Peut-on apprendre à juger de la beauté ?
Publié le 17/01/2022
Extrait du document
- Analyse du sujet :
- Le sujet prend la forme d’une question fermée, à laquelle il s’agira de répondre par « oui « ou « non « en conclusion, au terme d’une argumentation documentée.
- La notion principale du sujet est le beau. Parler du beau pose plusieurs difficultés : premièrement, le sens du terme a évolué avec l’histoire de l’art et de la philosophie. Deuxièmement, la notion est dans son emploi actuel et courant quasiment vide de sens : le beau se réduit à ce qui me plait. « Les goûts et les couleurs ne se discutent pas ! « entend-on souvent. Est-ce bien légitime de reconduire ainsi entièrement le beau à la subjectivité, à un jugement de goût ?
- Le fait est que nous jugeons du beau et que nos jugements peuvent se modifier. Notre sensibilité à ce qui est beau évolue. Mais y a-t-il justement une manière adéquate de juger le beau ? Y a-t-il quelque chose comme des critères de la beauté ? Si c’est le cas, il suffit, pour apprendre à juger le beau, d’abord d’apprendre les critères de celui-ci, ensuite de déterminer si ce dont il s’agit de dire si « c’est beau « ou non est conforme aux critères en question.
- Dans quels champs la notion de beau nous invite t-elle à réfléchir ? Il serait réducteur de ne considérer que les œuvres d’art pour traiter la question du jugement du beau. Il y a en effet des œuvres qui sont reconnues artistiques mais qui demeurent foncièrement laides (penser aux papes décharnés de Francis Bacon). Mais surtout, il y a bien d’autres choses que des œuvres que nous jugeons belles : par exemple des visages, des paysages, telle ou telle fleur, etc.
- Problématisation :
Pour qu’il soit possible d’apprendre à juger le beau, il faut déjà que le beau soit une affaire de jugement, ce qui n’a rien d’évident. Un jugement vrai, autant que possible, rend compte d’un état de chose. Le problème qui se pose est donc celui de savoir si la beauté est un état de chose, ou plutôt quelque chose qui relève de notre « état d’âme «.
I – La beauté est-elle un état de chose ?
Par ailleurs, que le beau soit objectif ou non, nous jugeons que telle ou telle chose est belle ou non : c’est là un fait. Autrement dit, notre jugement peut très bien ne pas être fondé, mais pourtant il est bien réel. Il y a donc quelque chose comme des critères subjectifs ou objectifs qui nous poussent à juger.
II – Comment jugeons-nous du beau ?
«
cette conception se cache l'idée que la beauté existe de manière absolue et qu'elle n'est pas qu'une simpleaffaire de goût subjectif.
Aussi, ce texte s'oppose aux mêmes penseurs déjà mis en cause dans l'allégorie de lacaverne, à tous ceux qui, comme Protagoras, font de l'homme la mesure de toute chose, y compris pour lesjugements portant sur le beau.
La doctrine de Platon est à rapprocher de la conception très mathématique queles Grecs se faisaient de la beauté, considérée comme règle de juste proportion « objectivement » formulableselon des lois mathématiques purement intelligibles.
Toutefois, Platon va encore plus loin, car nous pouvons nepas être tous d'accord sur la valeur esthétique de l'harmonie qui se dégage de la forme d'un objet sensible.
Ici,Diotime dépasse la référence même à toute réalité sensible, ce qui sauve la conception d'une beauté absoluede toutes les difficultés liées à la considération de beautés matérielles.
Ainsi Platon espère fonder absolumentl'Idée du Beau, en la protégeant de toutes les contestations qui proviennent de la relativité des jugementsportant sur le sensible et qu'implique l'expression « chacun son goût ».
Référez-vous également à Kant.
enfin, n'oubliez pas les thèses de la sociologie selon lesquelles on apprend à jugerde la beauté à partir de normes culturelles, sociales.
D'une part, juger, c'est relier des choses entre elles par l'intermédiaire de concepts qui constituent les unitéssynthétiques de ces différentes choses, et d'autre part il est impossible de produire un concept universellementvalable du beau ; le beau se donne dans l'expérience esthétique et non dans un concept.
Cette contradiction doitservir à construire le problème.
Deux remarques toutefois : 1) Il n'est pas seulement question de savoir si l'on peutjuger de la beauté (en se référant à Kant, par exemple, dans la Critique de la faculté de juger), mais aussi de voir sielle peut s'apprendre, ce qui rajoute au problème du jugement de goût celui de l'apprentissage.
Qu'est-cequ'apprendre ? En un sens, c'est transmettre un contenu de connaissances ; en un autre sens, c'est transmettreune capacité critique et apprendre à apprendre.
Est-il possible d'apprendre à juger du beau au sens de latransmission d'un contenu, d'idées, de concepts ? Est-ce que connaître les canons de la beauté grecque m'aide àapprécier et juger le beau ? Ensuite, est-il possible d'apprendre à juger du beau au sens de la transmission d'uneattitude esthétique, d'un rapport privilégié au beau ? Évidemment ces questions interrogent le rôle du critique d'artou du professeur d'art.
Que transmettre ? Un savoir théorique ou une expérience ? 2) Un autre point de vue seraitde se référer à Leibniz (paragraphe 24 du Discours de métaphysique ).
Leibniz, pour montrer la différence entre uneconnaissance claire et une connaissance distincte, prend l'exemple du tableau jugé beau : " De façon parfaitementclaire et évidente je trouve tel tableau beau.
" À partir de là, il est incapable d'analyser ce sentiment (jugement degoût), mais il ne peut pas donner les raisons de son assentiment, il ne peut pas l'expliquer (à savoir développer lesimplications de son expérience), ce qui est précisément le rôle de l'éducateur.
Le jugement de goût serait doncparadoxalement une expérience de clarté indistincte, d'évidence floue : je suis sûr et pourtant je ne sauraisexpliquer.
Alors que dire ? Comment apprendre ? Parler autour ? Donner des éléments d'histoire ? Délivrer desmétaphores de mon expérience ?
« La vraie voie de l'amour, [...] c'est de partir des beautés sensibles et de monter sans cesse vers cette beautésurnaturelle en passant comme par échelons d'un beau corps à deux, de deux à tous, puis des beaux corps auxbelles actions, puis des belles actions aux belles sciences, pour aboutir des sciences à cette science qui n'est autrechose que la science de la beauté absolue.
» Platon, Le Banquet, Ne s.
av.
J.-C.
« Le goût est la faculté de juger d'un objet ou d'une représentation par une satisfaction dégagée de tout intérêt.On appelle beau l'objet d'une semblable satisfaction.
» Kant, Critique de la faculté de juger, 1790.
« Est beau ce qui plaît universellement sans concept.
» Kant, Critique de la faculté de juger, 1790.
« Le beau est ce qui est représenté, sans concept, comme l'objet d'une satisfaction universelle.
» Kant, Critique de la faculté de juger, 1790.
« Le beau se définit [...] comme la manifestation sensible de l'idée.
» Hegel, Esthétique, 1832 (posth.).
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