Peut-on dire que ce qui fait la valeur d'un esprit c'est sa capacité d'attention ?

« La valeur d'un esprit se mesure à sa puissance d'attention ? INTRODUCTION. — II n'y a peut-être pas de formules qui soient plus souvent répétées par ses parents et ses maîtres à l'enfant et à l'adolescent que celle-ci : « II faut faire attention.

» Une fois devenu homme, on s'aperçoitfacilement que l'attention est indispensable chaque fois qu'il s'agit d'accomplir un travail ou de prendre une décision.Mais si l'utilité de l'attention ne peut être mise en doute, est-il aussi évident que c'est à la puissance de sonattention qu'est attachée la valeur d'un esprit, et que c'est grâce à elle que l'homme acquiert une supériorité surces semblables ? I.

— CE QUI FAIT QU'UN ESPRIT A DE LA VALEUR SEMBLE UN DON NATUREL. L'expression « avoir de la valeur » se dit lorsqu'on parle de l'intelligence : c'est la valeur intellectuelle; un élève, unsavant, un philosophe, ont de la valeur quand leurs travaux, leurs découvertes, leurs vues originales et profondestranchent sur celles des autres élèves, savants ou philosophes.

On emploie également la même expression quand onparle d'un écrivain, d'un poète, d'un peintre, d'un musicien — RACINE, BEETHOVEN, RAPHAËL, ont de la valeur.

Maisdans le domaine plus pratique de l'activité manuelle, du commerce, des affaires, de la politique, avoir de la valeurest une marque de supériorité.

Enfin, on ne comprendrait pas l'omission de la valeur morale d'un homme. Or, à ces différents points de vue et à d'autres encore, qu'il serait facile d'indiquer, il semble au premier abord quecette valeur attribuée à un esprit soit le résultat d'un certain don naturel.

Il est des êtres privilégiés : un enfant estbien doué pour les études, un autre pour tel travail manuel.

Certains hommes reçoivent en partage le don d'intuitionqui fait les génies scientifique et philosophique, d'autres, l'inspiration qui les fait communiquer avec le beau II y en aqui possèdent le sens du commerce, le sens des affaires, comme on rencontre des natures bien douées en quisemblent rayonner l'amour de la justice et la passion de la charité. II.

— IMPORTANCE DE LA PUISSANCE D'ATTENTION. Sans nier ce fait évident, un examen sérieux nous montrera que, d'une part, ce don naturel implique en même tempsune grande capacité d'attention, et que, d'autre part, sans une puissante attention ce privilège ne servirait à rien. a) L'intelligence d'un homme, en effet, est en grande partie fonction de son pouvoir d'attention, c'est celle attentiondéveloppée à l'extrême qui lui permettra de saisir des rapports originaux, de comprendre, dans une vue d'ensemble,les différents aspects d'un problème, qui jettera la lumière sur des analogies insoupçonnées.

L'inspiration est un fait,mais cette inspiration, RIBOT a décrit dans l'Imagination créatrice comment elle est faite d'une puissante attentioncapable de deviner, d'apercevoir des métaphores, des ressemblances, des harmonies insoupçonnées.

Avoir le sensdu commerce, des affaires, n'implique-t-il pas chez l'homme qui les possède la parfaite adaptation à la situationprésente; la découverte du détail important, la capacité de concentrer son esprit sur une question, de l'examinersous tous ses aspects, pour trouver In solution.

Et comment nier que, sans la réflexion et la réflexion profonde, lavaleur morale ne peut exister ? Faisons attention, à chaque instant, à l'obligation qui se présente à nous, auxresponsabilités que nous encourons. b) De plus, que serait le génie s'il n'était pas développé par le travail, guidé et dirigé par l'attention ? Il y a des fousde génie, mais ils restent des fous.

Un homme pourrait avoir à sa disposition les plus grandes ressources, si sonattention ne les met pas en oeuvre, si elle ne les dirige pas, si elle laisse l'esprit s'éparpiller, le résultat sera nul.Nous ne pouvons, en effet, dans tout domaine acquérir et avoir de la valeur que, si nous nous concentrons, nousnous absorbons dans notre travail, nous éliminons toute distraction, si, en un mot, nous dirigeons le faisceau delumière qui émane de notre esprit vers ce qu'il veut saisir.

Que l'on regarde tous les hommes de valeur en train des'adonner à leur travail, et on sera frappé par la puissance d'attention dont ils font preuve. CONCLUSION. — S'il n'est pas donné à tous d'être des privilégiés de la nature, il est possible à chacun de développer son attention et d'acquérir ainsi une valeur plus ou moins grande.

Le grand travail de l'éducation doitdonc être le développement de l'attention; apprenons à faire attention, ce n'est que par elle que nous deviendronsquelqu'un.. »