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Peut-on concilier le déterminisme et la finalité dans la connaissance du vivant ?

Publié le 27/02/2008

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Les êtres vivants sont des êtres organisés qui se reproduisent. En outre, chacune des organisations spécifiques qu'ils constituent, chaque espèce, s'inscrit dans une évolution, une série de transformations, de différenciations et de complexifications depuis l'apparition de la vie. La biologie peut s'employer à expliquer le fonctionnement de ces diverses organisations ; mais si l'explication du fonctionnement de l'être vivant réside dans son organisation, l'explication de cette organisation ne peut être trouvée que dans la logique qui a présidé à son élaboration. Comment la biologie peut-elle donc rendre compte de la genèse, de l'élaboration de l'organisation elle-même? Comment peut-elle expliquer l'évolution du vivant et de son extrême complexité en s'en tenant au déterminisme mécaniste classique ? Peut-on concilier le déterminisme et la finalité dans la connaissance du vivant ?    

« des transformations du code génétique.• Mutations et sélection.Toutes les mutations ne sont cependant pas intégrées dans le patrimoine génétique, car il revient à l'appareiltéléonomique de rejeter ou d'accepter ces modifications nées au hasard.

En effet, « les seules mutationsacceptables sont celles qui, à tout le moins, ne réduisent pas la cohérence de l'appareil téléonomique, mais plutôt lerenforce encore dans l'orientation déjà adoptée» (p.

136).

La procédure de sélection n'est donc pas, elle, un effetdu hasard, et ne peut s'alimenter ailleurs ; mais elle opère dans un domaine d'exigences rigoureuses dont le hasardest banni.

C'est de ces exigences, et non du hasard, que l'évolution a tiré ses orientations » (p.

135).On notera ici que ces exigences ne sont pas les seules conditions du milieu car ces dernières ne sont en aucunemanière indépendantes des performances téléonomiques du vivant: les interactions entre le milieu et l'organisme, les«pressions de sélection» qu'il subit sont partiellement choisies par ce dernier (cf.

p.

141).• La nécessité.Ainsi donc, «les événements élémentaires initiaux qui ouvrent la voie de l'évolution à ces systèmes intensémentconservateurs que sont les êtres vivants sont microscopiques, fortuits et sans relation aucune avec les effets qu'ilspeuvent entraîner dans le fonctionnement téléonomique.

Mais une fois inscrit dans la structure de l'A.D.N., l'accidentsingulier et comme tel essentiellement imprévisible, va être mécaniquement et fidèlement répliqué et traduit, c'est-à-dire à la fois multiplié et transposé à des millions ou des milliards d'exemplaires.

Tiré du règne du pur hasard, ilentre dans celui de la nécessité» (p.

135).• Conclusion.Il apparaît bien dans ces conditions que l'évolution ne répond à aucune finalité spécifique du vivant, puisqu'elletrouve sa source dans les seuls défauts, dus au hasard, du mécanisme de l'invariance génétique.

Toutefois, cetteinvariance génétique qui précède la téléonomie joue dans le sens d'une finalité conservatrice de la vie, assurant ledéveloppement d'organismes de plus en plus complexes et intensément téléonomiques. c) Le problème de l'origine • Mais si les mutations du code génétique relèvent du hasard, comment expliquer l'origine du code lui-même? Deuxhypothèses sont possibles :1.

«La structure du code s'explique par des raisons chimiques, ou plus exactement stéréochimiques.

»2.

« La structure du code est chimiquement arbitraire ; le code, tel que nous le connaissons, résulte d'une série dechoix ou hasards qui l'ont enrichi peu à peu» (p.

159).• Ainsi, le hasard pourrait-il être non seulement responsable de l'évolution de la vie, mais de la vie elle-même, dontla probabilité d'apparition, si elle n'est apparue qu'une fois, était pratiquement nulle.

C'est d'ailleurs cette quasi-nullité qu'ont objectée à l'explication des phénomènes biologiques par le hasard des partisans du vitalisme (cf.

parex.

Lecomte de Noùy, L'homme et sa destinée).

Mais cette quasi-nullité ne signifie pas impossibilité.

Au reste,comme le fait observer F.Meyer, «la possibilité ou plus exactement l'espérance mathématique d'une certainestructure douée d'une certaine improbabilité, a priori, s'accroît très fortement si on imagine des «positionsd'attente» qui jouent le rôle de pièges à fluctuation (...).

Il n'est donc pas impossible que la formation progressivede formes vivantes accusant une organisation progressive, donc une plus grande improbabilité a priori (ou encoreune plus grande néguentropie), puisse être l'effet d'un processus purement stochastique d'accumulations aléatoires»(Log.

et conn.

scient., pp.

815-816). conclusion Il n'est pas possible de considérer les êtres vivants comme des machines au sens classique du mot, car ce sont desmachines qui se construisent toutes seules.

Pour expliquer leur construction, la science ne peut recourir à unvitalisme, qui relève d'une approche théologique ou métaphysique du vivant, et à un finalisme qui n'est pas moinsantiscientifique, la science ignorant la cause finale, qui n'est ni objective ni explicative.

La connaissance scientifiquedoit donc réduire ce finalisme, ce qu'elle fait en l'intégrant au mécanisme, en ramenant d'une part la téléonomiecaractéristique des êtres vivants au simple projet de conservation de leur être et, d'autre part, en attribuant auhasard les variations du code génétique, responsables de l'évolution de la vie.. »

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