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Peut-on espérer atteindre le bonheur ?

Publié le 15/07/2009

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·         Angles d’analyse

 

→ La difficulté et l’enjeu de la question résident précisément dans la définition du bonheur et de sa nature : car en effet, c’est cette définition qui devient la condition de possibilité pour qu’on puisse légitimement que l’on peut espérer atteindre le bonheur.

→ La conception, et même la définition du bonheur en tant que nous sommes susceptibles d’en faire l’épreuve, est ici mise à la question. C’est donc à la fois la définition du bonheur mais aussi si réalisation effective qui sont enjeu à travers la question de l’espérance.

→ Remarquons par ailleurs que le sujet est posé sous la forme de la question « peut-on « : il s’agit ici, et d’emblée, de faire la distinction entre la possibilité de fait d’espérer le bonheur (car qui ne vit pas, en pratique, dans le but d’être heureux ?) et la possibilité de droit : en ce sens l’on pourrait dire doit-on / est-ce légitime d’espérer atteindre le bonheur ?

→ Un tel sujet nous amène donc à nous pencher sur la nature du bonheur et sur sa distinction d’avec le simple plaisir ou la simple joie : qu’est-ce qui fait finalement qu’il pourrait être illégitime d’espérer un jour atteindre, dans ce monde, un bonheur total et absolu sinon que celui-ci est insaisissable et donc inaccessible de fait comme de droit ?

Problématique

 

            Est-il vain d’espérer accomplir pleinement et absolument son propre bonheur ? Ou pour le dire autrement l’essence même du bonheur est-elle incompatible avec une quelconque espérance quant à sa réalisation effective ? Car si même on en venait à définir le bonheur comme inaccessible, serait-il pour autant, en droit, illégitime d’espérer qu’il ne se réalise en cette vie ?

 

« renoncement au plaisir imposé sous prétexte de morale. · Mais l'hédonisme est aussi une attitude peu soucieuse de morale et qui accompagne souvent, avec frivolité ou cynisme, l'individualisme contemporain.

Un appauvrissement desaspirations au bonheur apparaît ainsi dans la réduction de l'horizon de l'existence à desobjectifs de consommation, et de tranquillité indifférente à tout ce qui n'est pas la « vieprivée » ou l'intérêt immédiat.

On serait tenté de penser que la liberté est une condition dubonheur, même si c'est une condition nécessaire mais non suffisante.

Seulement, nousl'avons vu, il est des bonheurs qui s'accommodent de la passivité voire de la dépendance. II- L'impossibilité effective d'atteindre le bonheur : une espérance vaine et illégitime ? · En réalité, ce qu'il faut dès à présent entreprendre c'est la découverte de l'essence même du bonheur.

Car si le bonheur n'est pas le simple plaisir, ou la simple joie – s'il n'estmême pas la somme de tous les instants heureux de notre vie – alors espérer le bonheur,état tellement parfait et accompli, serait alors synonyme de « courir après une chimère ».En ce sens, en droit, il serait non seulement vain mais encore illégitime d'espérer unbonheur dans les faits irréalisables.

Car espérer être heureux ce ne serait rien d'autre quepasser à sa vie à chercher quelque chose qu'on sait ne jamais pouvoir atteindre.

Il fautcomprendre en effet à quel point le fait d'espérer le bonheur doit emporter avec lui lanaissance d'une véritable éthique.

Espérer le bonheur, c'est orienter et ordonner saconduite vers la réalisation de ce bonheur.

Mais quel est-il précisément ? · La valeur du plaisir = Le plaisir est une expérience agréable, liée aux sensations, donc à un éprouvé corporel.

Le plaisir est le premier bien spontanément recherché.

Mais l'agréablese distingue cependant du bien.

Le plaisir que le tyran prend à exercer arbitrairement sonpouvoir provoque le malheur d'autrui et son propre mal moral.

Ce qui nous fait envie n'estpas toujours bien.

La volonté d'être bon sportif suppose un entraînement intensif,astreignant et douloureux, et peut s'opposer à l'envie de paresser ou de garder du tempslibre.

De plus, l'agréable peut correspondre au simple soulagement d'une douleur, et donccoexister avec un mal.

Platon montre que l'homme de plaisir est insatiable et jamaissatisfait, il ressemble à un tonneau percé : le plaisir s'oppose donc parfois non seulementau bien (moral), mais aussi au bonheur lui-même.

Le caractère éphémère du plaisir et sonindifférence au bien manifeste qu'il est du ressort du sensible, et non du rationnel ;comment pourrait-il fonder une éthique, orienter notre comportement ? Et pourtant chacuncherche son bien (et poursuit donc la représentation qu'il se fait du bonheur) à partir d'unelogique qui reste celle du principe de plaisir. · Joie, bonheur et béatitude = sans doute faut-il distinguer ici entre plaisir et joie : le plaisir concerne les éprouvés corporels et psychiques qui sont vécus comme agréables ; lajoie est une qualité de l'âme que Spinoza décrit comme une augmentation de sa puissanced'être.

Le plaisir nous affect, mais la joie est d'abord interne, et concerne notre être même.Le plaisir peut me venir d'un autre, mais il reste partiel, lié à ce que je ressens ; la joieconcerne l'ensemble de ma relation avec cette autre personne, c'est sa personne et sonattitude qui me réjouissent.

Le bonheur est de ce point de vue du côté de la joie, car ilrelève de la totalité ; et il suppose en outre la durée (tandis que la joie est momentanée etcoexister avec une souffrance ou une douleur) Le bonheur suppose une harmonie totale etdurable entre soi et soi-même, entre soi et le monde.

Comment ne pas le désirer ? Maiscomment ne pas juger d'emblée qu'une telle attente est utopique ?La béatitude serait pourtant la réalisation d'un tel bonheur total, définitif, sans failles, maisle terme implique l'idée d'un bonheur d'essence spirituelle.

Dans l'Ethique, Spinoza qualifiela béatitude en la liant à la « connaissance du troisième genre », capacité de reconnaîtreet d'éprouver de façon adéquate l'essence et la nécessité de toutes choses et d'y trouversa joie ; cela revient à aimer Dieu de l'amour dont il s'aime lui-même) · L'opposition kantienne entre morale et bonheur = Mais cette conciliation entre éthique (orientation du comportement) et recherche du bonheur est impossible dans la conceptionkantienne de l'autonomie de la morale.

En effet, le devoir y découle de la loi morale,manifestée par la raison, et caractérisée par son exigence d'universalité.

Il s'ensuit queseule volonté bonne est absolument bonne, et ceci indépendamment de tout critère deréussite ou d'échec, du moment que tout a été mis en œuvre pour agir bien.

L'intentionmorale doit viser le bien et lui seul.

L'acte n'est moral que s'il est accompli seulement parrespect du devoir, si toute autre visée que le souci de bien agir est étrangère à sa« maxime ».

La morale nous rend dignes d'être heureux, mais elle ne nous assure pas lebonheur. III- On DOIT espérer le bonheur : le bonheur comme un idéal régulateur et l'espérance comme la conditionde réalisation de tout progrès · « Un tout absolu, un maximum de bien-être dans mon état présent et dans toute ma condition future, est nécessaire » à l'idée de bonheur rappelle Kant .

Or l'être humain, qui est fini, ne peut se faire un concept déterminé de ce qu'il veut véritablement : il lui faudrait pour. »

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