Peut-on choisir son identité ?
Publié le 27/02/2008
Extrait du document
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2.
En assumant notre choix et en le manifestant , nous pouvons effectivement créer une telle rupture. - Perspective sartrienne : nous sommes d'abord aussi un être-pour-autrui : c'est le regard del'autre qui fonde notre être.
Par le langage seul, nous pouvons définir ce que nous sommes dans l'interaction avecl'autre (dire ce que nous voulons être, c'est déjà nous recréer partiellement). - A travers la liberté que nous avons de disposer de notre corps, nous réalisons ce choix. Exemple : changement de « look », tatouages, piercings qui marquent une rupture et un choix identitaire.
Exemplecontemporain et extrême : le changement de sexe, qui illustre parfaitement la dimension du sujet (changement denotre être jusque dans sa biologie, changement de prénom).
[Note : attention, ne pas mépriser cette dimensioncorporelle du rapport à soi en le rejetant du côté de l'apparence futile.
Notre rapport au corps est une dimensionfondamentale de notre identité !] Pb : Nous avons vu qu' en droit notre liberté nous autorise toujours à changer du tout au tout.
Mais pour interroger ce problème en fait , il faut réintroduire le poids du réel et montrer que le présupposé d'une liberté absolue est contestable.
Ceci nous ramène à interroger le rôle des déterminations extérieures.
II.
Nos choix sont habités par des contraintes objectives et vécues, conscientes ou non 1.
Une identité essentielle définie par notre biologie ? 1.
Les recherches contemporaines en biologie ont révélé que notre constitution dans satotalité est présent sous une forme codée unique (l‘ADN, chaîne de bases azotées).
Ce codage génétique de notreêtre semble effectivement pointer vers une « essence », un « moi » biologique dont je ne peux me défaire.
Laquestion devient problématique quand on demande si nos inclinations, nos tendances, nos constantespsychologiques font partie de ce code (pour l‘instant, pas de réponse claire apportée par la biologie).
2.
En fait, le problème serait mal abordé.
Tout ce qui tend à réinjecter des considérationsbiologiques, naturelles dans ce qui est éminemment culturel (notre identité, qui est avant tout relationnelle) manquele problème.
-> il faut s'intéresser aux déterminismes culturels 2.
Notre identité relève en grande partie d'une construction sociale ; ce que nous sommes ne peut êtrecompris qu'à la lueur d'interactions avec notre environnement, en fonction des représentations sociales qui nous ontété transmises (par exemple, la séparation normalité/déviance).
1.
A l'échelle de la société dans son ensemble : par l'existence d'une histoire commune, parl'utilisation du même langage pour communiquer, en raison aussi d'intérêts communs.
C'est ce que le sociologueKardiner nomme la "personnalité de base" : un "fond" identitaire commun à tous les membres d'une société.
Mais estplus un cadre pour le développement d'une personnalité qu'un contenu. 2.
Aux échelles les plus réduites : cf Bourdieu, La Distinction .
L'apparente liberté des choix, des manières, des goûts, cache des mécanismes de détermination sociale.
=> Il y a un modèle de personnalitébourgeois, un modèle ouvrier ; mais attention, moins des attributs nécessaires que des tendances observables par lastatistique et explicables par la démarche du sociologue.
Conclusion : notre environnement social imprègne notreêtre de fond en comble; "choisir" sa personnalité c'est d'abord un refus du modèle qui nous est socialement imposé.
3.
Cette négation nécessaire demande un recul par rapport aux déterminismes 1.
On peut être qqch sans le vouloir .
Construction de notre identité précède la conscience que nous en avons 2.
Donc "choisir son identité" ne peut se concevoir qu'à travers un recul réflexif sur l'être quenous avons été, et l'aspiration qui nous pousse à vouloir être différemment 3.
Par la conscience de ces déterminismes, nous devenons libres et responsables de notreêtre 1.
1 ère attitude : la mauvaise foi.
2 postures différentes : soit refuser de voir les déterminismes et entretenir la fiction d'une liberté absolue (donc pas un "choix" car pas de recul) // soit se cacherderrière eux pour se déresponsabiliser de ses actions (donc pas de "choix" du tout) 2.
2 ème attitude : l'authenticité.
Posture de responsabilité : on reconnait en quoi notre être est déjà déterminé et on prend conscience de notre marge exacte de liberté.
Conclusion : Notre liberté nous fait sentir à tout moment la possibilité d'être un autre : il ne semble donc pas y avoir de contradiction logique a espérer choisir son identité.
La question se complique quand on introduit le réel, avec le regard de l'autre qui sanctionne nos efforts pour échapper à nos mois passés - de façon externe, toujourspas de difficulté majeure ici pour changer notre identité.
Mais en s'attardant sur les déterminismes qui ont façonné,entre autres, nos désirs (donc celui de choisir son identité) et notre faculté de juger (donc le procès du choix), onconstate qu'en fait notre être présent - et cette démarche en particulier - sont en ce sens indissociable de notrehistoire personnelle.
Par conséquent, la problématique du choix d'une identité ne peut se concevoir qu'avec ladistance nécessaire pour saisir ce qui hors de nous nous empêche de nous placer dans cette absolue liberté d'esprit- et qu'avec le sérieux que suppose une telle entreprise.
Ouverture possible : Nous ne choisissons pas notre identité comme nous choisissons un plat sur la carte d'un restaurant.
Au delà de la possibilité seule de choisir son identité, il faut nous demander si nous le faisonseffectivement - si ces moments où nous considérons notre être dans sa totalité pour redéfinir son orientation fondamentale existent bien.
Au contraire, forger son identité semble plutot relever d'un processus lent, au fil dechoix ponctuels qui peu à peu dessinent un être avec ses cohérences et son irrationalité propre..
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