Peut-on dire d'une oeuvre d'art: "sois belle et tais-toi" ?
Publié le 12/12/2005
Extrait du document
L'individu en proie à l'illusion est dans l'erreur mais ne le sait pas. Pour se libérer de l'illusion il doit soit en prendre conscience par lui-même soit par autrui. Il y a plusieurs sortes d'illusions, selon le cas l'individu n'en sortira pas de la même manière. Les illusions des sens, par exemple voir le bâton brisé dans l'eau alors qu'il ne l'est pas, peuvent être corrigées par l'entendement et ne nécessite donc pas le recours à autrui. Par contre pour ce qui est des illusions de la conscience il s'avère plus difficile à l'individu de s'en délivrer par lui-même. En effet l'individu a tendance à considérer sa conscience comme étant un juge infaillible et a oublié qu'elle peut être porteuse d'illusions. C'est bien souvent autrui qui dans ce cas libère l'individu de l'illusion. Une idéologie peut emprisonner la pensée de l'individu et faire en sorte qu'il considère toutes choses selon elle, il n'est plus alors libre de penser par lui-même. De même dans le cas d'une secte on constate l'aliénation de la pensée individuelle à un gourou, celui-ci en quelque sorte pense à la place des adeptes, ceux-ci ne devant que s'y plier. L'individu se trouve alors dans la situation où il se croit libre alors qu'il ne l'est pas, mais peut difficilement s'en rendre compte par lui-même. Ses proches pourront, au prix de beaucoup d'efforts, le délivrer de cette aliénation. Mais encore faut-il que l'individu admette son erreur, reconnaisse les limites de sa propre conscience. Or ceci ne va pas de soi. La possibilité de la sortie de l'illusion est conditionnée. Dans le cas des illusions des sens l'individu doit se fier à son entendement et non à ses sens. Dans le cas des illusions de la conscience il doit plus se fier à autrui qu'à lui-même. Ces conditions peuvent ne pas être remplies.
«
présent qui ne le garantit jamais à la rigueur, c'est croire à un monde.
C'est cette ouverture à un monde qui rendpossible la vérité perceptive, la réalisation effective d'un Wahr-Nehmung , et nous permet de « barrer » l'illusion précédente, de la tenir pour nulle et non avenue.
» MERLEAU-PONTY, Phénoménologie de la perception.
Transition : Nous pouvons nous libérer des illusions des sens soit par l'entendement soit par la perception elle-même.
Il nous reste à étudier les illusions de la conscience.
Deuxième partie : Les illusions de la conscience rendent impossible une sortie de l'illusion par l'individu seul.
2.1 Impasse de l'illusion de la conscience.
« Si le mythe, le rêve, l'illusion doivent pouvoir être possibles, l'apparence et le réel doivent demeurer ambigus dans le sujet comme dans l'objet.
On a souvent dit que par définition la conscience n'admet pas laséparation de l'apparence et de la réalité, et on l'entendait en ce sens que, dans la connaissance de nous-même,l'apparence serait réalité : si je pense voir ou sentir, je vois ou je sens à n'en pas douter, quoi qu'il en soit de l'objetextérieur.
Ici la réalité apparaît tout entière, être réel et apparaître ne font qu'un, il n'y a pas d'autre réalité quel'apparition [...]
La transparence de la conscience entraîne l'immanence et l'absolue certitude de l'objet.
Cependant c'est bien le propre de l'illusion de ne pas se donner comme illusion , et il faut ici que je puisse, sinon percevoir un objet irréel, du moins perdre de vue son irréalité ; il faut qu'il y ait au moins inconscience de l'imperception, quel'illusion ne soit pas ce qu'elle paraît être et que pour une fois la réalité d'un acte de conscience soit au-delà del'apparence.
Allons nous dans le sujet couper l'apparence de la réalité ? Mais la rupture une fois faite estirréparable : la plus claire apparence peut désormais être trompeuse et c'est cette fois le phénomène de la vérité qui devient impossible .
» MERLEAU-PONTY, Phénoménologie de la perception.
2.2 De la trop grande confiance en notre conscience.
« Voici donc quand un homme décide "ceci est bien", quand il conclut "c'est pour cela qu'il faut que ce soit" et qu'il fait ce qu'il a ainsi reconnu bien et désigné comme nécessaire, l'essence de son acte est morale.
"Mais, cherami, vous parlez là de trois actions et non d'une seule : votre jugement, -"ceci est bien" par exemple, — votrejugement est un acte aussi ! Et ce jugement ne pourrait-il, déjà, être ou moral ou immoral ? Pourquoi tenez-vous"ceci" pour bien plutôt qu'autre chose ? "Parce que ma conscience me le dit ; et la conscience ne dit jamais rien d'immoral, puisque c'est elle qui détermine ce qui est moral !" Mais pourquoi écoutez-vous la voix devotre conscience ? Qu'est-ce qui vous donne le droit de croire que son jugement est infaillible ? Cette croyance, n'y a-t-il plus de conscience qui l'examine ? N'avez-vous jamais entendu parler d'une conscienceintellectuelle ? D'une conscience qui se tienne derrière votre "conscience" ? Votre jugement "ceci est bien" a unegenèse dans vos instincts, vos penchants et vos répugnances, vos expériences et vos inexpériences; "Comment cejugement est-il né ?"C'est une question que vous devez vous poser, et, aussitôt après, celle-ci "qu'est-ceexactement qui me pousse à obéir à ce jugement ?" Car vous pouvez suivre son ordre comme un brave soldat quientend la voix de son chef.
Ou comme une femme qui aime celui qui commande.
Ou encore comme un flatteur, unlâche qui a peur de son maître.
Ou comme un imbécile qui écoute parce qu'il n'a rien à objecter.
En un mot vouspouvez écouter votre conscience de mille façons différentes .
» NIETZSCHE, Gai savoir , §335.
Transition : La sortie des illusions de la conscience implique la prise en compte que la conscience peut être porteuse d'illusions.
Or cet aveu d'impuissance n'est pas facile.
Troisième partie : Ce que requiert la sortie de l'illusion.
3.1 Reconnaissance d'une conscience incomplète..
»
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