Peut-on être libre sans le secours de la raison ?
Publié le 17/01/2022
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Analyse du sujet • Le sujet met en œuvre deux notions : la liberté et la conscience.
Il pose la question de leur relation : laliberté est-elle possible sans conscience ? Le peut-on renvoie à une possibilité logique. • Liberté : ce qui n'est pas contraint par autre chose.
On doit distinguer le libre vouloir et le libre pouvoir.
Lelibre vouloir correspond à la liberté de choisir ce que je veux.
Le libre pouvoir est la liberté de faire ce que jeveux.
On peut penser une liberté sans penser l'autre. • La conscience : état d'un sujet qui se pose lui-même en se distinguant d'autre chose.
Toute conscienceest conscience de quelque chose : la conscience en se posant, pose un objet dont elle a conscience, etdonc dont elle se distingue.
Elle est un savoir qui se sait, une perception qui s'aperçoit. • Le secours de : le sujet présuppose une distinction de la conscience et de la liberté.
La liberté neconsisterait pas dans la conscience et un conscience pourrait ne pas être libre.
Il nous demande alors si laconscience est une condition de possibilité de fait pour notre liberté.
Autrement dit, la liberté ne consisteraitpas dans le fait d'être conscient, mais nous ne pourrions être libre sans ce fait d'être conscient.
L'enjeu estdonc bien ici de penser le rapport liberté et conscience. Problème Etre libre, c'est se déterminer par soi à agir.
Or, comme il ressort de cette définition sommaire, la liberté faitréférence à un soi et au caractère réfléchi de son action ( se déterminer).
On doit donc admettre qu'une liberté qui n'admettrait pas une conscience serait impossible ou indéfinissable.
Néanmoins, il ne suffit pas d'être conscient pourêtre libre, encore faut-il avoir le pouvoir d'être le principe de son être conscient et de son action.
Autrement dit, jepeux n'être qu'un spectateur passif sans pouvoir modifier mes états de conscience successifs, si par exemple je suisguidé par des désirs et des impulsions que je connais sans les maîtriser.
Je suis alors conscient et non libre.
Laconscience ne permet donc pas de définir la liberté.
Mais alors, si ce n'est pas la conscience qui définit la liberté,celle-ci ne peut que renvoyer au pouvoir : et de ce point de vue, agir sans contrainte, c'est être libre.
Alors, laliberté peut elle se penser sans la conscience ? Agir par la nécessité de sa nature, est-ce agir librement ? Ou biencette liberté n'est elle possible que par une conscience ? I) La liberté ne consiste qu'à agir sans être contraint de l'extérieur – A première vue, il pourrait sembler absurde de poser un acte libre sans poser du même coup qu'uneconscience ou qu'un esprit en est à l'origine.
En réalité, cette manière de voir la liberté comme acte corporel quis'ensuivrait d'une libre décision de l'esprit présuppose une certaine conception du corps et de l'esprit que l'ondoit remettre en question.
En effet, comme le remarque Spinoza dans l' Ethique III, scolie de la proposition II, lorsqu'on dit que telle action du corps a son origine dans l'esprit, qui a du pouvoir sur le corps, on ne fait enréalité qu'avouer qu'on ignore ce que peut le corps.
Car en effet, le corps peut se mouvoir de lui-même (ex.
dessomnambules).
En outre on ne peut dire par quels moyens l'esprit meut le corps.
Ceci nous conduit alors àadmettre que le corps a ses propres appétits ou impulsions, de même que l'esprit a ses décisions.
Mais entre lesimpulsions du corps et les décisions de l'esprit, il n'y a pas une relation causale ou l'esprit serait cause libre dumouvement du corps, mais simplement un seul événement que nous regardons soit comme étant conscient (actede pensée) soit comme n'étant pas conscient (impulsion).
La liberté, tant pour le corps que pour l'esprit, neconsiste donc pas tant à être conscient de l'acte, car cette conscience ne change rien à la nature de cet acte,qu'à n'être pas empêché par un autre corps d'agir.
Ainsi Spinoza peut-il admettre qu'être libre, c'est agir selon la nécessité de sa nature.
Est libre l'acte qui découle de ma nature, de ceque je suis.
Avoir conscience de ce que je suis et ce que je fais me donnel'illusion que j'ai librement décidé ce que je fais, parce que j'ignore ce quime détermine et que je me vois agir. Le rationalisme cartésien nous montre déjà qu'une volonté infiniment libre, mais privée de raison, est une volonté perdue.
Plus nous connaissons, plusnotre liberté est grandie et fortifiée.
Si nous développons notreconnaissance au point de saisir dans toute sa clarté l'enchaînementrationnel des causes et des effets, nous saisirons d'autant mieux lanécessité qui fait que telle chose arrive et telle autre n'arrive pas, que telphénomène se produit, alors que tel autre ne viendra jamais à l'existence.Pour Spinoza, une chose est libre quand elle existe par la seule nécessitéde sa propre nature, et une chose est contrainte quand elle estdéterminée par une autre à exister et à agir.
Au sens absolu, seul Dieu estinfiniment libre, puisqu'il a une connaissance absolue de la réalité, et qu'illa fait être et exister suivant sa propre nécessité.
Pour Spinoza et à ladifférence de Descartes, la liberté n'est pas dans un libre décret, maisdans une libre nécessité, celle qui nous fait agir en fonction de notrepropre nature.
L'homme n'est pas un empire de liberté dans un empire de nécessité.
Il fait partie du monde, il dispose d'un corps, d'appétits et de passions par lesquelles la puissance dela Nature s'exerce et s'exprime en nous, tant pour sa propre conservation que pour la nôtre.
Bien souvent nouscroyons être libres, alors que nous ne faisons qu'être mus, par l'existence de causes extérieures :la faim, la pulsion sexuelle, des goûts ou des passions qui proviennent de notre éducation, de notre passé, de.
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