Peut-on considérer l'homme comme un objet ?
Publié le 14/11/2012
Extrait du document
«
Aristote distingue radicalement les produits de la nature de ceux de
l'art.
Les premiers se meuvent spontanément.
Ils ont en eux-mêmes le
principe de leur mouvement et de leur repos.
Ils changent ou se
déplacent seuls, tandis que les autres ont besoin d'une cause extérieure
pour cela et n'ont pas en eux ce principe.
« Chaque être naturel a en
soi-même un principe de mouvement et de fixité, nous dit-il, alors
qu'aucun produit de l'art ne possède de tendance naturelle au
changement.
» ( Physique , II, 1, 192b 15-20).
C'est ce qui différencie la
matière inerte de la matière vivante, l'homme qui marche seul et
l'automate qu'il faut remonter.
Les êtres vivants ont une « âme », un
principe invisible de mouvement et de vie qui les anime, tel un
souffle, et les faits se mouvoir spontanément à la différence des objets
techniques.
Aristote ajoute que cette force motrice est aussi
formatrice : les parties d'un être vivant ne s'ajoutent les unes aux
autres de façon à former progressivement un tout, comme une
machine que l'on fabrique en assemblant des pièces.
Elles se
développent les unes à partir des autres, comme les membres d'un
corps en sont issus.
Cette remarque fait dire à Aristote que dans le cas
de la vie, le tout précède les parties, contrairement à ce qui a lieu dans
la fabrication d'une machine.
Un être vivant ne se fabrique pas en
assemblant des pièces : elles proviennent au contraire de lui.
On ne
peut donc pas le considérer comme un objet technique, puisqu'il faut
renverser le rapport de la partie au tout pour comprendre son
développement.
Mais n'est-ce pas aussi renverser l'ordre naturel des choses ? C'est
l'avis de Lucrèce qui accuse les théories finalistes de fausser notre
compréhension du monde en introduisant les notions de fin et de
moyen : « Interpréter les faits de cette façon, c'est faire un
raisonnement qui renverse le rapport des choses, c'est mettre partout la
cause après l'effet.
» ( De la nature , IV, 832-834).
Il remarque en effet
que les notions de cause et d'effet couramment utilisées en mécanique,
et celles de fin et de moyen dont se servent les biologistes, peuvent
s'appliquer aux mêmes faits, mais en sens contraire.
Ainsi, on peut
penser que c'est pour marcher que l'on a des jambes, en considérant
que le mouvement est la fin, dont nos membres sont les moyens.
On
comprend pourquoi ces derniers existent dès que l'on considère le but
visé : il faut qu'il existe des jambes si l'on veut marcher.
L'idée de la
fin précède alors celle du moyen, qu'elle justifie, et on la suppose.
»
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