Peut-on considérer avec Sartre que «la culture est la conscience en perpétuelle évolution que l'homme prend de lui-même et du monde dans lequel il vit, travaille et lutte» ?
Publié le 27/02/2008
Extrait du document
Sartre nous indique ici la signification qu'il donne au terme de «culture«. — Dans le domaine matériel quand il s'agit de. problèmes relatifs à l'agriculture : on parle de la culture d'un sol lorsqu'on l'arrache à son état premier afin de le rendre fertile, productif. — Dans le domaine de la connaissance, on parle de culture lorsqu'il s'agit d'un savoir formateur qui développe le jugement, ou des connaissances spirituelles, d'une collectivité donnée, ainsi : la culture française, la culture occidentale et plus généralement la culture humaine. — Ce terme de culture s'applique aussi à tout ce par quoi l'homme a développé et modifié sa nature : la langue, les institutions sociales, les modes de vie, etc. — Qu'entendre ici sous le terme de conscience ? Il ne s'agit pas de la conscience morale, mais de la conscience psychologique qui me permet de me diriger vers le monde, de viser l'extériorité. L'homme est un être au monde en situation. Le monde dans lequel l'homme vit, travaille et lutte est le milieu naturel et le milieu social dans lequel il s'insère.
«
Formulation du problème :Cette définition concerne la culture entendue à la fois comme l'ensemble des activités spirituelles d'une collectivitéhumaine donnée et située dans le temps et d'autre part comme la formation de la conscience individuelle par saparticipation à cette activité spirituelle.
Est-on alors en droit de comprendre la culture seulement par référence àl'histoire ?
Orientation de la recherche :Quelle signification peut-on donner à cette définition de Sartre ? Quelle en est la valeur et quelles en sont les limites?
B.
Plan :
I.
Reprise de la définition de la culture.
1.
Pour celui qui reçoit comme pour celui qui crée, la culture est définie par Sartre comme la prise de conscience del'homme engagé dans le monde naturel et social.
La culture est «conscience de* c'est dire que c'est un phénomènedérivé, expression d'un phénomène plus primitif qui la sous-tend, à savoir le rapport de l'homme avec le mondenaturel et le monde social, les deux termes «homme» et «monde» ne pouvant être isolés que par abstraction.2.
Rapport de l'homme avec le monde naturel : Ce rapport est le travail, l'activité manuelle et technique, médiatriceentre l'homme et la nature.
Ce rapport évolue au fur et à mesure qu'évoluent les techniques et la domination del'homme sur la nature.
Ce rapport est vécu sous le signe de la lutte : il s'agit pour l'homme de maîtriser lespuissances de la nature.3.
Rapport entre le monde naturel et le monde social.
L'évolution du monde social dérive de l'évolution du rapportprécédent.
A mesure que changent les conditions techniques du travail, change parallèlement l'organisation sociale,la répartition des biens économiques (cf.
Marx).
Ce rapport est également vécu comme une lutte, s'il est vrai que lalutte des classes est un phénomène historique permanent comme le pense Marx.
Transition :La culture n'est alors, selon Sartre, que le reflet d'une réalité historique actuelle.
II.
Valeur de la définition.
1.
Elle montre combien la culture en tant qu'activité spirituelle est incarnée dans l'histoire, dans la vie matérielle deshommes.2.
Le lien entre la culture et la vie matérielle peut prendre différentes formes : un lien direct et conscient, c'est lecas de la littérature engagée (ex.
: Montesquieu, Rousseau, Voltaire qui soulèvent les problèmes de la justice, duracisme, etc.) ; un lien inconscient que découvre l'analyse, à travers les oeuvres d'art qui reflètent par exemple lesaspirations d'une classe sociale.
Transition :
Cette définition de la culture est cependant incomplète, elle ne rend pas compte de tous ses aspects.
III.
Limites de cette définition.
1.
La culture est définie comme prise de conscience de ce qui est.
Sartre ne semble pas tenir compte du pouvoirqu'elle a de préparer un avenir, de lutter pour lui.2.
La culture, selon Sartre, est fondée sur une base historique donc instable.
On peut se demander si elle ne seréfère pas à un fond permanent : la nature humaine avec ses problèmes éternels.3.
La culture pourrait aussi se comprendre non seulement en référence à l'histoire, en référence à la naturehumaine, mais aussi en référence à une réalité transcendante, absolue, au-delà du monde naturel et humain.
C.
Conclusion :
Résumé :La culture n'est pas seulement prise de conscience du rapport actuel entre l'homme et le monde.Conséquences :C'est aussi une prise de conscience de l'homme éternel et peut-être un moyen d'approche vers une transcendance..
»
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