Peut-on considérer la philosophie comme un art de vivre ?
Publié le 11/12/2005
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Analyse du sujet – Le sujet met en relation deux notions, la philosophie, et l'art de vivre.
Il nous demande si la seconde notionpermet de définir la première. – La philosophie : au sens étymologique, l'amour du savoir, au sens de la sagesse pratique (savoir que faire etcomment vivre) et du savoir théorique. – Art de vivre : une manière de vivre qui permettrait de réaliser au mieux cette vie.
Cela suppose que la vie n'estpas un donné, et qu'on doit apprendre à vivre.
Mais cet apprentissage, comme art, n'est pas simplement unapprentissage théorique.
Il suppose une pratique ou des exercices de vie. Problématique La philosophie, comme son étymologie l'indique (amour de la sagesse et du savoir) a pour vocation dedévelopper une potentialité inscrite dans l'existence humaine, la connaissance et la conduite morale.
Ceci supposealors que, au-delà de la vie simplement biologique il existe une vie bonne, une vie heureuse, que l'homme peutatteindre à travers la connaissance et la pratique de la philosophie.
La philosophie serait alors l'art de vivre, dedévelopper la sagesse à travers la connaissance du monde et atteindre le bonheur humain.
Cependant, on peutinterroger cette assimilation, dans la philosophie, de la sagesse et du savoir.
En effet, la sagesse, état de l'âme decelui qui vit sous la raison, le propre de l'homme, ne peut se passer d'une connaissance du monde.
Néanmoins, celaconduit à l'idée que la sagesse est impossible.
Car une perception adéquate du monde n'est pas à la portée del'homme.
Alors ne faut-il pas penser une sagesse proprement humaine qui se passe de la curiosité du monde pour seconsacrer à l'essentiel ? Non seulement la connaissance du monde paraît un idéal inaccessible, mais même cetteconnaissance peut être de l'ordre de la curiosité, non de la sagesse.
Il convient donc de se demander si le conceptde philosophie peut se développer à partir de celui d'art de vie, qui inclus en lui sagesse et connaissance du monde.
I) La philosophie est bien un art de vivre, car elle inclut en elle connaissance théorique et pratique. – On peut en effet dans un premier temps identifier l'art de vivre à la sagesse et à l'épanouissement de toutesles facultés de l'individu.
En ce sens, la sagesse s'identifie à la vertu au sens où la définit Aristote dans l'Ethique à Nicomaque , comme disposition à agir de manière droite, comme agirait celui qui possède la prudence.
L'art de vivre est donc à l'âme ce que la santé est au corps.
De même que le corps peut atteindre son excellence dansl'épanouissement de toutes ses fonctions, l'âme vertueuse est celle qui réalise le mieux ce pour quoi elle est fait.De ce point de vue, l'âme du sage implique nécessairement une connaissance théorique, car l'âme possède unepartie rationnelle, principe de science, et une partie irrationnelle, principe de mouvement.
La sagesses consistepour l'âme à exceller dans les vertus intellectuelles (partie rationnelle : la pensée) et dans la vertu morale (partieirrationnelle : les impulsions, le principe de l'action).
Or dans cette partition de l'âme, la sagesse consiste en ceque la partie irrationnelle des impulsions obéisse aux principes de la partie rationnelle, la pensée.
En effet,comme le prouve le non sage, l'intempérant, il est possible de voir ce qu'il convient de faire, donc faire un bonneusage de sa raison, sans que l'on arrive à agir conformément à cela (ex.
arrêter de fumer).
Le tempérant estcelui en qui l'impulsion obéit à la raison.
Donc, il faut un principe de connaissance, une vérité connue etreconnue, pour que l'âme puisse être sage.
La philosophie consiste donc dans un art de vivre, c'est-à-dire surun ensemble de connaissance théorique guidant l'action. – Or, ces connaissances théoriques ne peut reposer que sur une connaissance du monde, et ceci de deux manières.
Tout d'abord, l'homme doit connaître sa nature, sa place dans l'ordre du monde, afin de connaître safonction propre, qui est de penser, dans la mesure où le bonheur, identifiable au bien, est « l'activité conforme àla vertu » ( Ethique à Nicomaque ).
Le bonheur du sage que réalise l'art de vivre, la vie bonne, consiste ainsi dans l'épanouissement et l'activité de sa nature propre.
Il en va de même pour le musicien, dont l'activité propre estde jouer de la musique, activité ayant sa fin en elle-même car source de bonheur.
Il faut donc se connaître, etpour se connaître, savoir quelle est sa spécificité, donc ce qui nous distingue des autres, donc connaître lemonde.
C'est pourquoi, l'homme étant le seul être à penser et à avoir une vie politique, il y a une vertu de la viecontemplative et active, une sagesse dans l'exercice de la pensée et de la décision politique. – Enfin, il convient de connaître le monde pour agir en sage.
Car, la sagesse consiste à bien délibérer afin deprendre la bonne décision.
Il ne suffit pas en effet pour être sage d'être tempérant.
Encore faut-il savoir danschaque cas précis ce qu'il faut faire.
C'est ici la prudence du sage qui est en question.
L'action porte toujourssur des cas particuliers.
Une connaissance purement théorique ne sert donc à rien, notamment dans les affairesoù le hasard entre en jeu.
On ne peut avoir de connaissance du monde que pour ce qui, en lui, est nécessaire.Dans un monde où le hasard existe, comment être sage ? Cette connaissance pratique, qu'Aristote nommeprudence, à distinguer d'une connaissance théorique, qu'est la science, seul le sage la possède.
Cetteconnaissance de l'action à accomplir suppose une intuition qui sait voir le moment opportun de l'action.
Ici, iln'est donc plus question d'une connaissance théorique du monde, mais bien d'une connaissance pratique dumonde, qui s'acquiert avec l'expérience. – On voit donc que comme recherche de la sagesse, la philosophie est un art de vivre : car, comme l'art, ellerequiert un élément pratique (l'épanouissement des facultés en vue de leur exercice propre, le bonheur) et unélément théorique (la connaissance du monde).
L'art de vivre qu'est la philosophie se résume alors audéveloppement d'une vertu : la prudence. II Le problème d'une identification de la sagesse à un art de vivre : la philosophie comme art de la liberté..
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