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Peut-on dire qu'il y a plus de science dans l'art qu'il n'y a d'art dans la science ?

Publié le 24/02/2004

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Au sens large, la science est pour un sujet la possession d’un savoir complet, achevé et conscient de lui-même. Plus précisément, on nomme science une recherche qui définit un objet à connaître et procède par hypothèses afin d’atteindre une vérité objective en les confirmant ; elle est donc absolument impossible à achever.

Lorsque nous parlons d’art, nous désignons en vérité deux réalités distinctes. Jusqu’au dix-huitième siècle, le terme « art « désignait l’ensemble des techniques de production d’artefacts : tel était encore le cas dans le Discours sur les sciences et les arts (1750) de Jean-Jacques Rousseau. Ainsi, l’activité de l’artiste et celle de l’artisan étaient recouvertes par le même terme. Or, il semble que ces deux activités ne soient pas entièrement réductibles l’une à l’autre, qu’elles possèdent chacune une spécificité à élucider. Par conséquent, il nous faudra au cours de ce travail préciser d’une part ce qui distingue l’art de l’horloger de celui du poète, l’activité du coutelier de celle du plasticien ; et toujours préciser à laquelle de ces deux activités singulières nous pensons lorsque nous employons le signifiant « art «.

La question qui nous est posée nous invite à nous interroger sur la dimension artistique de la science ainsi que sur la dimension scientifique de l’art, c'est-à-dire, sur l’interpénétration des méthodes et des caractéristiques de ce que nous pouvons nommer avec beaucoup de généralité deux domaines de la pensée. Cependant, il ne s’agira pas uniquement pour nous de déterminer s’il existe bel et bien une prégnance de la science dans l’art, et de l’art dans la science, puisqu’il s’agit précisément du présupposé de la question qui nous est posée. Nous devons nous demander si cette interpénétration est proportionnellement plus grande dans l’un ou l’autre des deux domaines de pensée que nous avons à comparer. Ainsi, la question qui sera au centre de notre réflexion sera de déterminer si le présupposé de notre question est avéré (à savoir, s’il existe bien une interpénétration des méthodes et des objets de l’art et de la science) et s’il nous est possible de statuer sur le degré d’influence de l’art sur la science, ou de la science sur l’art.

 

  • I) Il y a plus de science dans l'art qu'il n'y a d'art dans la science.

a) Les enfants ne sont pas artistes. b) La musique est mathématique. c) La science ne crée pas, elle découverte.

  • II) Il y a plus d'art dans la science que de science dans l'art.

a) Comme l'art, la science révèle ce qui est au-delà des apparences. b) Le savant est en tout point un artiste. c) La vision de l'artiste demeure subjective.

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« recherche en science consiste à énoncer un postulat et à le vérifier au moyen d'un protocole expérimental quiparvient, ou échoue, c'est selon, à confirmer une thèse.

Par conséquent, nous dirons qu'il y a tout autant descience dans l'art que d'art dans la science, étant donné que ces deux activités, malgré leurs différences de fins(activité de production dans un cas, d'intellection du monde à des fins pratiques dans l'autre) entretiennent dessimilitudes considérables quant à leurs moyens. II.

En quel sens peut-on parler d'une interpénétration de la science et de l'art ? L'art se donne comme une quête de savoir au même titre que la science a. Dans La Poétique , Aristote écrit cette phrase célèbre « la poésie est une chose plus philosophique que l'histoire ».

En effet, alors que l'histoire est le récit du particulier, d'une réalisation effective et passée des potentialités dumonde, la poésie est du vrai en général.

Faire de l'histoire consiste àconnaître la réalité en acte, alors que faire de la poésie suppose uneconnaissance générale de la réalité au-delà de ses réalisations historiques.Par conséquent, l'art a une valeur éducative car il présuppose uneconnaissance chez l'artiste (celui-ci est capable de considérer la possibilité, lavirtualité des réalisations potentielles du réel ; l'historien, lui, ne racontejamais que le particulier) ; mais également parce qu'il délivre à l'amateur d'artune connaissance.

En lisant « La marmite » de Plaute, le lecteur ne lira pas le portrait d'un avare singulier, mais de l' Avare dans sa généralité.

Allant plus loin, le plaisir que l'on prend aux œuvres d'art pour Aristote dérive de leurcapacité à nous apprendre quelque chose : « (…) en effet, si l'on aime à voir des images, c'est qu'en les regardant on apprend à connaître et on conclutce qu'est chaque chose comme lorsqu'on dit : celui-là, c'est lui ».

Aristote, La Poétique.

De tout ceci nous pouvons conclure qu'il existe bien une dimension scientifique de l'art, beaucoup plus prégnante qu'elle pouvait le sembler de prime abord.

En effet, alorsque l'art se donne d'abord à nous comme une production d'artefacts satisfaisant chez nous un désir de beauté etd'harmonie contredisant notre expérience de la contingence du monde, cette activité de production nécessite unsavoir du général, et procure à autrui un savoir de la généralité, de sorte qu'elle apparait bien imprégnée par unedimension proprement scientifique. Le génie, faculté commune à la science et à l'art b. Dans le film « Will Hunting » avec Matt Damon et Robin Williams, une définition du génie mathématique est donnée :le génie, c'est celui qui dans une opération est capable de sauter spontanément une étape de la réflexion, commequelqu'un qui récitant l'alphabet passerait de A à C en faisant l'économie du passage par le B.

De cette définitionnous pouvons tirer qu'il existe une similitude entre le génie artistique et le génie scientifique, une faculté obscure,méconnue et exceptionnelle de certains esprits humains qui consiste à s'affranchir des modes de fonctionnementintellectuels propres au commun des mortels.

Par exemple, le peintre génial va créer une forme picturale qui même sielle provient pour une part de sa connaissance antérieure de la peinture (l'équivalent du point A dans la formule pourle mathématicien) parvient à une forme inouïe, inédite, sans commune mesure avec ce que l'on connaissaitauparavant (soit l'équivalent du point C).

De ceci nous pouvons conclure que le génie est ce point de jonction entreles facultés requises pour l'art aussi bien que par la science, qui atteste de leur réciproque interpénétration. III. Une dimension davantage scientifique de l'art qu'artistique de la science La science indispensable à la pratique de l'art a. Certes, nous venons de montrer qu'il y a de la science dans l'art, et de l'art dans la science.

Mais le degré de cetteinterpénétration est-il supérieur dans ce cas par rapport à l'autre ? Nous tiendrons ici qu'il y a plus de science dansl'art que d'art dans la science.

En effet, l'art nécessite de nombreuses connaissances, une véritable « science »pour être pratiqué : il n'est point d'avènement de la nouveauté dans le domaine de l'art qui soit venu d'un ignorantde son histoire ou de ses techniques, même le Douanier Rousseau ou les peintres dits « naïfs » étaient savantstechniquement dans leur domaine de prédilection.

De ceci il sort que l'art nécessite un grand coefficient de sciencede l'art lui-même, sans lequel il n'est point d'art qui puisse être pratiqué. b.. »

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