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Peut-on considérer les beaux-arts comme un langage ?

Publié le 12/01/2004

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I - Les beaux-arts sont un langage.a) Une sculpture de Picasso peut ressembler à une statue africaine mais c'est au prix d'une totale méprise. L'histoire de l'art aussi bien que la classification des beaux-arts ne sauraient donc être fondées sur des considérations uniquement formelles : elles doivent être rattachées, pour devenir intelligibles, à l'histoire des civilisations dont elles sont la manifestation sensible. Ces formes d'expression trouveront leur vérité dans la langue explicite du concept qui est celle de l'esthétique.b) Parce que les beaux-arts ont été généralement pensés en référence au modèle de la peinture-fenêtre (figurative ou représentative), cette esthétique du contenu a été entièrement ordonnée à la TRANSCENDANCE : Désigne tout ce qui dépasse, surpasse le plan de la nature et de l'humain. transcendance du signifié et a provoqué une occultation de la matérialité du signifiant.c) Il est donc possible, dans ces conditions, de faire parler les images, de dégager le logos de l'icône. C'est ce qu'a fait l'iconologie de Panofsky en rapportant les motifs à la mentalité de base d'une société et d'une époque. Il n'y a pas en effet d'oeil sauvage, voir c'est toujours savoir et dans l'image tout est déjà histoire et tradition.Mais tous ces discours qui prolifèrent autour des oeuvres pour leur faire rendre sens transforment l'art en un chapitre de l'histoire des idées.
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« III - L'analogie.

Les voix du silence. a) La forme n'est pas indifférente au contenu, le signifiant au signifié, on peut donc, en un sens, parler de langage àpropos de l'oeuvre d'art et même d'un langage universel qui aurait échappé au châtiment de Babel : ainsi, Chaplin, lemime, avait une audience internationale.Un intérêt de l'analogie art/langage est de nous obliger à repenser la vieille analogie art/nature.

On dit que l'oeuvred'art est comme un langage pour signifier qu'elle ne vient pas doubler la réalité mais qu'elle est une fiction quisuppose un code, des modes de narration, des effets de style ou de montage...

L'artiste ne reproduit pas sonmodèle, il le signifie ; l'art peut ainsi apparaître comme un système de signes. b) Mais il est clair que le « comme un langage » implique analogie puisque, dans les arts plastiques, la relation entresignifiant et signifié n'étant pas arbitraire, ne peut être analysée.

L'oeuvre d'art serait plutôt analogue à un symbole,qui ne renvoie pas à un sens absent mais qui « donne » ou exhibe de façon sensible un sens qui demeure ouvert àl'interprétation : le génie, faculté des « idées esthétiques » produit des représentations de l'imagination qu'aucunconcept ne peut épuiser. c) L'analogie art/langage permet de trouver aussi un fil conducteur pour rendre compte de l'extraordinaire diversitéde l'art et notamment de l'art contemporain oscillant entre les deux pôles du sens et du sensible.

Le langage est motmais aussi geste, mimique et ton ; il y a donc les arts de la parole, les arts de la figure ou arts figuratifs et les artsde la sensation, ceux du langage des affects qui font venir la matière inhumaine du monde dans le son et la couleur(Critique de la faculté de juger, §51). Conclusion Mais si l'art est comme un langage n'est-ce pas parce que le langage est l'art fondamental, non pas une partie del'art mais le tout de l'art puisque tout art a une dimension poétique ? Sur le modèle du poème, l'oeuvre d'art « faitsigne » et son mode de signifier ne peut s'accomplir qu'en créant cette espèce de silence auquel le Beau a toujoursrépondu.. »

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