La raison d'Etat peut
donc avoir raison lorsqu'un comportement similaire chez un particulier serait
une erreur.
L'Etat a toujours raison car son
infaillibilité est nécessaire à son autorité
Allant plus loin, si l'Etat est bien ce corps qui détient le monopole de la
violence légitime aux yeux de Max Weber, en faveur duquel tous les individus
abdiquent leur faculté de nuire pour que chacun soit protégé par lui, il est
dans l'intérêt de l'Etat, et dans ceux des particuliers, de considérer que
l'Etat a toujours raison. En effet, un Etat considéré comme infaillible aura une
autorité supérieure à un Etat dont nous pensons qu'il est susceptible de se
tromper. Et dans la mesure où l'autorité de l'Etat sert aux particuliers, en
assurant leur protection, il est dans l'intérêt de ces derniers de penser que
l'Etat a toujours raison.
III.
Un critère permettant de
distinguer les torts et les raisons de l'Etat ?
L'Etat a toujours raison quand ses actes
répondent à la fin qui lui est propre
A
ce stade de notre réflexion, nous devons établir un critère permettant de
distinguer les torts et les raisons de l'Etat. Celui-ci ne peut être
infaillible, et croire en son infaillibilité peut être plus nuisible que
profitable aux particuliers : il se peut en effet que la puissance de l'Etat
cesse de les protéger pour, au contraire, les asservir (c'est le cas de l'Etat
totalitaire décrit par Hannah Arendt dans « Le système totalitaire »). Le
critère des torts et des raisons de l'Etat est peut être la conformité de ses
actions avec la fin qui lui est propre : l'Etat aura raison toutes les fois que
ses choix répondront à sa propre nature. Quelle est cette nature ?
L'État est une société organisée ayant une administration politique et juridique. Il incarne une autorité souveraine s’exerçant sur l’ensemble d’un peuple et d’un territoire déterminés.
Lorsque quelqu’un a raison, cela signifie qu’il est dans le vrai, qu’il ne commet aucune erreur. Mais allant plus loin, la situation de celui qui a raison implique chez les autres une attitude d’acquiescement et de subordination : parce que l’autre a raison, nous lui obéissons. Avoir raison signifie donc exercer une autorité sur autrui, que cette raison soit à proprement celle de la « raison «, ou celle du « plus fort «.
La formulation du sujet nous invite à nous interroger sur la capacité, la possibilité pour l’Etat d’avoir raison non pas dans certaines circonstances, mais dans absolument toutes. Nous nous demanderons donc si l’action de l’Etat peut être jugée en fonction des critères de « torts « et de « raisons «, ou si la raison de l’Etat est au-delà de celle des particuliers.