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Peut-on être libre tant qu'on a des passions ?

Publié le 17/01/2022

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Les passions, puisqu'elle peuvent se conjuguer avec la réflexion la plus calme, qu'elles ne peuvent donc pas être irréfléchies comme les émotions et que, par conséquent, elles ne sont pas impétueuses et passagères, mais qu'elles s'enracinent et peuvent subsister en même temps que le raisonnement, portent, on le comprend aisément, le plus grand préjudice à la liberté ; si l 'émotion est une ivresse, la passion est une maladie, qui exècre toute médication, et qui par là est bien pire que tous les mouvements passagers de l'âme ; ceux-ci font naître du moins le propos de s'améliorer, alors que la passion est un ensorcellement qui exclut toute amélioration.On appelle aussi la passion manie (manie des honneurs, de la vengeance, du pouvoir), sauf celle de l'amour, quand elle ne réside pas dans le fait d'être épris. En voici la raison : quand l'ultime désir a obtenu satisfaction (par le plaisir), le désir, celui du moins qui s'adresse à la personne en question, cesse aussitôt ; on peut donc appeler passion le fait d'être passionnément épris (aussi longtemps que l'autre continue à se dérober), mais non pas l'amour physique : celui-ci, du point de vue de l'objet, ne comporte pas de principe constant. La passion présuppose toujours chez le sujet la maxime d'agir selon un but prédéterminé par l'inclination. Elle est donc toujours associée à la raison ; et on ne peut pas plus prêter des passions aux simples animaux qu'aux purs êtres de raison. La manie des honneurs, de la vengeance, etc., du moment qu'on ne peut les satisfaire complètement doivent être mises au nombre des passions comme autant de maladies qui ne connaissent point de remèdes. »KANT, « Anthropologie du point de vue pragmatique ».Kant distingue la « passion » du « penchant », de l' « instinct », de la « tendance » et de l' « émotion ». Il la définit donc comme une tendance exclusive, réfléchie, et dotée d'une certaine permanence.

« 3) L'homme qui agit conduit par sa raison agit en accord avec lui-même, il approuve intérieurement sa conduite;l'homme qui cède à la passion se sent vaincu par une force supérieure à sa capacité de résistance.

Platon appelle le"thumos" cette faculté de résister à l'entraînement des passions. SUPPLEMENT 1: LE STOÏCISME OU L'AMOUR DU DESTIN. Nous pouvons reprendre l'analyse en partant, à l'instar des stoïciens, de trois affirmations de base peu contestables: le bonheur serait d'avoir tout ce que je désire ; la liberté, de faire tout ce que je veux ; l'homme, esclave de sesdésirs, n'a ni bonheur, ni liberté. La folie des désirs. Mais pourquoi en va-t-il ainsi ? C'est qu'avoir tout ce que je désire et faire tout ce que je veux ne sont pas en monpouvoir.

Obtenir tout cela ne dépend pas de moi, mais de circonstances extérieures, de la coopération d'autrui, dela chance, bref de l'ensemble de la nature.

Par exemple, être aimé ne se commande pas.

Cela dépend dessentiments d'autrui.

Je peux me mettre en frais pour séduire, mais je ne suis jamais assuré du résultat, ni de lanaissance, ni de la durée d'un amour.

Gagner un combat ne dépend pas davantage de ma seule décision : je peuxm'entraîner le plus possible, mais la victoire dépendra de la force relative de l'adversaire.

Faire fortune ne découlepas de mon simple désir.

Je peux acheter un billet de loterie, mais je n'ai pas le pouvoir de faire en sorte qu'il soitgagnant.

C'est le hasard qui en décidera.

Je peux ouvrir un commerce, créer une entreprise, mais je me livre alors àtous les aléas de l ‘économie.

En poursuivant tout cela, l'amour, la gloire, la richesse, le pouvoir, je désire deschoses que ma volonté et mon pouvoir ne suffisent pas à m'octroyer, mais qui dépendent de l'ordre général del'univers.

C'est donc, semble-t-il, pure folie que d'y faire tenir mon bonheur.

Sauf à être particulièrement favorisé parle sort, j'ai de forces chances de ne pas tout obtenir, d'être dès lors frustré et malheureux.

La sagesse serait doncde limiter mes désirs à ce qui dépend de moi, à ce que je suis certain de pouvoir posséder et conserver.

C'estprécisément ce que disent les penseurs stoïciens.

Mais qu'est-ce qui dépend de moi ? Qu'est-ce qui est en monpouvoir ? Ce qui dépend de moi. Mon pouvoir d'accomplir des actes est très limité, par les lois de la nature oules lois juridiques.

Quant à mon pouvoir de faire réussir mes actions, il estquasiment nul, puisque cela dépend du concours du reste du monde, ouencore de la chance.

En y réfléchissant bien, je ne suis pas absolumentcertain d'être encore vivant demain ou tout à l'heure.

Tant de chosespeuvent arriver...En revanche, il est une chose qui ne dépend que de moi, sur laquelle j'ai unpouvoir absolu : c'est ma volonté.

Moi seul décide de ce que je veux.

Parexemple, si je ne veux pas aller à un endroit, on peut m'y contraindre par laforce, mais on n'aura pas pu changer ma volonté.

Je découvre, par cetteréflexion, que je possède, comme chaque homme, une volonté absolumentlibre, ou encore un libre-arbitre, comme disent les philosophes.

Je disposedonc d'un domaine de pouvoir et de liberté, qui est tout intérieur à moi-même. Le secret du bonheur. A partir de ce constat, je peux raisonner de la façon suivante :_ certes, je n'ai pas le pouvoir de faire tout ce que je veux ;- mais je peux choisir librement ce que je veux ;- donc, je peux ne vouloir faire que ce que je peux faire, ou ce que je suis en train de faire (je peux limiter ma volonté à mon pouvoir) ;- dès lors, je fais exactement ce que je veux ;- donc, selon la définition, je suis libre, pleinement. La liberté intérieure de ma volonté assure, si j'en use bien, la liberté extérieure de tout mon être.Je peux raisonner de même au sujet de ce que je possède :- je n'ai, apparemment, pas tout ce que je peux, et j'en suis malheureux ;- mais je peux ne vouloir que ce que j'ai ;- dès lors, j'ai tout ce que je veux ;- donc je suis heureux. Voilà donc le secret du bonheur et de la liberté.

Il réside en peu de chose : savoir bien user de ma volonté, nevouloir que ce que j'ai et que ce qui m'arrive.

Autrement dit, ne pas désirer ce qui excède mon pouvoir.

Dire que cesecret est si simple et que tant d'hommes passent à côté ! L'exaltation de la volonté et l'erreur des Orientaux. Nous constatons aussi que ce n'est pas une extinction de la volonté individuelle qui mène au bonheur, comme le. »

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