peut on dire d'un acte qu'il est inhumain ?
Publié le 09/11/2012
Extrait du document
«
III.
Pourquoi est-il nécessaire de maintenir cette dénomination ?
A.
Si nous voulons maintenir le sens de la distinction humain/inhumain, il
faut donc la circonscrire aux actes et non aux personnes.
Il reste indis-
pensable de xer les limites de l'humanité en termes de valeurs, et pour cela un
critère est indispensable.
Ce critère ne peut être fourni que par l'ensemble des
normes qui découlent du principe de la dignité humaine (cf.1ère partie).
Il faut
donc bien déterminer le sens du dire :la parole publique doit certes juger,mais
pas désigner tel ou tel à la vindicte populaire.
B.
Nier la frontière de l'humain et de l'inhumain, ce n'est pas faire droit
d'une expérience qui est attachée à la condition humaine, et qui n'a rien d'une
illusion.
Seul l'homme est capable de faire le mal, et c'est même selon la Genèse
ce que l'homme possède en propre avec le royaume céleste : Il est l'un des
nôtres , dit un ange au sujet d'Adam lorsque celui-ci découvre la connaissance
du bien et du mal.
C'est parce que l'homme peut faire le mal, parfois en toutre
conscience, qu'il a aussi la dignité pour faire le bien.
L'humanité de l'homme
réside dans la faculté, parfois surhumaine, d'endurer le mal qu'il a fait ou que
les autres lui font.
L'homme passe l'homme , écritPascal : il vaut toujours
plus oumoins que lui-même, plus ou moins que ce qu'il voudrait être ou que ce
qu'il s'attend à être.
Pour approfondir la technique de dissertation
Remarque sur le plan.
C'est la progressivité du plan proposé qu'il faudra
imiter dans vos travaux : chaque partie s'appuie sur les acquis de la partie pré-
cédente, et ne se résume pas à un banal pour ou contre.
Première partie : commentreconnaître (dénir) un acte inhumain ?
(la première partie doit être consacrée à la constructiondu problème, par
le biais de l'opinion commune et de dénitions plus complètes que celles
données en introduction.)
Deuxième partie : est-ilsouhaitable de recourir à cette dénition ?
(la seconde partie est souvent une partie critique : elle peut aller jusqu'à
nier les dénitions données dans la partie précédente, comme c'est le cas
ici, où le double sens du terme humanité est purement et simplement
nié.)
Troisième partie : à quellesconditions est-il légitime de maintenir
cette dénition ? (si la troisième partie occupe une fonction de synthèse,
c'est au sens où elle fait le tri parmi les acquis des parties précédentes.) Remarque sur le détail de la rédaction.
La rédaction de chaque paragraphe ou partie du devoir doit répondre à une
logique d'enquête : il faut se poser des questions, pas seulement exposer une
pensée toute faite.
Ainsi, la recherche de critèresde l'humain et de l'inhumain
est, dans ce sujet, le point sur lequel on gagne à être particulièrement précis,
puisque la langue ordinaire a des contours plus ous que ne l'exigerait
un langage rigoureux.
Puisqu'il s'agit dequalier un acte,et que lesraisons
de le faire sont au nombre de trois (on juge en eet un acte selon ses principes,
ses conséquences, ou bien pris en lui-même) ,on obtient par exemple le schéma
suivant :
Soit le jugement d'inhumanitéprovient de la cibleouvictime de l'acte :
mais dans ce cas le terme serait impropre, car on peut certainement être
cruel et barbare à l'égard d'un animal.
On ne peut donc qualier un acte
d'inhumain en raison de l'individuqui en subit les conséquences.
Soit il provient de l'acte pris en lui-même : mais on voit bien qu'on ne
peut décréter a priorique, par exemple, la cannibalisme est inhumain ,
comme le montrent Montaigneou la nouvelle de Joseph Conrad,Falk.
Plus généralement, le simple faitd'iniger des sourances à quelqu'un n'est
pas inhumain, comme le médecin ou comme celui qui abandonne la per-
sonne qui l'aime.
Il y a des sourances inhumaines,qui exigent uneendu-
rance surhumaine, mais qui ne sontpas le fait d'un acte inhumain.
Soit il provient du modeou des principes selon lequel il s'exerce (indié-
rence, cruauté, perversité) : ce critère pourrait paraître le plus convaincant,
mais son appréciation est dicile pour plusieurs raisons.
1) On ne peut par
dénition l'observer chez autrui puisqu'il est un fait de conscience ; 2) Il est
potentiellement contradictoire : est-ce l'indiérence et la froideur du tor-
tionnaire professionnel qui sont inhumaines, au sens de robotique,ou bien
la perversité diaboliquede celui qui a clairement conscience des sourances
qu'il inige ? (Sur ce point, voir l'extrait du Choix de Sophiede William
Styron .) ; 3) Il est largement sujet à débat, comme le montre par exemple
la pièce d'Albert Camus,Les Justes : le terroriste est-il un barbare tueur
d'enfants ou un héros courageux qui sait faire passer ses idéaux avant sa
propre sécurité ? Tueroumourir pour des idées est-il surhumain,in-
humain ou tout simplement stupide et vaniteux ? Comme le dit Pascal,
Jamais on ne fait le mal si pleinement et si gaiment que quand on le fait
par conscience (Pensées, Lafuma 813).
2.
»
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