Peut-on contrôler ses pulsions ?
Publié le 11/12/2005
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Nous parlons souvent pour un être colérique qu’il n’a aucune maîtrise sur ses pulsions. L’étymologie du mot renvoie au latin pulsio qui signifie « action de pousser «. La pulsion nous pousse à faire quelque chose donc. On considère au sens ordinaire qu’elle est une force inconsciente d’origine biologique( appétit, sexualité) orientant le sujet vers un objet susceptible de lui apporter satisfaction. Quelle est la différence alors avec le désir ? Le désir est considéré comme portant sur des objets superflus et Bachelard dans La psychanalyse du feu parle d’une « excitation spirituelle « lié au désir. La pulsion semble, elle, plus liée à notre corps et à l’inconscient. Nous retrouvons donc ici les liens entre conscience et inconscient. L’inconscient, en tant que substantif, est employé par Freud. L’inconscient, si on considère sa formation, se compose du préfixe négatif –in et du radical « conscient «. Celui-ci est conçu par le psychanalyste comme une instance séparée et indépendante de la conscience, instance gouvernée par ses propres lois et ayant un fonctionnement particulier. De fait, l’inconscient fait peur parce qu’il remet en cause la maîtrise que le sujet a de lui-même. Le verbe « contrôler « comprend l’idée de pouvoir sur un objet, la possibilité d’influer sur lui. Il s’agit donc ici de savoir si on n’a la capacité d’orienter nos pulsions, de les contenir ou de les stopper. Mais si la pulsion est inconsciente, la conscience peut-elle l’atteindre, la connaître ? Pourtant, nous avons donc des pulsions nous dit Freud, notamment des pulsions d’agressivité. Or, nous n’avons pas tous déjà tapé quelqu’un ou tuer notre voisin. N’y a-t-il pas moyen alors d’avoir une emprise sur elles ? Si nous ne pouvons pas stopper nos pulsions, ne peut-on pas au moins les détourner de leur objet néfaste ?
- I La pulsion est inconsciente et donc incontrôlable
1. Les pulsions sont premières 2. La pulsion s’ancre dans l’inconscient 3. L’inconscient n’est pas accessible à la conscience
- II Nous ne cédons pas tous à nos pulsions
1. L’inconscient comme reste des pulsions corporelles 2. La pulsion est universelle et pourtant tout le monde n’y cède pas 3. Les interdits du sur-moi
- III Il faut que le moi fasse un travail sur lui-même pour reprendre le contrôle
1. Un travail pour comprendre ses résistances 2. L’introspection peut permettre à chacun de prendre conscience de ses pulsions 3. On peut orienter nos pulsions
«
reconnaissait lui-même, dans son ouvrage Introduction à la psychanalyse que « Le moi n'est pas maître dans sa propre maison ».
Il semble en effet que les pensées inconscientes constituent la majorité de notre vie psychique.C'est pour cela que Lacan écrira dans L'instance de la lettre que « l'expérience psychanalytique n'est pas autre chose que d'établir que l'inconscient ne laisse aucune action hors de son champ ».
II Nous ne cédons pas tous à nos pulsions
1.
L'inconscient comme reste des pulsions corporelles Alain assimile inconscient et instincts animaux.
Pour lui, ce que Freud nomme inconscient n'est que le reste de nosinstincts naturels et est un rattachement au corps.
Il est vrai que l'inconscient psychanalytique est souventconsidéré comme le réservoir des pulsions sexuelles et agressives.
Alain écrit dans Eléments de philosophie que "l' inconscient est donc une manière de donner dignité à son propre corps; de le traiter comme un semblable, commeun esclave reçu en héritage et dont il faut s'arranger.
L'inconscient est une méprise sur le Moi, c'est une idolâtrie ducorps.
On a peur de son inconscient; là se trouve logée la faute capitale.
» L'inconscient ne serait alors qu'un nominventé pour évoquer des instincts totalement ensevelis dans le corps.
L'inconscient serait l'héritage des pulsionsbestiales des animaux que la conscience, l'âme n'a pas encore réussi à maîtriser.
En effet, Alain déclare que « l'âmec'est ce qui refuse le corps.
Par exemple, c'est ce qui refuse de fuir quand le corps tremble, ce qui refuse de frapperquand le corps s'irrite[ …] Le fou n'a aucune force de refus ; il n'a plus d'âme.
On dit aussi qu'il n'a plus deconscience.
» Dans cet extrait de Propos , le philosophe montre que ce qui échappe à l'âme et donc à la conscience vient du corps et de l'impossibilité de refuser aux pulsions corporelles.
Mais il laisse la possibilité pour l'esprit deprimer sur le corps, c'est d'ailleurs tout le but de la philosophie que de privilégier l'esprit.
En effet, toute la théoriestoïcienne repose sur la maîtrise du sujet sur lui-même et aussi sur son corps et ses pulsions.
2.
La pulsion est universelle et pourtant tout le monde n'y cède pas Freud dans L'avenir d'une illusion donne une image très négative de l'humanité.
Il évoque notamment dans son travail deux pulsions essentielles qui sont les pulsions de mort( thanatos) et les pulsions sexuelles( Eros).
Lespulsions sont caractérisées par leur excès.
Elles ne connaissent pas véritablement de limite et la pulsion sexuelle(Eros) en veut toujours plus.
L'homme est donc à la base un être gouverné par des motifs déraisonnables.
Ces deuxpulsions feraient de nous, affirme Freud, des êtres sanguinaires et en proie à l'agressivité.
Il rejette d'ailleurs lesthéories philosophiques qui font de l'homme un être bon.
Il écrit dans Malaise dans la civilisation que « L'homme n'est point cet être débonnaire, au cœur assoiffé d'amour, […]L'homme est, en effet, tenté de satisfaire son besoind'agression aux dépens de son prochain, d'exploiter son travail sans dédommagements, de l'utiliser sexuellementsans son consentement, de s approprier ses biens, de l'humilier, de lui infliger des souffrances, de le martyriser et dele tuer.
» L'homme est donc porté à l'agressivité.
Les pulsions qui gouvernent l'homme sont difficilement assumables et si tous les hommes étaient gouvernés simplement par elles, le monde serait totalement invivable.
Même si commele dit Freud chaque homme veut se satisfaire aux dépends et a des pulsions d'agression, nous n'agressons pas notrevoisin, simplement par jalousie.
Cela indique qu'il y a bien un contrôle sur les pulsions.
3.
Les interdits du sur-moiD'ailleurs, la capacité morale de l'homme nous indique que l'homme n'est pas simplement un animal qui vit sans avoiraucun pouvoir sur soi-même.
L'existence du sur-moi nous montre que les pulsions n'ont pas totalement libre cours.Nos pulsions dans les premiers moments de nos existences ne cherchent qu'à se décharger dans les plus brefsdélais.
Cependant, elles doivent faire l'apprentissage du principe de réalité et négocier avec le sur-moi.
Le Surmoi est défini par l'inventeur de la psychanalyse comme l'intériorisation des interdits de la société mais ausside l'interdit parental.
Freud essaie donc de trouver si notre conscience morale a une origine morale ou non.
Qu'est-ce qui fait en effet que l'inceste, le meurtre, etc… soit immoraux ? D'où viennent ces notions dans l'homme ? Pourrépondre, Freud étudie le renoncement aux pulsions, notamment chez l'enfant.
Si la pulsion est première, comme lelaisse croire la citation, l'enfant ne peut seul, penser à la refouler.
Le ça ignore les jugements de valeur, le bien, le mal, la morale .
L'interdit doit forcément se faire de l'extérieur.
Freud comprend donc cette situation comme l'intervention d'une autorité extérieure, considérée supérieure.
C'est donc la peur liée à l'autorité qui fait naître uneconscience de ce qui est bien et de ce qui est mal, mais avant cela ces notions n'auraient pas d'existence pourl'enfant.
Freud explique de même, plus loin que l'enfant pour sortir de ces situations n'a qu'une solution :l'identification à l'autorité supérieure.
C'est ainsi que sont intégrés les interdits qui constituent le Surmoi et cedernier représente dans l'homme, la conscience morale qui inhibe les pulsions du principe de plaisir, entre autres.Ainsi, l'enfant peut-il s'approprier et répéter inconsciemment tout le jeu entre autorité et soumission.
Freud écritdans Moïse et le monothéisme que « Le surmoi continue, sans presque y rien changer, à remplir les fonctions des parents et éducateurs, ne cessant de tenir le moi en tutelle et d'exercer sur lui une pression constante.
»Pourtant, le sur-moi n'est pas non plus totalement conscient.
Il est une intériorisation inconsciente et il n'est pasvéritablement sous le pouvoir du moi.
C'est plutôt même une contrainte que subit notre conscience.
Cette dernièrepeut-elle alors véritablement avoir un contrôle sur ses pulsions ? III Il faut que le moi fasse un travail sur lui-même pour reprendre le contrôle.
»
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