Peut-on affirmer que l'homme est libre et la nature soumise à des lois ?
Publié le 01/02/2004
Extrait du document
- Les deux propositions ("l'homme est libre" et "la nature soulise à des lois") n'ont rien de très étonnant: or, l'énoncé du sujet implique qu'il serait paradoxal de les affirmer ensemble, il vous apparatient donc de découvrir à quelle condition elles sont compatibles.
- Qui découvre les lois de la nature ? L'homme, bien sûr. Donc, cela vous permet de souligner déjà que l'homme n'appartient pas uniquement à l'ordre de la nature et à ses lois.
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Peut-on affirmer à la fois que l’homme est libre et que la nature est soumise à des lois ?
Introduction
Depuis la naissance de la science moderne, nous concevons la nature comme soumise à des lois : tout
état dans la nature succède à un autre état selon une règle universelle et nécessaire.
Or, l’homme
semble bien être une partie de la nature.
L’acte par lequel la volonté de l’homme se détermine doit donc
avoir lieu selon une règle universelle et nécessaire, comme tout autre événement dans la nature.
Si tel
est le cas, toute acte de la volonté de l’homme est déterminé : l’homme ne veut pas, mais il se meut
comme un pantin ; l’homme n’agit jamais à proprement parler, il est agi ; bref, l’homme n’est pas libre, il
est déterminé.
L’affirmation que la nature est soumise à des lois semble à première logiquement
incompatible avec l’affirmation que l’homme est libre.
En bonne logique, il faudrait donc renoncer à
soutenir que l’homme est libre.
Mais reconnaître que l’homme n’est pas libre, c’est mettre en crise toute
notre représentation du monde, en particulier notre idée de la morale, qui repose sur l’imputabilité des
actions à un libre arbitre.
Réciproquement, renoncer à l’idée que la nature est soumise à des lois, ce
serait régresser vers une conception pré -scientifique de la nature, accepter les forces occultes et les
miracles, bref le surnaturel, chose qui ne semble pas plus acceptable.
Enfin, il ne saurait être question
de mettre en question le principe de contradiction, autrement dit de réviser la logique elle-même, car cela
mettrait en cause la possibilité même de tout discours.
En ce sens, la pression de notre représentation du
monde exige que nous nous efforcions de re-penser le rapport entre ces deux affirmations, de telle sorte
que nous puissions les maintenir toutes les deux.
Faut -il maintenir que l’homme n’existe que comme une
partie de la nature ? Faut -il relativiser le sens de l’affirmation selon laquelle la nature est soumise à des
lois ? Faut -il redéfinir la liberté autrement que comme contraire de la nécessité ?
1) Position du problème : non les deux affirmations sont incompatibles, mais elles semblent
intrinsèquement contradictoires
Kant, Critique de la raison pure, IIIème Antinomie, p.
1103-1109
Antinomie :
• contradiction réelle ou supposée entre deux lois
• chez Kant, il s’agit d’une antinomie de la raison, c’est-à-dire d’une contradiction des lois de la raison.
Certaines lois de la raison sont telles qu’elles ne peuvent être démontrées que par l’absurde (il y a un
autre mot, mais je ne me souviens plus) ; le problème est alors que, si l’on peut établir la thèse en
montrant l’absurdité de l’antithèse, on peut réciproquement établir l’antithèse en montrant l’absurdité de la
thèse ; d’où il résulte une contradiction
1) La thèse qu’il y a une liberté authentique (transcendentale) est contradictoire
Notre
conception scientifique du déroulement des événements dans la nature semble exclure absolument la
possibilité de la liberté en général et donc de la liberté humaine en particulier.
En effet, supposer qu’il y a
une liberté [au sens transcendental], par exemple que l’homme est libre, cela revient à supposer qu’il y a
une espèce particulière de causalité suivant laquelle les événements du monde peuvent se produire,
causalité telle que le début d’une série causale ne soit elle-même précédée d’aucune cause.
Cela.
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