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Peut-on dire que le vrai est ce qui réussit ?

Publié le 17/01/2022

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Recherche des idées. Dans quel sens parle-t-on du "vrai" ? Sens formel ? Sens matériel ? Ici, le critère de la vérité est visé d'un point de vue pragmatique. Problématique. Le réalisme de cette interrogation est-il suffisant pour que nous fassions de la réussite le seul critère du vrai ? Parmi les critères du vrai, il en est un qui pose celui-ci comme étant "ce qui réussit". Peut-on souscrire à cette définition, qui a le mérite d'un certain réalisme ? Organisation du plan.
 
    Les connaissances vraies étant celles qui sont conformes à la réalité, il semble évident qu’elles permettent d’agir avec succès. Pourtant le diagnostic d’un cancer irrémissible signifie bien l’échec du malade. Peut-on dire que le vrai est ce qui réussit ? A-t-on le droit de faire de la réussite que permet une proposition le critère de sa vérité ? Pour éclairer ce problème, nous allons d’abord examiner l’argumentation de Nietzsche en faveur de l’idée que le vrai est ce qui réussit.
 
 
    Ce qui vaut comme vérité, explique Nietzsche, ce n’est pas tant la conformité du langage avec la réalité que les propositions qui ont pour nous des « suites agréables «, « celles qui conservent la vie «. Ainsi, selon lui ; le vrai est bien ce qui réussit. Chacun adopte alors ses vérités particulières en fonction de ses intérêts particuliers. Cependant il est intéressant de noter que Nietzsche, en persistant à parler de « menteur « et de « tromperie «, maintient implicitement l’existence d’une vérité absolue.
Peut-on concevoir qu’il n’y ait que des vérités particulières ?
 
C’est la thèse que défend explicitement le sophiste Protagoras lorsqu’il affirme que « chacun est la mesure de ce qui est et de ce qui n’est pas «. mais Socrate lui répond que s’il veut être cohérent, il doit accepter également qu’on refuse sa thèse. Ainsi l’idée qu’il n’y a que des vérités particulières est intenable. Cela invalide-t-il alors la thèse que le vrai est ce qui réussit ?
 
La science moderne semble pourtant montrer l’existence d’une vérité universelle qui réussit. On peut penser que c’est l’universalité de la réussite de ses expérimentations et de ses applications techniques qui impose comme vraies les propositions de la science. Les sciences seraient vraies parce qu’elles réussissent objectivement. Mais cela ne suppose-t-il pas que la raison d’être de la science soit dans ses réussites techniques ?
 
L’histoire des sciences dément qu’on puisse les réduire à leurs réussites techniques. Par exemple presque tous les théorèmes mathématiques ont d’abord été établis par curiosité d’esprit. Les applications pratiques sont plutôt rares et apparaissent parfois après plusieurs siècles. Il y a donc chez l’homme une culture de la connaissance pour elle-même, abstraction faite de toute application pratique. Cela signifie qu’il y a une valeur de la vérité qui est irréductible à toute valeur particulière. Dire qu’une proposition est vraie, c’est à dire tout autre chose que dire qu’elle est efficace, avantageuse, utile, etc. quel rapport établir entre cette valeur et les valeurs de réussite ?
 
Lorsqu’on vise la vérité on se place dans l’exigence de sortir de sa subjectivité pour habiter un monde commun, monde dont notre langage a l’ambition de rendre compte de manière universellement valable. Contrairement aux valeurs de réussite, relative aux intérêts particuliers, la vérité est une valeur absolue. C’est peut-être l’Allégorie de la Caverne de Platon qui rend le mieux compte de cette valeur irréductible de la vérité en la comparant à la révélation du monde de la lumière par opposition au monde de l’ombre.
 
 
    Nous avons montré que, même compte tenu de l’efficacité des sciences, la thèse « le vrai est ce qui réussit « impliquait une conception incohérente de la vérité et n’était pas acceptable. Il faut donc reconnaître un intérêt de l’homme pour la vérité irréductible à aucun autre et en lequel il fait abstraction de ses désirs particuliers, ce qu’on pourrait appeler « un intérêt désintéressé «. C’est en ce sens qu’il faut comprendre la formule de Saint-Exupéry : « La vérité pour l’homme, c’est ce qui fait de lui un homme «.
 

« RÉDACTION (plan détaillé) La question du vrai est vieille comme la philosophie.

Pour dévoiler la vérité, il faut pouvoir cerner son sens, savoir dequoi l'on parle en l'évoquant.

Parmi les critères du vrai, il en est un qui pose celui-ci comme étant « ce qui réussit ».Peut-on souscrire à cette définition, qui a le mérite d'un certain réalisme? Un critère utilitariste. • Au sens large du pragmatisme, l'unique critère de vérité est la réussite.

Ici, la pensée sert l'action : l'idée vraie estcelle qui se révèle être la plus payante.

Ainsi, pour W.

James, « ce qui est vrai, c'est ce qui est avantageux den'importe quelle manière ».

Le vrai n'est autre que l'utile, ceci valant aussi bien pour les découvertes scientifiquesque pour les croyances politiques, philosophiques ou religieuses : l'idée de Dieu n'est vraie, par exemple, que si j'entire profit.

La vérité, est, en ce sens, ce qui améliore l'homme. • Or, comme le dit Nietzsche, l'utile et l'agréable ne sont pas la preuve du vrai.

Ce qu'il nomme « la preuve parl'efficacité » ne garantit nullement la certitude et le bien-fondé intellectuels.

« La preuve par le plaisir est la preuvedu plaisir et rien de plus.

» • Plus strictement, si l'on prend le mot "vrai" comme "utile" au sens de "vérifiable", on détient un critère assezadapté au monde, car supposant que toute proposition, tout savoir, doit se vérifier dans les faits.

Ainsi Bachelarddisait que « Le monde n'est ni notre "représentation", ni notre "convention", il est notre "vérification".

» • Par contre dans certains domaines (politique, publicité), si vrai signifie "efficace", alors le mensonge serait vrai... Vérité au sens formel et vérité au sens matériel. • En logique, la vérité formelle, fondée sur des a priori choisis par la raison, n'a rien à voir avec une adéquation auréel.

Le vrai, ici, est la cohérence interne d'un système de jugements.

Ici, le vrai peut donc être considéré comme laréussite d'une cohérence (pensez au jeu d'échecs). • Quant à la vérité matérielle, propre aux sciences de la nature, elle conduit à éclaircir des phénomènes et non às'appliquer efficacement : ainsi la science ne saurait se réduire à sa technique. Vérités des philosophies. • Longtemps la philosophie s'est voulue réflexive et contemplative, proposant seulement des visions du monde, dessystèmes explicatifs du réel. • Avec Marx, la pensée philosophique ambitionne désormais de transformer le réel.

Marx a voulu mettre en action sapensée : toute philosophie véritable est inséparable d'une implication pratique dans la société qu'elle veuttransformer radicalement (pensez aux mouvements politiques révolutionnaires qui se sont réclamés de Marx). En 1845, Marx écrit les « Thèses sur Feuerbach ».

La onzième précise que « Les philosophes n'ont fait qu'interpréter diversement le monde, ce qui importe, c'est de le transformer ».

Contrairement à ce que prétend une interprétation courante, il ne s'agit pas pour Marx de répudier la philosophie et le travail de réflexion, mais de le redéfinir, et de lui donner une nouvelleplace, une nouvelle tâche.

Marx ne récuse pas la pensée, mais sa transformation en idéologie, son éloignement de la pratique. La onzième thèse clôt la série de note rédigées par Marx en 1845 qui constitueront le point de départ de la rédaction, avec la collaborationd'Engels , de l' « Idéologie allemande » (1846).

Ces thèses, qui ne sont pas initialement destinées à la publication, paraîtront après la mort de Marx à l'initiative de Engels , qui les présente comme un document d'une valeur inappréciable puisque s'y trouve « déposé le germe génial de la nouvelle conception du mode ». Etape décisive dans la maturation de la pensée de Marx , cet ensemble d'aphorismes, en dépit de son apparente limpidité, ne peut être comprisindépendamment de ce qui précède et de ce qui suit le moment de sarédaction.

Nul texte, en ce sens, ne se prête davantage au commentaire,alors même, paradoxalement, que cette onzième thèse semble dénier toutelégitimité à l'activité d'interpréter. Formé à l'école de la philosophie allemande, lecteur de Hegel avant de devenir émule de Feuerbach (qui est un « matérialiste » au sens des Lumières), Marx construit sa propre compréhension du monde en « réglant ses comptes avec sa conception philosophique antérieure ».. »

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