Peut-on définir l'homme comme l'animal qui travaille ?
Publié le 27/02/2008
Extrait du document
«
construit la cellule dans sa tête avant de la construire dans la ruche.
» La praxis, c'est le mouvement de la vie humaine en ce sens précis que c'est à l'homme lui-même qu'il revient de faire son existence.
Il a à faire avancer sa vie alors que, par exemple, l'existence de l'animal est simple et consiste àlaisser devenir, même quand il « fait » quelque chose, « construit son nid, repousse un agresseur, cherche sanourriture ». Le travail définit l'homme à son rapport au monde de par ses activités marchandes, collectives…, de par ses productions.
L'homme est un être qui est continuellement au travail et en travail.
La production est d'abord activitéet production de l'homme lui-même.
D'une certaine manière, le point de vue de Marcuse nous ouvre desperspectives telles que le travail n'est pas une activité déterminée parmi d'autre, mais une pratique ; la pratique del'homme c'est-à-dire « un mouvement fondamental » de l'existence humaine, comme un mouvement qui domine demanière permanente et constitue tout l'être de l'homme, et qui, en même temps, affecte aussi « l'univers » del'homme.
Devant son existence, l'animal n'est pas confronté à une tâche qu'il aurait à accomplir par son être.L'homme, en revanche, se trouve toujours vis-à-vis de lui-même et de son univers.
Il doit donc avoir recours à sapropre « médiation ».
C'est cette pratique médiatrice et consciente, cette production et reproduction permanentede l'existence humaine (par rapport au laisser advenir immédiat de l'existence animale, par exemple) qui est la basedu travail. Mais le travail est aussi l'essence même de la richesse.
Il produit en effet la richesse, les valeurs d'usage, le bonheur pour certains – en évitant l'état d'aliénation –, ou encore le loisir...
Mais il faut savoir où placer une limiteentre ces notions.
En effet, à quelle condition le travail peut-il favoriser le développement du politique et durationnel ? Le travail c'est le rapport de l'homme au monde.
Il y a une médiation entre l'homme et sa nature.
Cet horizon métaphysique du travail semble apparemment s'appliquer uniformément à l'homme et à l'animal, tout en nepermettant pas de distinguer ces deux éléments.
Le travail répond à des besoins, mais aussi à une attitude politiquepour l'homme.
Cela suffit-il pour répondre au sujet ? En effet, dès lors que l'on sait cela, peut-on arrêter ici notreétude ? Il y a une certaine ambiguïté marquée par le fait que le travail est aussi une notion historique à prendre encompte.
En effet, cette notion n'a pas toujours été traitée avec le même intérêt et de la même manière.
C'est unenotion ambiguë. Cependant, la notion de travail est une notion ambiguë.
Tout d'abord par le paradoxe de son historicité, mais aussi par l'expression qu'il nous arrive souvent de dire en qualifiant un travail de « travail inhumain ». Nous sommes face à un paradoxe.
Nous avons vu dans la première partie que l'homme tout comme l'animal, travaille, mais pas seulement dans l'optique de répondre à des besoins ; ce qui le différencie de l'animal. La notion de travail est ambiguë et complexe.
On parle donc de travail à de nombreux domaines : dans le contexte social en tant qu'activité rémunérée, de travail en tant que production et dépense d'énergie donnant autravail une source de valeur.
Mais aussi de travail comme une pensée économique : le travail mécanique, enphysique, est définit comme le processus de déplacement de la force.
Il en est de même pour le travail au point devue psychologique ou encore intellectuel.
Mais face à cette diversité de définitions et de domaines, la notion detravail, historiquement, n'est pas directement associée à l'homme. Dans l'Antiquité, le travail recouvrait tout ce qui demandait un effort ; ce dont devait s'abstenir le citoyen qui devait se consacrer à la polis, et ce dont était chargé l'esclave.
Etre politique, vivre dans la polis ,cela signifiait que toutes choses se décidaient par la parole et la persuasion, et non par la force ou la violence, caractéristiquesparfois propres aux animaux.
Aristote définissait l'homme, comme zôon logon ekhon, un « être vivant capable delangage ».
En effet, sous l'Antiquité, les Grecs considéraient qu'un individu qui travaillait n'était pas un homme, maisun esclave, un animal.
Avoir des esclaves, c'était la façon humaine de maîtriser la nécessité, ce n'était donc pascontre nature (para physin) ; la vie l'exigeait.
C'est pourquoi les paysans, qui pourvoyaient aux besoins de la vie,étaient classés par Platon comme par Aristote avec les esclaves, ce que détaille plus amplement R.
Schlaifer dans laThéorie de l'esclavage en Grèce d'Homère à Aristote .
Le grec ne connaît pas de terme correspondant à celui de ‘‘travail'’.
Un mot comme ponos s'applique à toutes les activités qui exigent un effort pénible.
En reliant le sujet « peut-on définir l'homme comme l'animal qui travaille ? » avec les Grecs, nous pouvons supposer qu'il n'est pasnécessaire pour les Grecs d'utiliser l'adverbe comparatif « comme », puisqu'il apparaît que pour eux, l'animal est unhomme qui ne travaille pas ; « L'homme est un animal politique ». En revanche, Turgot rédige en 1766 les Réflexions , dans lesquelles il considère que la propriété est fondée sur le travail, et que la terre seule produit, faisant du laboureur un véritable être humain car il se borne à rendre fécond unsol plus ou moins fertile.
Pour lui, le travail fait passer l'homme de l'animalité à l'humanité.
C'est dans le travail seul.
»
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