Peut-on dire que la conscience règne mais ne gouverne pas ?
Publié le 25/02/2004
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L'existence propre de la conscience est cette capacité de se transcender, de se projeter vers autre chose, de porter un rapport au monde auquel, par-là même, elle est présente. Husserl tire deux autres conséquences de ce caractère majeur de la conscience. Si je perçois un cube, je déclare « Je vois un cube «. Or, en toute rigueur, je ne peux pas voir les six faces du cube à la fois. Cela signifie que ma conscience ne s'en tient jamais à ce qui lui est donné ici et maintenant. Je vois deux faces du cube, mais j'anticipe sur celles que je vais voir, ou je me remémore celles que j'ai vues. Autrement dit, une autre caractéristique de la conscience est d'établir des synthèses, de relier ce qui est perçu ici et maintenant avec ce qui l'a été ou ce qui le sera. Ce qui amène à dire que la conscience est temporelle, effectue ses synthèses dans le temps. Autrement dit, la citation signifie d'abord que la conscience est toujours le mouvement de se dépasser vers autre chose, de viser autre chose. Mais il faut aussi comprendre que si ce que je vise (les deux faces du cube) a une signification pour moi (je sais et comprends que j'ai affaire à un cube), c'est que ma conscience a la capacité de dépasser ce qui lui est simplement donné pour le lier à d'autres représentations passées ou futures.
[Peu importe qu’il s’agisse de Valéry qui ait énoncé cette idée (on ne demande pas à un élève de terminal de connaître un auteur qui n’est pas reconnu comme philosophe par les philosophes)]. Ce que l’on peut noter ici est que le rapport de la c a l’homme qui la détient (i.e. au psychisme, et peut-être au sujet) est pensé sur un mode politique : la c est à l’individu ce que la reine d’Angleterre est à son empire, elle a une fonction de représentation, mais en aucun cas, elle n’exerce le pouvoir exécutif. En elle semble résider tout le pouvoir – sa légitimité tout du moins [distinction essentielle sur laquelle peut s’articuler la réflexion : il est habile de l’évoquer presque incidemment dès l’intro]– mais elle n’a dans les faits aucun pouvoir : la décision appartient à une force sur laquelle elle n’a pas directement prise (dans l’analogie, le peuple qui élit ses représentants et qui lui délègue sa souveraineté). La réflexion va consister ici à tester la pertinence d’une telle analogie.
- I) On peut dire que la conscience règne mais ne gouverne pas.
a) La conscience règne sur la volonté. b) La conscience ne gouverne pas la volonté. c) La duplicité de la conscience.
- II) On ne peut pas dire que...
a) Connaître c'est maîtriser. b) La conscience unifie le monde. c) L'intentionnalité de la conscience (husserl).
.../...
«
Le symptôme est donc un compromis entre le désir inconscient et inavouable que je subis, et les normesconscientes et morales que j'accepte.
« Le moi n'est pas maître dans sa propre maison » signifie que je n'aipas conscience et que je ne maîtrise pas, ne contrôle pas une bonne part de ce qui se passe en moi-même,ce conflit, ce symptôme.L'hypothèse de l'inconscient est donc qu'une bonne partie de ce qui se passe en moi (dans mon âme, mapsyché) ne m'est pas connu, m'échappe, et cependant influe sur moi.
C'est ainsi qu'il faut comprendre notrepassage : la psychanalyse se propose de « montrer au moi qu'il n'est seulement pas maître dans sa propremaison, qu'il en est réduit à se contenter de renseignements vagues et fragmentaires sur ce qui se passe, endehors de sa conscience, dans sa vie psychique ».
La plupart des choses qui se passent dans l'âmeéchappent à la conscience.Pour Freud, o a surestimé le rôle de la conscience dans la vie de l'âme, et ainsi on s'est privé des moyens :• De comprendre bon nombre de phénomènes comme les lapsus et les rêves ;• De soigner un certain nombre de maladies, qui ne peuvent s'expliquer que par le conflit psychique qui agitele patient.Adopter l'hypothèse de l'inconscient permet de comprendre et de guérir, c'est un gain de sens et de pouvoir.Le but de la psychanalyse est alors de faire en sorte que l'individu, au lieu de subir les forces qu'il ignore et necontrôle pas , puisse recouvrer sa liberté.En effet, la psychanalyse découvre que « Je est un autre » pour reprendre Rimbaud.
Il y a en moi un autre ,un ensemble de forces, un inconscient qui me pousse à agir malgré moi.
Je subis un conflit dont je n'ai pasconscience, qui est souvent la trace d'un choc vécu durant l'enfance.
En ce sens je suis un être passif et agi,qui n'a ni le contrôle de lui-même, ni de son passé, un être scindé.
Le but de la cure est de faire en sorte queje prenne conscience de ce conflit, que je reprenne la maîtrise de mon histoire.
Au lieu de subir ce que je neconnais pas, je choisirai en toute conscience.
Au lieu de la « politique de l'autruche » de l'inconscient, il yaura le choix d'un sujet maître de lui-même.Enfin, notre passage est important en ce que Freud y explique les résistances à la psychanalyse.
« Dans lecours des siècles, la science a infligé à l'égoïsme naïf de l'humanité deux graves démentis ».
Avec Copernic,elle a montré à l'homme qu'in n'était pas au centre de l'univers.
Avec Darwin, elle est en train de montrer quel'homme est un animal comme les autres, qu'il y a en lui une origine animale.Ces deux sciences ont blessé l'orgueil humain, ont montré à l'homme que son sentiment de supériorité étaitnaïf et erroné.
C'est pourquoi les thèses de Copernic valut un procès à Galilée, devant l'Inquisition en 1633.C'est pourquoi les thèses de Darwin sont jugées à l'époque scandaleuse.
Les hommes refusent ce qui lesblesse et y opposent une farouche résistance.
Or, continue Freud : « Un troisième démenti sera infligé à lamégalomanie humaine par la recherche psychologique de nos jours qui se propose de montrer au moi qu'il n'estseulement pas maître dans sa propre maison.
»L'individu est pluriel : il n'est pas seulement une conscience maîtresse d'elle-même ; il subit un inconscient quile pousse à agir malgré lui.
Redécouvrir et explorer cette zone d'ombre en nous, cette force qui nous rendpassif, ce déchirement de l'homme reste le principal acquis de la psychanalyse.
La connaissance de soi assure la maîtrise de soi côté, en effet, de la maîtrise sur les choses, du pouvoir politique et social, ne peut-on parler d'une maîtrisede soi et d'un pouvoir sur soi? Et que désignent-ils exactement ?Maîtriser un processus, c'est organiser une stratégie vitale pour soumettre à une force ce processus.
Or,qu'est-ce que le « soi» ? C'est le sujet lui-même, la conscience du sujet.
Ce sujet, cette conscience exigentune maîtrise ou un pouvoir, l'exercice d'une force.
Pourquoi? Parce que le « soi », s'il n'est pas maîtrisé, nepeut que se perdre dans le chaos ou le vide, dans l'écoulement incessant des pulsions, des désirs ou despassions.
Si je n'agis pas sur le « soi », alors je me perds moi-même, je m'égare.
Le soi s'écoule, pris dans unflux et un flot irrationnels.
Qu'est-ce donc qu'être maître de soi ? N'est-ce pas d'abord se saisir, se connaître,appréhender ses passions, mesurer leur impact et leur sens, les interpréter et les comprendre? N'est-ce pasparcourir le champ qui va de l'opaque au transparent? Spinoza nous le dit fort bien: une passion cesse d'êtreune passion quand nous en formons une idée claire et distincte.
Dès lors, être maître de soi, n'est-ce pas seconnaître de mieux en mieux, forger des idées adéquates du soi, interpréter le sens de nos conduites, commed'ailleurs le montre Freud, rejoignant Spinoza?
La conscience est unifiantePar-delà la multiplicité de ses affections, la conscience est ce qui se présente comme quelque chose d'unique.Le vécu peut se présenter sous des formes multiples, les réactions devant des situations diverses, voireidentiques, peuvent être différentes, mais en dépit de ces différences, il s'agit de mon expériences, de monvécu.
La multiplicité ne prend sens que sur fond d'unité de la conscience.
Ainsi Descartes, dans la « DeuxièmeMéditation » reconnaît qu'il existe des facultés diverses et multiples : l'entendement, la volonté, l'imagination,la sensibilité.
Mais ces facultés sont toutes déduites à partir de l'unité du cogito.
La conscience s'apparaît.
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