ce thème: « Imaginons que j'en sois venu, par jalousie, par intérêt, à coller mon oreille contre une porte, à regarder par le troud'une serrure.

Je suis seul […] Cela signifie d'abord qu'il n'y a pas demoi pour habiter ma conscience.

Rien donc, à quoi je puisse rapportermes actes pour les qualifier.

Ils ne sont nullement connus, mais je lessuis et, de ce seul fait, ils portent en eux-mêmes leur totalejustification.

Je suis pure conscience des choses […].

Cela signifieque, derrière cette porte, un spectacle se propose comme « à voir »,une conversation comme « à entendre ».

La porte, la serrure sont à lafois des instruments et des obstacles : ils se présentent comme « àmanier avec précaution » ; la serrure se donne comme « à regarder deprès et un peu de côté », etc.

Dès lors « je fais ce que j'ai à faire » ;aucune vue transcendante ne vient conférer à mes actions uncaractère de donné sur quoi puisse s'exercer un jugement : maconscience colle à mes actes, elle est mes actes ; ils sont seulementcommandés par les fins à atteindre et par les instruments à employer.Mon attitude, par exemple, n'a aucun « dehors », elle est pure mise enrapport de l'instrument (trou de la serrure) avec la fin à atteindre(spectacle à voir), pure manière de me perdre dans le monde, de mefaire boire par les choses comme l'encre par un buvard […].Or voici que j'ai entendu des pas dans le corridor : on me regarde.

Qu'est-ce que cela veut dire ? C'est queje suis soudain atteint dans mon être et que des modifications essentielles apparaissent dans mes structures[…].D'abord, voici que j'existe en tant que moi pour ma conscience irréfléchie.

C'est même cette irruption du moiqu'on a le plus souvent décrite : je me vois parce qu'on me voit, a-t-on pu écrire […] ; pour l'autre je suispenché sur le trou de la serrure, comme cet arbre est incliné par le vent.

[…] S'il y a un Autre, quel qu'il soit,où qu'il soit, quels que soient ses rapports avec moi, sans même qu'il agisse autrement sur moi que par le pursurgissement de son être, j'ai un dehors, j'ai une nature ; ma chute originelle c'est l'existence de l'autre.

» Sartre, « L'Etre et le Néant », Gallimard, pp.

305-306. Le texte de Sartre décrit clairement deux états de la conscience.

Dans le premier, une conscience solitaireest occupée, par jalousie, à regarder par le trou d'une serrure ce qui se passe derrière la porte.

Cetteconscience est alors entièrement livrée à la contemplation du spectacle jusqu'à s'y fondre; elle est toutentière ce spectacle qu'elle regarde, elle est la série des actes motivés par la jalousie (se pencher, ne pasfaire de bruit, regarder).

Cette conscience ne se connaît même pas comme jalouse (ce qui supposerait unrecul réflexif): elle est rapport au monde sur la mode de la jalousie.

La conscience n'a pas de consistancepropre qui lui permette de s'appréhender comme moi; elle se confond immédiatement avec toutes ces chosessur lesquelles elle s'ouvre.Brusquement surgit un autre (j'entends des pas, on me regarde): je suis surpris, il va penser que moi, je suisjaloux.

C'est alors (dans le cadre d'une expérience de la honte d'avoir été surpris) que ma jalousie prendconsistance (et par là-même aussi mon être comme jaloux); elle n'est plus seulement une manière diffused'agir dans ce monde: elle est cette qualification de ma personne, ce jugement sur moi porté par un tiers.

Jesuis quelqu'un, je ne suis plus une pure ouverture sur le monde: on me détermine comme un homme jaloux(on me donne une "nature”, je deviens “quelque chose” sous le regard de l'autre (autrui me chosifie).Mais au moment où je deviens quelqu'un, je suis dépossédé de moi-même: c'est à l'autre de décider si je suisun curieux, un jaloux ou encore un vicieux.

3) Pourquoi les regards visent ils ce rapport de force ? Ce qu'ils visent, leur finalité, c'est ce qu'ils désirent, on peut donc dire que c'est le désir qui dirige cette guerre.

L'anthropologue René Girard décrit le désir commeétant à la fois mimétique (nous désirons tous les mêmes choses) et concurrentiel (comme les choses quenous désirons sont rares nous nous défions pour les avoir).

C'est ainsi que le désir cimente la société autourdes mêmes valeurs (la poursuite des mêmes biens) et c'est ainsi que les puissances s'épuisent dans le jeu dela compétition. III :Dépasser les rapports de force.. »

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