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Peut-on considérer l'homme comme un objet ?

Publié le 14/11/2012

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Introduction Un être vivant n'est pas un objet : les parties du premier se forment les unes les autres, tandis que celles du second sont juxtaposées les unes aux autres. Les dons d'organes et les greffes montrent cependant qu'il est possible de remplacer la partie défectueuse d'un organisme comme la pièce d'une machine. Peut-on, dans ces conditions, considérer le vivant comme un objet ? Il s'agit de savoir si cette comparaison a un sens, en s'interrogeant sur le rapport que l'art et la technique entretiennent avec la nature, pour tracer la frontière séparant le naturel de l'artificiel. L'élevage et la génétique ont fait de certains êtres vivants, qui existaient jadis indépendamment de nous, des produits de notre industrie et de notre technologie. Les fruits que nous consommons, les animaux qui pâturent, notre corps que modifie notre alimentation ou les postures imposées par les machines, n'ont plus rien de naturels et sont, comme les objets techniques, produits par la civilisation. La science a déplacé la frontière séparant le naturel de l'artificiel. Faut-il maintenir la différence qui existe entre les êtres vivants et les objets techniques ? Les premiers, qui sont des sujets sensibles et conscients, peuvent-ils êtres conçus de la même façon que les seconds, qui sont de simples objets, sans conscience ni sensibilité ? Faut-il porter le même regard sur eux, ou en critiquer l'assimilation pour des raisons éthiques, plutôt que techniques ou biologiques ? L'homme a tout pouvoir sur les objets qu'il crée. Considérer le vivant comme l'un d'eux reviendrait à lui concéder tout pouvoir sur lui. Les hommes prendraient ainsi la place de leur créateur, mais les religions voient dans cette usurpation l'origine du péché et de nos souffrances. La question n'intéresse donc pas seulement la science, l'art et la technique. Elle a aussi une signification morale et religieuse : avons-nous le droit de traiter les êtres vivants comme de simples objets ? N'avons-nous pas des devoirs envers eux ? Au nom de quoi limiter le bio-pouvoir ? I. Le vivant et les objets techniques sont à la fois identiques et différents Aristote distingue radicalement les produits de la nature de ceux de l'art. Les premiers se meuvent spontanément. Ils ont en eux-mêmes le principe de leur mouvement et de leur repos. Ils changent ou se déplacent seuls, tandis que les autres ont besoin d'une cause extérieure pour cela et n'ont pas en eux ce principe. « Chaque être naturel a en soi-même un principe de mouvement et de fixité, nous dit-il, alors qu'aucun produit de l'art ne possède de tendance naturelle au changement. « (Physique, II, 1, 192b 15- 20). C'est ce qui différencie la matière inerte de la matière vivante, l'homme qui marche seul et l'automate qu'il faut remonter. Les êtres vivants ont une « âme «, un principe invisible de mouvement et de vie qui les anime, tel un souffle, et les faits se mouvoir spontanément à la différence des objets techniques. Aristote ajoute que cette force motrice est aussi formatrice : les parties d'un être vivant ne s'ajoutent les unes aux autres de façon à former progressivement un tout, comme une machine que l'on fabrique en assemblant des pièces. Elles se développent les unes à partir des autres, comme les membres d'un corps en sont issus. Cette remarque fait dire à Aristote que dans le cas de la vie, le tout précède les parties, contrairement à ce qui a lieu dans la fabrication d'une machine. Un être vivant ne se fabrique pas en assemblant des pièces : elles

« Aristote distingue radicalement les produits de la nature de ceux de l'art.

Les premiers se meuvent spontanément.

Ils ont en eux-mêmes le principe de leur mouvement et de leur repos.

Ils changent ou se déplacent seuls, tandis que les autres ont besoin d'une cause extérieure pour cela et n'ont pas en eux ce principe.

« Chaque être naturel a en soi-même un principe de mouvement et de fixité, nous dit-il, alors qu'aucun produit de l'art ne possède de tendance naturelle au changement.

» ( Physique , II, 1, 192b 15-20).

C'est ce qui différencie la matière inerte de la matière vivante, l'homme qui marche seul et l'automate qu'il faut remonter.

Les êtres vivants ont une « âme », un principe invisible de mouvement et de vie qui les anime, tel un souffle, et les faits se mouvoir spontanément à la différence des objets techniques.

Aristote ajoute que cette force motrice est aussi formatrice : les parties d'un être vivant ne s'ajoutent les unes aux autres de façon à former progressivement un tout, comme une machine que l'on fabrique en assemblant des pièces.

Elles se développent les unes à partir des autres, comme les membres d'un corps en sont issus.

Cette remarque fait dire à Aristote que dans le cas de la vie, le tout précède les parties, contrairement à ce qui a lieu dans la fabrication d'une machine.

Un être vivant ne se fabrique pas en assemblant des pièces : elles proviennent au contraire de lui.

On ne peut donc pas le considérer comme un objet technique, puisqu'il faut renverser le rapport de la partie au tout pour comprendre son développement. Mais n'est-ce pas aussi renverser l'ordre naturel des choses ? C'est l'avis de Lucrèce qui accuse les théories finalistes de fausser notre compréhension du monde en introduisant les notions de fin et de moyen : « Interpréter les faits de cette façon, c'est faire un raisonnement qui renverse le rapport des choses, c'est mettre partout la cause après l'effet.

» ( De la nature , IV, 832-834).

Il remarque en effet que les notions de cause et d'effet couramment utilisées en mécanique, et celles de fin et de moyen dont se servent les biologistes, peuvent s'appliquer aux mêmes faits, mais en sens contraire.

Ainsi, on peut penser que c'est pour marcher que l'on a des jambes, en considérant que le mouvement est la fin, dont nos membres sont les moyens.

On comprend pourquoi ces derniers existent dès que l'on considère le but visé : il faut qu'il existe des jambes si l'on veut marcher.

L'idée de la fin précède alors celle du moyen, qu'elle justifie, et on la suppose. »

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