Peut-on dire que le Fanatisme est un redoutable amour de la Vérité ?
Publié le 09/06/2012
Extrait du document
Pour y répondre, nous nous appuierons sur les analyses d'Alain chez qui la réflexion sur le fanatisme est un thème central. La croyance plaît et c'est la croyance non le doute qui est un mol oreiller. « Par-dessus tout il est agréable de croire à quelqu'un ; et un homme à qui on croit est heureux aussi d'être cru, et de croire ceux qui le croient, et de se croire lui-même. « Car la croyance dispense de penser. Je veux bien faire l'essai de persuader, je veux bien la faire juge de ce que je dis, mais s'il résiste, je me sens offensé « bien aisément, je suppose en lui quelque obstination symbolique. Le fanatisme est la plus redoutable des passions, mais il faut aussi dire qu'il y a du fanatisme dans toutes les passions. « Ainsi « toute discussion est un commencement de guerre, et l'homme se jette lui-même en gage pour un démenti ....
«
valeurs absolues, il se doit par là même de soumettre l'humanité à sa propreidéologie.
Il se jette donc dans l'action.
Il faut aussi souligner comment lefanatique associe à sa foi ardente, à son intransigeante idéologie, à sonsystème de valeurs immuablement établi, un sens pratique, une opportunitévigilante pour saisir les conjonctures propices à la réalisation partielle outotale de ses fins, une obstination farouche pour surmonter les difficultés etles obstacles.
Cette volonté d'aboutir trahit l'impatience d'un être pour quil'urgence de l'action est essentielle et qui ne consent à des « pauses » à courtterme que pour en accroître l'efficacité à moyen ou long terme.
Si son idéologie est mise en question par autrui, il ne participe au dialogue ouà la discussion que parce qu'il y trouve l'occasion d'affirmer publiquement la «vérité ».
Il est installé dans la certitude et imperméable à l'argumentation desautres.
Il est celui qui possède la vérité et que la vérité possède ; comment unhomme ainsi possédé ne se précipiterait-il pas dans l'action ? Commentn'invoquerait-il pas ses valeurs contre les personnes pour les entraîner deforce ou sinon, pour les réduire, d'une manière ou d'une autre à l'impuissance ?Le fanatique court ainsi des risques, il vit dangereusement, mais il confère parlà même à cette existence à haute tension un sens et il n'affiche que méprispour les non-engagés qui s'engourdissent dans une vie tranquille et sédentaireindigne de l'homme.
Mieux vaut une vie où l'homme se sacrifie qu'une existencequi se poursuit petitement, dans le repliement égoïste de son quant-à-soi oudans le conformisme des routines sociales, car dans le sacrifice la personnes'accomplit dans le moment même où elle se renonce.
* * *
Que recouvre cette description ? Vu du dehors, nous l'avons noté, le fanatismeest inconscience.
Mais étudié dans son principe il se révèle plus complexe : ily a plusieurs formes du fanatisme.
D'abord le fanatisme le plus commun, du moinscelui qui se manifeste davantage, fanatisme par excès de puissance, pardébordement de certitude, exaltation orgueilleuse et opiniâtre d'un être qui sesent investi d'une mission et qui, tendu vers son accomplissement, la remplirade gré ou de force, en convertissant ou en supprimant.
Il y a aussi un fanatismepar faiblesse, par défaut, sur compensation du doute selon l'expression dupsychanalyste Jung, qui poursuit en autrui son propre doute et qui s'élancecontre les dissidents pour rétablir sa paix intime.
C'est sans doute pourquoi lefanatisme est en général un fanatisme de groupe ou de foule emprunté, accepté ousubi, car l'adhésion des autres confirme et rassure.
Mais on peut se demander sices deux sortes de fanatisme ne constituent pas des pôles entre lesquels oscilleplus ou moins tout fanatique.Pour y répondre, nous nous appuierons sur les analyses d'Alain chez qui laréflexion sur le fanatisme est un thème central.
La croyance plaît et c'est lacroyance non le doute qui est un mol oreiller.
« Par-dessus tout il est agréablede croire à quelqu'un ; et un homme à qui on croit est heureux aussi d'être cru,et de croire ceux qui le croient, et de se croire lui-même.
» Car la croyancedispense de penser.
Je veux bien faire l'essai de persuader, je veux bien lafaire juge de ce que je dis, mais s'il résiste, je me sens offensé « bienaisément, je suppose en lui quelque obstination symbolique.
Le fanatisme est laplus redoutable des passions, mais il faut aussi dire qu'il y a du fanatismedans toutes les passions.
» Ainsi « toute discussion est un commencement deguerre, et l'homme se jette lui-même en gage pour un démenti.
C'est qu'ilreconnaît en lui le pensant, le frère de lui-même, celui avec qui il doits'accorder ; ne le pouvant, il s'irrite.
H se sent législateur universel, etresponsable de cet office devant lui-même.
C'est pourquoi on s'est battu tant defois pour des opinions.
» Le fanatique ne peut donc pas supporter lacontradiction pour ce qui lui importe.
« La pire injure qu'on puisse lui faire,c'est de penser autrement que lui, c'est de vivre d'après d'autres maximes queles siennes ; c'est de mépriser ce qu'il honore.
Un mahométan de la grandeépoque, magnanime et hospitalier, aurait puni de mort aussitôt l'opinion qu'il ya plusieurs dieux.
On nomme fanatisme ce premier état de l'esprit.
» Lefanatique se figure qu'il veut persuader, mais il n'a pas la patience.
Un espritne tolère pas qu'un autre esprit ne pense pas comme lui, il est déçu et blesséque cette vérité qu'il apporte ne soit pas reçue comme un bienfait.
« Letravers, où il y a de l'estime et même de l'amour trompé, a fait les bûchersd'autrefois, et les grands bûchers d'aujourd'hui, qui sont les guerres.
»Dans cette manière de « penser convulsivement » Alain dénonce une sorted'impolitesse foncière.
« On sent la passion nouée et cette peur de soi qui esttimidité.
» Il y a dans le fanatisme une peur de ne pas bien soutenir ce que.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Le fanatisme est il un redoutable amour de la vérité ?
- Le fanatisme, ce redoutable amour de la vérité. Qu'en pensez-vous?
- Le fanatisme, ce redoutable amour de la vérité
- Le fanatisme, ce redoutable amour de la vérité. Amour ou peur de la vérité ?
- L'amour permet-il d'accéder à la vérité ?