Peut-on concevoir le droit sans devoirs ?
Publié le 27/02/2011
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• Bien différencier les sens de « peut-on « (« est-il possible de « ou « a-t-on le droit de «, « est-il légitime de «). • Se demander si, dans la mesure où « devoir « et « droit « sont (ou seraient) deux aspects complémentaires de telle ou telle valeur, on ne pourrait poser en principe qu'ils seraient corrélatifs. Cf. R. Le Senne, Traité de morale générale, notamment les pages 602 à 607 : « Le droit est légitime où la personne est capable d'assumer l'envers comme l'endroit de ses droits, c'est-à-dire ce par quoi ils lui imposent des charges comme ce par quoi ils lui procurent des avantages. « • Se demander si cette corrélation (supposée) peut s'appliquer à tous les cas envisageables. • Méditer cette affirmation de Renouvier (Science de la morale, livre III, 2e section) : « Le Droit est, de son espèce, revendicable sur quelqu'un; il est un crédit et, par conséquent, suppose le devoir ou débit de quelqu'un. Inversement, on ne saurait définir un devoir... et ne pas attribuer en même temps un crédit à celui vis-à-vis de qui le débit existe. « • Ne pas perdre de vue qu'il s'agit de « concevoir «. • Prendre en compte le libellé exact du sujet : « Peut-on concevoir le droit sans devoirs? «
«
sa capacité à me respecter.
Accorder des droits aux hommes c'est donc tenir compte de leur aptitude à serespecter mutuellement dans un devoir de respect.
Le droit nous parle ainsi: tu as le droit d'être respecté,parce que toi-même tu peux t'imposer de respecter autrui.
c.
Mais un tel devoir demeure fragile: Il apparaît cependant que ce droit appuyé par le devoir n'est peut-être que l'expression de la capacité de l'homme à être bon.
Dans ce cas, le droit est-il encore nécessaire s'il suppose que tous les hommes sontcapables par eux-mêmes de se respecter mutuellement? N'est-ce pas plutôt parce que les hommes parfois sontincapables de ce devoir qu'on impose le droit?
S'accorder des droits aux hommes suppose une capacité de s'imposer par le devoir le respect de ces droits, on peut en même temps douter de cette capacité.
III.
Possibilité de l'homme à toujours faire triompher le devoir en lui: a.
Incapacité de l'homme à toujours faire triompher le devoir en lui: C'est parce que l'homme est incapable de faire toujours valoir sa dimension morale que le droit s'impose. C'est en effet le mépris des droits de l'homme qui a engendré la nécessité d'une Déclaration des droits del'homme.
En ce sens, le droit est artificiel parce que le devoir naturel est fragile: les hommes ne se respectentpas d'emblée les uns les autres.
b.
Les droits de l'enfant comme possible dissociation du droit et du devoir: Ainsi, les droits de l'enfant appellent certes au devoir de les respecter, mais parce que d'abord ce devoir est absent.
C'est parce que l'on bafoue le devoir de respecter l'enfant que les droits de celui-ci sont posés etimposés.
Inversement, qu'exiger de l'enfant en échange des droits qu'on lui reconnaît? Rien justement.
c.
Plus encore, le droit que j'accorde à l'autre est unilatéral (sans retour espéré): Le droit le plus authentique reposerait sur cette figure de l'enfant au sens où tout homme est un enfant, fragile et exposé à la menace permanente d'autrui .
E.
Lévinas montre à ce titre que la nudité du visage humain impose la prise en charge, par l'autre, de sa vie qu'il peut pourtant détruire.
Ce droit est sans devoir au sens oùpar exemple on accorde le droit de vie au criminel qui pourtant signifie par ses crimes une absence de devoir enlui. Le pardon est l'expression même de ce droit accordé à autrui sans attente de réciprocité.
Tout au plus peut-on espérer son remords. Conclusion: Il faut donc distinguer les mauvais droits des bons.
S'il s'agit du droit du plus fort, ce droit est illégitime.
Le droit est bien plutôt un appel au devoir qui est en nous.
Mais s'il l'appelle, c'est bien que ce devoir est souventabsent et tu.
Le droit prend donc ses vraies racines dans l'absence constatée de devoir. En même temps, et même si c'est difficile, il devient par la même possible d'accorder éthiquement des droits à tout homme sans attendre nécessairement de lui un devoir de retour..
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