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Peut-on désirer autre chose que d'être heureux ?

Publié le 24/10/2009

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Le bonheur est l’accomplissement de la vie sensible comme telle, et par conséquent il appartient à tout être sensible en possédant la notion de souhaiter être heureux. Mais il y a une différence entre souhaiter qui n’engage à rien (souhaiter être riche, c’est juger positivement la richesse en refusant de faire quoi que ce soit pour le devenir) et vouloir qui est déjà mobilisation des moyens par la représentation contraignante d’une fin. Si tout le monde souhaite évidemment être heureux (le contraire signifierait qu’on n’existe pas comme vivant sensible), tout le monde ne veut pas le devenir. C’est que nous n’avons pas que des aspirations sensibles, du moins certains d’entre nous : pour les héros qui donnent leur vie parfois dans des conditions atroces (Jean Moulin) ou pour les créateurs qui subissent les affres d’un travail épuisant et ingrat (cf. la correspondance de Flaubert, notamment ses lettres à Louise Colet), il est clair que ces aspirations ne comptent pas, et qu’ils ne peuvent être soupçonnés de chercher un bonheur simplement paradoxal, puisque sa notion renvoie d’abord au maintien de la vie et à l’exclusion de la souffrance. Cela est vrai également dans l’ordre de la conscience morale : agir par devoir, c’est avoir implicitement décidé que le bonheur ne compterait pas et que les inconvénients liés à l’accomplissement de l’action ne seraient pas pris en considération, dès lors que sa nécessité s’imposait. Les héros, les créateurs et les sujets moraux en tant que tels ont donc en commun de considérer que, si important que son désir puisse être par ailleurs, le bonheur ne compte absolument pas. 

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