Peut-on expliquer une croyance religieuse sans la détruire?
Publié le 10/03/2005
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Analyse du sujet: Pour comprendre ce sujet, il faut commencer par expliciter ce que l'on entend par expliquer une croyance religieuse. - On peut entendre par là, dans un premier temps, lui donner une explication d'ordre rationnelle. - Mais, expliquer une croyance religieuse, c'est aussi pour le croyant pouvoir la partager, persuader ceux qui ne croient pas. Or, il est évident que si cela était impossible il y aurait autant de religions que d'individus. Toute religion a en effet une explication, une cosmologie. Le problème est de savoir s'il s'agit réellement d'une explication Tout dépend de ce que l'on entend par explication et qu'est ce qui fait qu'elle est convaincante ou non et vis-à-vis de quels critères. On assimile souvent la naissance de la science au XIX ème siècle comme nouvelle norme du vrai, à la fin de la religion. La lumière de la raison doit débarasser le monde de l'obscurantisme religieux. La relation du croyant à sa religion n'est pas une relation d'interrogation, une mise en doute mais au contraire une relation de foi, d'acceptation inconditionnelle à des croyances qui ne sont pas fondées en raison. Problématisation: Le sujet nous propose donc d'interroger le rapport de la raison et de la religion. La raison peut-elle fonder la religion? N'y a-t-il pas une incompatibilité de nature entre la façon d'interroger le monde, et le domaine sur lequel porte la religion? Si l'explication rationnelle peut remettre en question les fondements d'une religion, il n'est pas certain que la raison puisse pour autant l'anéantir.
«
a) Descartes dans les Méditations métaphysiques croit pouvoir affirmer, avoirdéduit l'existence de Dieu.
Pour cela, il part de l'existence de l'idée d'infinitudeque j'ai en moi et qui ne peut avoir été placée que par un être infini.Néanmoins, cette démonstration, si elle se veut une preuve, rationnelle desurcroît, ne répond pas aux critères reconnus de l'explication scientifique.
«J'ai en quelque façon premièrement en moi la notion de l'infini que du fini,c'est-à-dire de Dieu que de moi-même» Descartes, Méditationsmétaphysiques (1641), III.
• La conception cartésienne du sujet semble gommer deux aspects del'existence humaine:- la finitude (la fatigue, la paresse, le désir, l'hésitation, le remords), ce quifait que nous ressentons, sous des formes diverses, un profond décalageavec nous-mêmes (lorsqu'on aime deux personnes à la fois par exemple);- l'ouverture au monde: en posant le sujet comme un absolu, dans le cogito,je ne parviens plus à penser son rapport avec ce qui est extérieur à lui.• En réalité, Descartes a longuement traité du problème des passions (dans letraité Les Passions de l'âme) et du problème du solipsisme (la clôture du sujetsur soi-même).
Le sujet ne se définit jamais de manière complètementautonome: la relation est première.
Et ce n'est pas un rapport de soumission,mais de constitution, une condition de possibilité pour que le sujet constitue son autonomie.
b) Cependant, si l'on entend par la raison autre chose que la raison scientifique, et plus précisément la raison moraleou la raison pratique pour reprendre un vocabulaire kantien.
On trouve dans les preuves de l'existence de Dieu deKant des arguments pratiques pour la croyance en Dieu.
L'idée principale est que la croyance en Dieu est nécessaireà l'homme moral.
Il s'agit donc d'expliquer la nécessité d'une croyance religieuse pour la vie en société.
Des preuves à propos de Dieu ?
Dieu existe-t-il ? N'est-il qu'une illusion destinée à se rassurer ? La discussionphilosophique est âpre au sujet de Dieu.
Les partisans de l'existence de Dieune manquent pas d'arguments.
La tradition en a retenu trois.
Les deuxpremiers sont extérieurs et concernent le monde.
Le troisième est intérieur etconcerne les idées*.
S'agissant du monde, il y a deux façons de prouver queDieu existe.
La première consiste à partir de l'imperfection du monde.
Laseconde consiste à partir au contraire de la perfection décelable dans lemonde.
S'agissant de l'imperfection du monde, celle-ci est bien un signe del'existence de Dieu.
Considérons un instant, en effet, l'argument courammentemployé par ceux qui ne croient pas en Dieu.
Dieu n'existe pas, disent-ils, carc'est la nature* qui est Dieu.
Il s'agit là d'une position « panthéiste », qui seheurte à une contradiction.
Si la nature, en effet, était Dieu, ne devrait-ellepas être parfaite ? À l'évidence, il y a en elle des imperfections.
C'est doncqu'elle n'est pas parfaite et divine et que Dieu se trouve ailleurs.
De même,considérons, cette fois-ci, la perfection de la nature.
À l'évidence, unaccident n'a pas pu créer un monde aussi organisé et aussi intelligent que lenôtre.
À l'évidence, le monde ne fait rien en vain et ne va pas nulle part.N'est-ce pas là le signe manifeste qu'il existe une cause intelligenteorganisant tout ce qui existe dans le monde ? Enfin, considérons nos pensées.Nous avons en nous l'idée de perfection.
La perfection ne possède-t-elle paspar définition toutes les qualités ? Ne possède-t-elle pas, par là même, celled'exister ?
Les réticences de Kant
Kant n'a pas été convaincu par ces preuves de l'existence de Dieu.
Certes, dira-t-il dans les antinomies de la «Raison pure », chapitre de la Critique de la raison pure , il n'est pas rationnel de considérer que la nature est Dieu.Mais dire que Dieu existe est-il pour autant possible ? Ne dit-on pas que Dieu existe pour se représenter la nature etson commencement, et non parce que l'on a effectivement rencontré un Dieu existant et vivant ? De même, il n'estpas faux de considérer que la nature n'a pas pu surgir par hasard, tant il y a de perfection en elle.
Devons-nouspour autant conclure que l'idée de Dieu, qui nous permet de penser la nature, n'est autre que Dieu lui-même ?Voyons-nous Dieu parce que nous voyons la perfection qui réside dans la nature ? Enfin, il n'est pas faux de direque, si Dieu existe, celui-ci doit avoir toutes les qualités, dont l'existence.
Mais, quand j'ai l'idée d'une existence,est-ce là l'existence elle-même ? Et, quand j'ai affaire à l'existence, est-ce à une idée que j'ai affaire ?
Un idéal régulateur.
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