Peut-on combattre une croyance par le raisonnement ?
Publié le 09/04/2005
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Plus précisément : la religion est la conscience de soi et de sa valeur de l'homme qui ou bien ne s'est pas encore conquis lui-même, ou bien s'est déjà perdu à nouveau. Mais l'homme, ce n'est pas un être abstrait, installé hors du monde. L'homme, c'est le monde de l'homme, l'Etat, la société. Cet Etat, cette société produisent la religion, une conscience du monde à l'envers, parce qu'ils sont un monde à l'envers. La religion, c'est la théorie générale de ce monde, son compendium encyclopédique, sa logique sous une forme populaire, son point d'honneur spiritualiste, son enthousiasme, sa sanction morale, son complément solennel, le fondement général de sa consolation et de sa justification. Elle est la réalisation fantastique de l'être humain, parce que l'être humain ne possède pas de réalité vraie. La lutte contre la religion est donc immédiatement la lutte contre ce monde dont la religion est l'arôme spirituel. La misère religieuse est tout à la fois l'expression de la misère réelle et la protestation cotre la misère réelle. La religion est le soupir de la créature tourmentée, l'âme d'un monde sans coeur, de même qu'elle est l'esprit de situations dépourvues d'esprit. Elle est l'opium du peuple.
Notre société contemporaine a vu se développer en quelques décennies de considérables progrès technologiques, mais elle a aussi constaté le maintien voire la résurgence de croyances anciennes qu'on pensait dépassées. Alors comment se fait-il que la croyance n'est pas anéantie par les attaques de la raison. En un sens, si l'on juge que la croyance est irrationnelle, le travail du raisonnement consiste à combattre toutes croyances qui s'opposent à la raison. A condition, que la croyance et la raison se placent sur le même terrain. La croyance et le raisonnement sont-elles donc deux valeurs totalement antagonistes? N'occupent-elles pas plutôt des places différentes et complémentaires ? Le raisonnement peut-il espérer combattre efficacement la croyance ? Et celle-ci n'est elle pas une valeur intrinsèque à l'Homme ? L'Homme, même s'il raisonne, peut-il se passer de croire ?
Dans un premier temps, nous verrons si le raisonnement et la croyance sont vraiment deux valeurs antagonistes, puis nous montrerons que le raisonnement peut combattre la croyance, mais que c'est un combat perdu d'avance.
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La croyance est donc ancrée au plus profond de chaque Homme, et elle est ce que Rousseau nommait « lesentiment intérieur ».
La croyance comporte les mythes et les religions, qui sont d'autant plus efficaces qu'elles ne reposent sur aucunfait logique.
Croire a de multiples fonctions : rassurer, créer des liens avec le passé, expliqué l'inexplicable ...
La croyance peut aussi, plus simplement, désigner l'opinion, qui peut être fondée sur une simple probabilité, c'est cequ'on retrouve dans les formulations de Mme de Sévigné : « Je ne croyais pas que tout fût perdu » et de Pascal : «Deux sortes d'hommes : les justes qui se croient pécheurs, et les pécheurs qui se croient justes ».Toute certitudequi ne repose pas que sur un raisonnement fait partie des croyances.
Plus péjorativement, les croyances peuvent même, dans certains cas, conduire les hommes à la superstition, auxpréjugés...
TR : Le raisonnement fondé sur la logique paraît être « une thèse plus soutenable » que la croyance et il veut doncla combattre.
La croyance a souvent pour origine le manque de réponse apporté par le raisonnement.
L'Homme comble le vide :lorsqu'il ne sait pas expliquer un évènement, un acte rationnellement...
par une croyance.
Lorsqu'on étudie les croyances d'une société, on apprend beaucoup sur celle-ci.
Les croyances sont en effetreprésentatives des hommes qui croient en elles et donc de la société.
Quand on remonte aux premières croyances, celles créent avant la religion, on observe que ces croyances sont enfait des mythes.
Ce qui implique des personnages merveilleux, tels que des dieux, des animaux chimériques ousavants, des hommes bêtes, des anges, ou des démons, et l'existence d'un autre monde...
Les mythes racontentcomment un état de choses est devenu un autre, comment un désert est devenu un monde habité, comment lechaos est devenu cosmos, comment les immortels sont devenus mortels, comment de l'unité originelle de l'humanitéest sortie une pluralité de tribus et de nations.
Bref, les mythes ne racontent pas seulement la genèse du cosmos etde l'univers, mais aussi la création des parties de l'univers comme telle île, tel pays, telle plante, tel comportementhumain, telle institution sociale...
Les mythes sont des histoires écrites par les hommes, pour les hommes.
Les sociétés, même très différentes et sanscontacts culturels, présentent des mythes qui utilisent les mêmes archétypes.
De plus, les mythes ont un lien directavec la structure religieuse et sociale du peuple.
En effet, les hommes naissent ignorants des causes des choses.
Ilscroient que tout ce qui existe en tant qu'accompli relève d'un but, c'est-à-dire rempli une fonction.
Ce qui conduitles hommes à croire aux causes finales : tous les hommes croient, ont crus ou croiront à l'existence des causesfinales.
Les racines de la croyance sont donc multiples et difficiles à définir.
A partir du XIXe siècle, on a expliqué lescroyances tour à tour par l'émerveillement ou la crainte des hommes devant les puissances de la nature, parl'angoisse face à la mort, l'espoir en un monde meilleur, la consolation par rapport aux souffrances de la vie...
Tr : Les « tenants de la raison » ont toujours essayé et essaient toujours de combattre les croyances endétruisant leurs racines.
Depuis fort longtemps, certains érudits essaient de lutter contre la croyance (pas forcement pour l'anéantir mais aumoins pour faire diminuer son ampleur dans la société), au moyen de raisonnements logiques voire scientifiques.
Eneffet les « tenants de la raison » voulaient être libres d'énoncer leurs avis, même s'ils étaient contraires auxcroyances populaires de l'époque.
Depuis toujours l'Homme essaie d'expliquer ce qui l'entoure, il se heurte alors auxcroyances qu'on instauré ses ancêtres.
En effet, l'Homme avec les connaissances qu'il dispose dans son milieu devie tend à expliquer tous les évènements qui se produisent autour de lui, lorsqu'il n'y arrive pas il a tendance à leséclaircir grâce aux mythes, à la puissance divine ou à toutes sortes de croyance.
Mais les descendants de ceshommes disposent de plus de connaissances que leurs ancêtres, et peuvent donc interpréter certains éléments quene pouvaient pas expliquer leurs ancêtres.
Avec le temps, il apparaît quelquefois « un désaccord au niveau descroyances » entre les différentes générations.
Prenons par exemple le cas des croyances religieuses.
Les rapports entre la philosophie et la religion ont toujoursété complexes.
Dès le Moyen-âge, certains philosophes théologiens (Anselme de Canterbury, Thomas d'Aquin...) ontaffirmé le principe d'une collaboration entre la foi et la raison en cherchant à mettre la philosophie « au service de lathéologie ».
Mais il reste que du point de vue religieux, c'est incontestablement sur la faiblesse de la raison que sefonde la nécessité de la foi.
Les religieux peuvent ainsi voir un risque de profanation dans la prétention de laphilosophie à discourir sur Dieu, sur l'origine du monde ou sur l'âme, qui relèvent des mystères de la révélation.Inversement, la philosophie a eu à secouer son joug que les siècles religieux du Moyen-âge ont fait peser sur elle, età revendiquer son autonomie, c'est-à-dire le droit de la raison à réfléchir librement, sans être limitée par les dogmesreligieux.
C'est ce qui explique la finalité de la lutte des tenants de la raison contre la croyance.
Tout de même, les tenants de la raison avaient au moins une croyance en commun : ils croyaient en la raison..
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