Peut-on dire de la connaissance scientifique qu'elle est désintéressée
Publié le 21/03/2004
Extrait du document
I/ La connaissance n’a d’autre but que de connaître. II/ La connaissance scientifique est source de pouvoir III/ La connaissance scientifique ne peut être désintéressée sans philosophie
«
immuables, nécessaires.
Elle est donc « du nécessaire », cad de ce qui ne peut pas être autrement qu'il n'est. Ces essences ou Idées existent dans un monde suprasensible et ne sauraient être au pouvoir de notre action.
Ellesne peuvent qu'être l'objet d'une activité contemplative.
L'opposition de la science à la technique est donc celle dela « contemplation » à l' « action » ou encore de la « théorie » à la « pratique ».
A l'époque de Platon , la technique est en plein essor et se libère du magique et du religieux.
L'artisan forme une « catégorie sociale particulière », étrangère au domaine de la politique comme à celui de la religion : « L'activité artisanale répond à une exigence de pure économie.
L'artisan est au service d'autrui.
Travaillant pour vendre le produit qu'il a fabriqué –en vue del'argent-, il se situe dans l'Etat au niveau de la fonction économique de l'échange. » ( Vernant ). Platon reconnaît la fonction sociale de la technique, mais il ne lui accorde aucune valeur humaine.
Il ne loue, dit Vernant , « ni la tension du travail comme effort humain d'un type particulier, ni l'artifice technique comme invention intelligente, ni la pensée technique dans son rôle formateur de la raison. » Bien au contraire, il considère la technique comme une occupation servile qui ne peut que détourner celui qui s'y adonne de la véritable intelligencedes choses.Cette dévalorisation de la production matérielle et de la technique se manifeste clairement dans la « République », lorsque Platon construit la Cité parfaite.
Le principe qui fonde une telle Cité est la justice.
Or, celle-ci consiste en une hiérarchie s'ordonnant selon les degrés même du savoir.
Ainsi, les philosophes doivent gouverner la Cité parcequ'ils possèdent le vrai savoir, la connaissance suprême du Bien par une pure intellection (« noêsis »).
Ils incarnent la science contemplative, et la sagesse, vertu suprême, est leur apanage.
Ils sont la tête de la Cité.
En dessous deces chefs, doivent se situer les guerriers ou gardiens de la Cité.
Ils possèdent en propre la pensée raisonnante oudiscursive (« dianoia »).
Le courage est leur vertu.
Ils constituent l'armature de l'Etat, son coeur.
Tout en bas, au champ ou à l'atelier, doivent se trouver les simples citoyens, la masse des producteurs.
Leur connaissance est del'ordre de la foi et de l'opinion.
Ils sont le ventre de la Cité.On le voit, pour Platon , les artisans, les producteurs se situent tout en bas de la hiérarchie.
Bien plus, contrairement aux deux autres classes de la Cité, ils ne possèdent aucune vertu propre, pas même celle de travail.Si Platon refuse de leur accorder une vertu positive, c'est bien parce qu'à ses yeux, la technique n'a aucune valeur humaine.
II/ La connaissance scientifique est source de pouvoir L'approche scientifique passe donc par un retrait de la vision utilitaire que nous pourrions porter sur unobjet.
Il s'agit, en fait, de chercher le vrai avant l'utile, le réel avant ce qui nous convient.
Cependant, l'approchescientifique va donner des résultats et, à proprement parler, des connaissances qui pourront ensuite être utiliséesbeaucoup plus techniquement.
Par exemple, des connaissances en optique ont permis le développement dumicroscope, du télescope, des lunettes… Donc, si la connaissance scientifique passe par une théorie et uneméthode qui ne cherchent qu'à déterminer le réel, les connaissances produites à cette occasion peuvent à leur tourêtre employées comme sources de production technique.
L'intérêt est alors de donner à l'homme les moyens des'assurer davantage de pouvoir sur les objets qui l'entourent.
Mieux encore, il peut parvenir à créer des machinesqui lui assurent des moyens de survie meilleurs, un confort, dans le but de se préserver lui-même.
C'est dans cetteoptique que Descartes, dans son Discours de la méthode , justifie les avantages de la physique qu'il a mis au point. « Il est ainsi possible de parvenir à des connaissances qui sont fort utiles à lavie, et qu'au lieu de cette philosophie spéculative qu'on enseigne dans lesécoles, on en peut trouver une, pratique, par laquelle, connaissant la force etles actions du feu, de l'air, des astres, des cieux et de tous les autres corpsqui nous environnent, aussi distinctement que nous connaissons les diversmétiers de nos artisans, nous les pourrions employer en même façon à tousles usages auxquels ils sont propres, et ainsi nous rendre comme maîtres etpossesseurs de la nature.
» L'intérêt de la connaissance scientifique est doncl'usage technique qui découle des connaissances découvertes.
Dans la sixième partie du « Discours de la méthode » (1637), Descartes met au jour un projet dont nous sommes les héritiers.
Il s'agit de promouvoir une nouvelle conception de lascience, de la technique et de leurs rapports, apte à nous rendre « comme maître et possesseurs de la nature ».
Descartes n'inaugure pas seulement l'ère du mécanisme, mais aussi celle du machinisme, de la domination technicienne du monde. Si Descartes marque une étape essentielle dans l'histoire de la philosophie, c'est qu'il rompt de façon radicale et essentielle avec sa compréhension antérieure.
Dans le « Discours de la méthode », Descartes polémique avec la philosophie de son temps et des siècles passés : la scolastique, que l'on peut définir comme une réappropriation chrétienne de la doctrine d' Aristote . Plus précisément, il s'agit dans notre passage de substituer « à la philosophie spéculative qu'on enseigne dans les écoles » une « philosophie pratique ».
La philosophie spéculative désigne la scolastique, qui fait prédominer la contemplation sur l'action, le voir sur l'agir.
Aristote et la tradition grecque faisaient de la science une activité libre et désintéressée, n'ayant d'autre but que de comprendre le monde, d'en admirer la beauté.
La vie active est conçue comme coupée de la vie spéculative, seule digne nonseulement des hommes, mais des dieux. Descartes subvertit la tradition.
D'une part, il cherche des « connaissances qui soient fort utiles à la vie », d'autre part la science cartésienne ne contemple plus les choses de la nature, mais construit des objets de connaissance.
Avec le cartésianisme, un idéal d'action, de.
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