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Peut-on concevoir une morale sans obligation ?

Publié le 27/02/2008

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morale
On ne peut vivre en famille, exercer sa profession, vaquer aux mille soins de la vie journalière, faire ses emplettes, se promener dans la rue ou même rester chez soi, sans obéir à des prescriptions et se plier à des obligations... Nous optons tout naturellement pour ce qui est conforme à la règle ». L'obligation sous cette forme n'apparaît pas spontanément comme « obligation » puisqu'elle n'exige aucun effort. Elle est le déroulement d'un système d'habitudes sociales, différentes selon les sociétés, mais, en tant qu'habitudes mêmes, fondées sur la nature sociale des hommes, et exprimant la nécessité biologique de la vie en société, elle tend vers le comportement automatique inconscient que réalisent les insectes sociaux (fourmis, abeilles, termites, etc.). Ainsi nous habiller, payer ce qu'on achète, rouler à droite,, sont pour nous des gestes automatiques. Si donc nous nous laissons aller à ces habitudes de vie en société, nous n'aurons même pas le sentiment de l'obligation. Celui-ci apparaît chez l'homme avec la liberté, c'est-à-dire avec la possibilité qu'il a de mettre en question cette habitude et de lui résister. Mais dès qu'il lui vient à l'idée de résister à ces habitudes, il perçoit la contre-résistance, l'auto-défense du système social inscrit dans sa personnalité : c'est seulement si vous avez soudain envie de sortir tout nu que « s'habiller » apparaîtra comme une obligation, de même c'est au moment où vous pensez à ne pas payer votre achat que « payer ce qu'on vient d'acheter » surgira comme obligation, et enfin c'est quand vous vous surprenez roulant à gauche que vous vous dites « il faut tenir sa droite ». L'obligation apparaît donc dans « la résistance à la résistance à la nécessité des habitudes sociales ».
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« apparaît donc dans « la résistance à la résistance à la nécessité des habitudes sociales ».Quel est le sens ultime de ces règles sociales ? C'est, pour l'être collectif comme pour tout être, le souci deconserver son être, de persévérer dans l'être et de se protéger.

Tous les impératifs viseront en fin de compte laprotection et la santé de la collectivité, ils se résumeront en ceci : « Sacrifie-toi au groupe », « Pense au groupe »,« Accroîs le groupe », « Travaille pour le groupe », « Tue ses ennemis ».

La société qui est ainsi fermée sur elle-même, dont les membres sont des fonctions du groupe, est la société close, image de la société d'insectes. B — L'appel du héros. « Les devoirs dont il a été question jusqu'à présent sont ceux que nous impose la vie sociale ; ils nous obligent vis-à-vis de la cité plutôt que de l'Humanité.

On pourrait donc dire que la seconde morale diffèrede la première en ce qu'elle est humaine au lieu d'être seulement sociale ».Or de tout temps ont surgi des hommes exceptionnels en lesquels cette morale s'incarne.

Ce sont les « héros », lessaints, les sages, les prophètes, les grands champions de l'idée d'Humanité.

Ils ne demandent rien, ils n'exigent rien, ils n'obligent pas.

Ils n'ont pas besoin de règles ni de sanctions ; leur existence est un appel.

Ils agissent par lerayonnement de leur personne et par leur exemple.

Un écho leur répond en nous ; des hommes se lèvent et lessuivent par la contagion du sentiment.

« Fondateurs et réformateurs, mystiques et saints, héros obscurs de la viemorale que nous avons pu rencontrer sur notre chemin et qui égalent à nos yeux les plus grands, tous sont là :entraînés par leur exemple, nous nous joignons à eux comme une armée de conquérants.

Ce sont des conquérantsen effet : ils ont brisé la résistance de la nature et haussé l'humanité à des destinées nouvelles ».

Par eux la cités'ouvre sur l'Humanité, la société « ouverte » remplace la société close. C — Les valeurs morales dans l'existence des hommes. Les deux formes de l'obligation (qui correspondent à deux sources de la morale et à deux types de religions) telles qu'elles viennent d'être décrites sont tirées parBergson de son analyse de la moralité.

De même que le prisme décompose la lumière blanche et la révèle commefusion des lumières chromatiques, de même l'analyse bergsonienne décompose le sentiment de l'obligation etdécouvre qu'il est fusion de deux réalités descriptibles séparément.

En effet nous ne sommes pratiquement ni desinsectes conscients ni des héros moraux, notre sentiment de l'obligation est un « mixte » à dosage diversd'impératifs sociaux-.historiques et d'aspirations humaines au sens plein.

« Ni ange ni bête »,...

Bergson retrouveraitce mot de Pascal.

En tout cas le sens du progrès est nettement défini, il est l'ouverture de ce qui est clos, la viecréatrice contre les fonctions sclérosées, le point de vue du genre humain contre le point de vue du milieu, dugroupe, et du nationalisme. Conclusion. A son stade moral, l'obligation, si l'on convient de lui laisser ce nom, se distingue radicalement de la nécessité et de la contrainte ; elle n'a plus rien d'obligatoire à proprement parler.

Elle se propose à la liberté et à laresponsabilité du sujet.

Elle caractérise le sentiment qui, dans la conscience psychologique, accompagne l'intentionde la promotion morale du sujet par lui-même dans une situation qui est un appel à son humanité.. »

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