Peut-on confondre indépendance et liberté ?
Publié le 27/02/2008
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Peut-on confondre indépendance et liberté ? Il convient avant tout de se demander ce que l’on entend par « peut-on «. En effet, la question peut se comprendre comme suit : est-il possible de confondre les deux ? Les deux concepts ont-ils des similitudes telles qu’il est possible de les confondre, d’être victime d’une confusion (au sens d’erreur, d’amalgame) ? A moins que « confondre « ne signifie « fondre «, c'est-à-dire de mettre un même sens derrière deux mots différents. Cela est-il possible, telle est la première dimension de la question. Mais on peut également comprendre la question « peut-on « comme un problème de légitimité : est-on en droit de confondre indépendance et liberté ? L’indépendance s’oppose à la dépendance, c'est-à-dire à un lien de subordination entre deux être, ou entre un être et une chose. Le nœud du problème est de savoir si la liberté n’est que l’indépendance. Ou si l’indépendance n'est rien de plus qu’une apparence de liberté, qui peut par là même en devenir un leurre. Ou encore si toutes deux sont vraiment si semblable que cela.
I. L’indépendance et la liberté sont synonymes.
II. La liberté surpasse l’indépendance.
III. La liberté est inscrite dans la nature humaine.
«
mettrait à rouler et dévalerait une pente.
Or, si la pierre était douée de conscience et pouvait comprendrequ'elle roule, elle pourrait s'imaginer qu'elle roule parce qu'elle l'a voulue, et qu'elle est maitresse de sonaction, et par conséquent libre.
C'est là la question cruciale que pose Spinoza : la liberté n'est-elle riend'autre que l'ignorance de ce qui nous détermine ?
III. La liberté est inscrite dans la nature humaine.
A.
Sartre écrit dans L'existentialisme est un humanisme que chez l'homme « L'existence précède l'essence » : un couteau a par exemple une essence avant d'exister, puisqu'il est fabriqué conformément à une certainefonction, qu'il correspond à un type : l'artisan qui le fait sait à quoi il va servir, et tente de le conformer àcette essence.
L'homme au contraire n'est destiné à rien, il n'a pas de fonction, il existe d'abord, et doitensuite se déterminer, se choisir.
B.
C'est donc par les choix que je fais que je me détermine : si je fais des actes courageux, je serai courageux,mais si je me comporte en lâche, je serai un lâche.
Mon essence va dépendre de mes choix existentiels.
Laseule essence de l'homme, c'est donc d'être libre, et c'est donc, paradoxalement de n'avoir pas d'essence.C'est pourquoi l'homme peut être biologiquement et même existentiellement homme et pourtant inhumain, oumême, il peut tenter de se libérer de sa condition d'homme en essayant de ne pas choisir, en faisant semblantde ne rien faire.
Mais, réplique Sartre, ne rien choisir, c'est encore choisir, car le fait qu'on ne fasse rien a uneconséquence sur l'humanité toute entière.
Ne pas entrer en résistance par exemple, ce n'est pas ne paschoisir, mais choisir de ne pas le faire, et j'en suis responsable, non seulement devant moi-même, mais devantl'humanité, car en me choisissant, je choisis ce que doit être l'homme.
Chacun de mes choix détermine donc ceque j'estime être le mieux pour l'humanité toute entière, puisque justement en me déterminant, je déterminece que je fais de cette essence que je dois me donner.
C.
C'est pourquoi Sartre écrit que « nous sommes condamnés à être libres » : ne pas choisir, c'est encorechoisir, se déterminer.
La liberté est donc ce qui caractérise la nature humaine, bien que la formulation soitcontradictoire (ce qui caractérise la nature humaine, c'est que rien ne la caractérise).
L'indépendance est unedonnée bien plus factuelle : nous pouvons être dépendants de quelqu'un matériellement, affectivement.
Nouspouvons être dépendants de certains passe-temps ou remettre nos choix entre les mains d'un maître spirituel,d'une croyance, d'une religion, il n'empêche que nous sommes toujours libres de le faire ou non.
Conclusion Il est possible de confondre liberté et indépendance parce que l'indépendance, en nous offrant lamaitrise totale de nos actions nous donne l'impression de faire ce que l'on veut.
Pourtant cette confusion n'est enaucun cas légitime, puisque même en faisant ce que l'on veut, on peut être aliéné par ses désirs ou ses préjugés,par l'éducation que l'on a reçue et la culture dans laquelle on vit.
L'indépendance, c'est-à-dire l'absence de lien desubordination est à la fois moins que la liberté (car on peut être indépendant tout en étant aliéné et déterminé parce qui se joue en nous sans nous) mais également plus, parce que la liberté est inscrite dans notre nature, et quenous sommes toujours responsable de notre aliénation, alors que l'indépendance peut n'être qu'une donnéecontingente de notre existence (l'indépendance matérielle par exemple).
La liberté, c'est donc à la fois ce qui estinscrit dans notre nature et à quoi nous ne pouvons échapper, et ce qu'il faut toujours conquérir, et pour cela,lutter contre le confort de ses habitudes de pensée..
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