Peut-on distinguer l'illusion de l'erreur ?
Publié le 09/04/2009
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De tous temps, les réflexions philosophiques se sont portées sur divers sujets. Le problème qui est posé ici est de savoir si nous pouvons distinguer l'illusion de l'erreur. Par définition, l'erreur est une affirmation fausse, contraire aux règles de la logique et plus généralement contraire à la vérité. La définition de l'illusion semble plus complexe. En effet, celle-ci peut qualifier toute erreur commise à cause de l'apparence trompeuses que peuvent avoir les choses. L'illusion désigne toute opinion ou croyance fausse qui, par un caractère séduisant qui attire notre désir, abuse de notre esprit. Afin de répondre au problème, nous devrons nous interroger sur la possibilité et la nécessité de distinguer l'illusion de l'erreur. Nous analyserons tout d'abord une première thèse, celle selon laquelle la distinction entre l'illusion et l'erreur ne doit pas avoir lieu d'être puisque celle-ci n'est ni nécessaire, ni possible, ni favorable à notre équilibre psychologique. Nous verrons ensuite que des thèses, au contraire, montrent qu'il faut distinguer les deux termes car ignorer cette distinction nous conduirait à nous perdre dans le mensonge et l'aliénation. Après avoir analysé chacune de ces thèses, nous concluront en trouvant une réponse plausible au problème.
«
l'un ou l'autre.
Si l'erreur est humaine, alors la volonté de l'Homme est infinie et il faut bien comprendre quel'entendement chez l'Homme n'est pas limité.
L'erreur vient de la volonté à partir du moment où elle tient pour vraiou faux une thèse ou une idée, alors m^me que l'entendement ne suit pas, n'est pas prêt.
Il serait donc dans le bonsens de lutter contre les idées et les illusions, chose que nous ne pouvons faire qu'avec l'aide de ces idéesjustement.
Il ne faut pas oublier de maintenir ses idées dans un rôle médiateur et non de les identifier au réel.
Nousne devons reconnaître comme dignes de foi que les idées qui elles-mêmes comportent l'idée que le réel résiste àl'idée.
Ainsi nous pourrions lutter contre l'illusion.
En se référant à Platon, on pourrait voir qu'il existe deux mondes: celui du vrai et celui des apparences.
Qu'est-ceque le terme d'apparence? Il a une signification plus objective que celui de l'illusion.
En effet, il situe la questiond'emblée ontologique, au niveau de l'être et pas seulement au niveau du sujet.
Selon Platon, ce monde visible etmatériel n'est qu'une apparence, une région défavorisée de l'être et où tout est imparfaits et injuste parce queprécaire.
Le monde sensible ou matériel ne correspondrait qu'à l'imitation d'un autre monde: celui des idées ouessences, vrais modèles de choses existantes ici-bas et la seule réalité recevable.
Les idées se donnent parintuition intellectuelle leur être éternel et constituent ainsi la définition théorique des choses.
Dans L'allégorie de laCaverne, Platon image cette théorie.
Dans cet écrit, le monde où vivent les hommes est comparé à une caverne, ettout ce que voient les hommes n'est qu'ombres défilant le long d'une paroi; autrement dit, simples reflets des chosesréelles extérieures à la cavernes mais projetées grâce à la lumière d'un feu,extérieur lui aussi, sur cette paroi.
Laréalité que prêtent les prisonniers de la caverne à ces ombres n'a bien sûr pas lieu d'être.
La sortie de cette prisonest alors identifiée à ce qu'on appelle la connaissance philosophique, ou la vue des choses véritables qui sont desidées.
La vérité ne détient pas la consistance suffisante au plan existentiel.
Selon Pascal, la raison ne peut mettre le prixaux choses.
On peut alors se demander ce qui détermine le prix des choses.
Pascal nous dit que, si la raison ne peutrien contre l'imagination, si la philosophie est inutile face à la folie, seule la foi et la religion peuvent lutter.
Or, onvoit bien que c'était l'imagination qui donnait le prix aux choses ainsi que le désir, et que c'est ce mélange de désiret de fabulation qu'on retrouve dans la religion.
Freud souligne bien cette illusion dans son écrit L'Avenir d'uneillusion.
Ainsi, si la religion est une illusion à laquelle on peut supposer un avenir, alors l'illusion est structurée commeun avenir puisqu'elle est sous-tendue par le désir.
C'est pourquoi,le propre de l'illusion et de la religion, qui continuede nous illusionner et de nous rassurer sur le rôle d'un père, est de durer, contrairement à l'erreur qui une foispointée et corrigée disparaît aussitôt.
Une illusion n'est pas la même chose qu'une erreur et n'est pas non plusnécessairement une erreur.
L'opinion d'Aristote comme quoi la vermine serait engendrée par l'ordure est une erreuralors que Christophe Colomb a eu l'illusion de trouver une nouvelle route vers les Indes.
Selon Freud, « la part dedésir que comportait cette erreur est manifeste ».
«L'illusion n'est pas nécessairement fausse ou irréalisable et encontradiction avec la vérité.
L'humain ne tient pas compte des rapports de cette croyance à la réalité, tout commel'illusion renonce à être confirmée par le réel ».
Freud nous donne comme exemple l'assertion selon laquelle il y auraitdes races susceptibles de culture et d'autres pas.
En ce sens, le racisme repose sur une illusion culturelle et pas surune erreur: cette illusion consiste à croire à la supériorité de sa propre culture sur les autres, illusion qui provient dudésir de faire valoir son identité culturelle.
L'illusion a donc son siège dans les désirs humains.
D'après cette analyse, on peut affirmer que distinguer l'illusion de l'erreur est nécessaire, lorsqu'on le peut car il y ades fois où cela nous est impossible.Certes il y a des difficultés, mais la distinction entre les deux termes peut sefaire.Une multitude de nouvelles thèses peuvent se démontrer d'après notre analyse.
Nous n'en poserons qu'une seule.Nous nous sommes surtout posé la question de savoir la différence entre une illusion et une erreur.
Seulement, ilfaudrait s'interroger sur le bon vouloir des hommes de distinguer ces termes.
On sait désormais qu'il est possible dele faire mais on peut se demander si l'on doit le faire.
En effet, il semble qu'il y aient de « bonnes » illusions qui nousaident et sont favorables à notre propre équilibre, telles que celle du divertissement chez Pascal, bien qu'elle neprovoque qu'un bonheur basé sur l'illusion de contenter les Hommes en les empêchant de penser à leur conditionmisérable.
Est-il bon de corriger toute illusion? Ne serait-ce pas illusoire de croire justement qu'on peut le faire? Onpeut aussi s'interroger sur la vie dans un monde guidé par ses illusions.
Vaudrait-il mieux vivre dans un monde oùseul la raison règne? Dissiper une illusion ne serait-ce pas dissiper toute forme de fantaisie?
On peut dire que tout dépend de l'individu en question.
Un jeune enfant ayant perdu son père aura toujours l'illusionde croire qu'il reviendra un jour ou encore qu'il le reverra.
A l'age adulte, nous sommes conscient qu'une personnedécédée ne peut et ne pourra pas revivre.
L'espoir d'un enfant n'est-il pas primordial? Nous parlions de la religion,c'est une illusion dans laquelle pourra se réfugier l'enfant pour ré obtenir l'image du père qu'elle a perdu, l'image d'unpère tout puissant et éternel.
Il créera la réalité qui lui conviendra le mieux.
Est-ce bon de se cacher derrièrel'illusion? L'illusion aide certaines personnes et, comme le disait Kant, les aide à remplir une existence vide et à nepas lâcher prise dans une vie trop monotone.
Elle peut également se montrer frustrante et la perdre au plus vitesemble être le mieux.
Il ne faut pas cependant éradiquer toute illusion.
Il s'agit de ne pas dépasser ses limites afinde ne pas se perdre dans l'aliénation.
En conclusion, on peut dire que nous savons qu'il est possible de distinguer l'illusion de l'erreur, bien que la religionn'apprécie pas vraiment un apprentissage cartésien de l'Histoire.
On peut prendre pour exemple certains états desEtats-Unis où les enfants ne sont pas scolarisés avant seize ans afin de fortifier leurs croyances plutôt que leurraisonnement logique et scientifique.
Quant à la nécessité de cette distinction, nous pouvons avoir une certainehésitation, mais d'après Descartes, Freud ou encore Platon, nous aurons plutôt tendance à dire qu'il est nécessaire.
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