Peut-on définir une limite entre le normal et l'anormal ?
Publié le 27/02/2011
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• Que nous apportent à ce sujet des disciplines telles que la psychanalyse, l'ethnologie, la biologie?
— Avant les travaux de S. Freud, les psychiatres considéraient d'une part les gens dits normaux et d'autre part les malades mentaux qui groupaient globalement les névrotiques et les psychotiques. Les publications de Freud et de son école ont porté essentiellement sur les névroses et ont souligné qu'il n'existait aucun fossé fondamental entre l'individu réputé normal et le névrosé quant aux grandes lignes de la structure profonde. On a donc eu tendance par la suite à ranger d'un même côté les gens « sains « et les névrosés et d'un autre côté les psychotiques. Les recherches contemporaines ont étendu le champ d'application des découvertes freudiennes au domaine des psychoses et il est devenu de plus en plus évident qu'il existait tout autant de termes de passage entre psychose et une certaine forme de « normalité « qu'entre névrose et une autre forme de « normalité «.
«
1 - La spécificité du vivant
Le savant éprouve certaines difficultés à réaliser certaines expériences sur les vivants.
Parfois, les expériences delaboratoire ne confirment pas les observations du milieu.
L'environnement suscite des réactions chez toutes lesespèces, et dans les conditions artificielles nous n'isolons que des aspects tronqués de la vie.
D'ailleurs, tous lesanimaux captifs, à cause des conditions mêmes de cet état, offrent-ils des analogies et des garanties decomparaison ? Des civilisations, l'arabe et la chinoise, n'ont pas cru qu'on pouvait extrapoler des résultats delaboratoire à des vies humaines.
Mais nous lions toujours les deux en nous fondant sur des analogies pratiques(tissu, fonction...).
La généralisation sur l'homme des résultats acquis en laboratoire reste contestable.
Mais les progrès de la médecineet de la psychologie expérimentale nous incitent de plus en plus à comptabiliser deux domaines : celui du normal etcelui du pathologique.
Sur le premier cas, une évolution et un progrès se révèlent constants et les sciencestransforment les certitudes d'hier en moments historiques d'erreur.
Mais le deuxième cas retient notre attention.Montaigne, à Bordeaux, voyait clairement que les sorcières ne l'étaient point et que les « cannibales » n'avaient pas de chance puisqu'ils rencontraient des colonisateurs peu intelligents.
Mais l'époque pourchasse les sorcières et les crédite de toutes les monstruosités, de même que les conquistadoresbrûlent et torturent des images sataniques de l'homme.
La tératologie, science des monstres, reste unebouleversante actualité, et M.
Foucault en refaisant l'itinéraire de la folie nous aide à percevoir cette tragédie.
2 - Comment établir une science de l'homme ?
La religion n'est plus interrogée, comme elle le fut hier.
Mais la science répond, et catégoriquement.
Au XIXe, un peupartout, le déviant, le marginal et le curieux sont arrêtés, traqués et inspectés.
Parfois les motifs ne sont quepolitiques.
Tel écrivain sera jugé psychiatrique, parce que non conforme au statut qu'on escompte de lui.
Parfoisaussi on veut saisir l'anormalité, la monstruosité puisqu'elle indique par sa violence, le choc et l'endroit même de larupture.
Tous les fous de toutes les époques ont servi à l'homme.
Hier Pinel, Esquirol, hier Lacan...
La liste ne s'arrête pas.
Mais dès le début de l'explication, un problème de morale se pose.
Qui dira le normal et en vertu dequel principe?
Réflexions sur la déontologie du vivant
Le spiritualisme nous a familiarisés avec l'idée d'un « principe de vie » et les récits religieux nous ont habitués à voir dans l'homme quelque chose d'irréductible à la vie, une forme de tout autre.
Mais depuis les progrès de la médecineexpérimentale, nous avons uni toutes les formes de la vie et nous avons créé une autre forme de science, spécialepour l'homme.
Nous avons un peu perdu de cette classification ancienne et de ces réflexes, par exemple de cefameux « respect de la vie » qu'on invoque toujours à tout propos.
Nous essayons une science particulière.
Chaque individu se définit, comme le dira J.
Monod, par trois caractères : « la régulation finalisée de toutes les fonctions », « la production et la reproduction autonome de toutes les formes vivantes constitutives » et enfin par « la continuité des espèces rendue possible par la transmission de la même formule génétique ».
3 - L'explication et les choix
Les choix de J.
Monod, les mots qui les expliquent, la téléonomie, la morphogenèse autonome et l'invariance reproduction, voilà les débuts de cette nouvelle connaissance du normal et du pathologique, à travers une grilleparticulière : Le hasard et la nécessité.
L'homme a choisi d'être différencié par certains traits et à partir de cela, nous sommes incités à recommander le normal et à dépister le pathologique.
Les anciens, après avoir abandonné levitalisme, plaçaient tous leurs espoirs dans la mécanique et la physique où ils pouvaient compter et mesurer deseffets.
Descartes parle des animaux-machines et Harvey explique le coeur à la façon d'une pompe aspirante refoulante.
Ce mécanisme pratique, mais réducteur ne donne que lui-même.
Il ne peut pas atteindre à la pleine intelligibilité del'homme et de l'espèce humaine.
Nous tentons désormais une approche résolument spécifique.
Nous ne pensons plus que les analogies avec lesanimaux suffiront à comprendre l'espèce humaine.
De même, les mécanismes ont privilégié le rôle du corps à lamanière dont les philosophes matérialistes du XVIIIe le concevaient.
Mais nous requérons autre chose.
La touterécente création des sciences de l'homme manifeste bien cette hésitation.
Nous bravons les interdits et les dangersde l'originalité.
Toutes nos explications, par l'histoire du conscient et de l'inconscient, exigent, à chaque fois, lamême foi, la même méthode, puisqu'il s'agit de se pénétrer toujours plus fortement de la rigoureuse spécificité del'homme..
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- ): A priori, il paraît normal de vouloir s'appuyer sur des certitudes pour agir dans la vie pratique (s'assurer que les freins de la voiture sont en bon état.