Devoir de Philosophie

Peut-on accuser la technique d'être responsable de tous nos maux ?

Publié le 27/02/2008

Extrait du document

technique
Grâce à ce don du feu peut s'établir une médiation entre les hommes et une nature hostile  privée d'abondance immédiate, car le feu sert à la cuisson des aliments et aux « arts du feu » : forger des outils, fabriquer la céramique, etc.. Le feu est donc arraché aux dieux, et il est contre nature -puisqu'il est le moyen par lequel est transformée la nature, qui n'est pas immédiatement productrice. Le mythe prométhéen situe ainsi la technique entre chien et loup : elle oscille entre un moyen de salut d'une part, et un piège se refermant sur son poseur d'autre part, ce qui indique le caractère contre nature et risqué de ces entreprises prométhéennes.     Responsable : auquel on peut imputer une conduite. Sont exclus de la responsabilité les enfants, les fous et les idiots. Vient de respondere, répondre de, mais aussi être digne de, égal à, à hauteur de. En morale, a le sens spécifique de répondre totalement de ses actes, les assumer et s'en reconnaître l'auteur.   Mal : est un mal en général tout ce qui fait l'objet d'un jugement de désapprobation, fait obstacle à la perfection de l'homme ou s'oppose au bien et aux normes morales d'une société. En morale, un mal a un responsable, celui qui le commet : le mal résulte alors d'une personne coupable à qui on l'impute, cette imputation se faisant accusation dans le cas où elle est celle d'un acte répréhensible. On peut reprendre les trois sens leibniziens du mal (Leibniz, Théodicée) : mal métaphysique (« simple imperfection »), mal physique (« souffrance »), et mal moral (« péché »).
technique

« I.

La technicisation du monde est synonyme de désenchantement, de déshumanisation et d'instrumentalisation de la science La technique n'est pas (ou pas essentiellement) le signe de notre puissance sur la nature, mais de notre impuissance à dominer notre capacité technique elle-même.

Elle comporte toujours une virtualité d'auto- emballement. a.

La technique est porteuse de valeurs, qu'elle impose à travers l'usage généralisé de ses produits : vitesse , performance , utilité , efficacité .

Les manifestes futuristes (Marinetti) du début du siècle sont l'exemple d'une application aux Beaux-Arts de ces principes tout-puissants.

La technicité prônéeen toutes matières les mène aux dérives idéologiques de l'eugénisme, de la brutalité et de l'éliminationdu « vieux », au nom du culte de la machine et de la vitesse.

Plus loin dans le temps, et plusgénéralement, les manufactures, produits de l'essor technique de la fin du XVIIIe siècle, constituentune nouvelle organisation du travail, ayant la conséquence sociale de parcellisation des tâches.

Cemouvement de spécialisation se poursuit à travers les OST (héritières de L'organisation scientifique du travail de F.W.

Taylor) du début du XXe siècle, notamment dans le taylorisme, où le chronométrage et l'alignement de la cadence de production au rythme de la « chaîne » donne lieu à unedéshumanisation du travail.

Les ouvriers qui y travaillent n'ont plus aucun savoir-faire propre, etironiquement sont nommés « OS », ouvriers spécialisés (Charlot en serre-boulon dans Les temps modernes ).

Dans Le travail en miettes (1956), Milton Friedman étudie l'effet direct du progrès technique sur le travail, et critique sévèrement ceux du travail à la chaîne, aboutissement de la« division du travail social » (Durkheim).

Ses conclusions ne sont guère optimistes : au plus hautdegré de technicisation, les tâches laborieuses se vident complètement de leur sens, ce qui provoque ennui, démotivation et turn-over (les ouvriers ne reviennent plus).

Où l'on voit que la critique de cette technicisation à outrance se fait également dans un intérêt économique .

On touche ici au mythe moderne de la technique aliénante, par son omniprésence et par la subordination de l'homme qu'elle impose.

Ce qui justifie parfois une emphase technophobe : « Un monde gagné pour la technique est perdu pour la liberté », G.

Bernanos, L a France contre les robots .

Les machines ont remplacé les hommes, et quand par bonheur ils sont maintenus, elles leur donnent des ordres. b.

La technique est incontrôlable : elle s'emballe et c'est alors une sorte de folie ou d'ivresse technique .

« Despote conquérant, le progrès technique ne souffre pas l'arrêt .

Tout ralentissement équivalant à un recul, l'humanité est condamnée au progrès à perpétuité » (Alfred Sauvy, Théorie générale de la population ).

L'utilisation d'un vocabulaire carcéral (« à perpétuité ») montre ici que l'invention technique est un engrenage et un piège se retournant contre son concepteur.

La technique génère sans cesse de nouveaux besoins : elle augmente la masse du superflu, et nous rend dépendants par la consommation de gadgets à outrance –cf.

la techniqueportative : la montre, le téléphone portable, la calculatrice, etc.

De plus, le rôle d'entraînement que joue un secteur par rapport à l'autre, et la et synergie (industrielle ou cybernétique) entre lestechniques fait que, les changements techniques s'alimentant les uns les autres, nous sommes commepris dans un système techniqu e.

Cette thématique d'une invasion, d'une technique qui circonscrit l'homme , trouve son illustration la plus récente dans les techniques d'enfermement et les systèmes virtuels de contrôle : la surveillance sur Internet permet une traçabilité de chacun de nos actes (les publicités, par exemple, deviennent ciblées en fonction de votre comportement antérieur sur un site).Cette sensation d'étouffement est bien loin de l'objectif cartésien de nous rendre « maîtres etpossesseurs de la nature » : il signifie au contraire que l'on ne contrôle plus les conséquences de l'utilisation des techniques .

Ou bien que, cette utilisation étant inégalement répartie entre les mains d'un petit nombre , et l' on est face à un renforcement toujours croissant des inégalités sociales (cf. dans l'usine du XIXe, c'était les patrons qui possédaient les machines ou le capital fixe, et leprolétariat qui s'en servait –comme si l'usage des machines était toujours dévolu aux déshérités et àun prolétariat universel). c.

Le problème est aussi celui d'un objet et d'un instrument qui devient sujet et fin en soi .

Le monopole contemporain de la technoscience , ou d'une imbrication de plus en plus forte entre la science et la technique, fait que la recherche scientifique doit de plus en plus s'ordonner exclusivement à des besoins techniques (réaliser des gains de temps, de place).

Bien que l'action entre science et technique soit à l'origine une action réciproque , et que les ressources techniques conditionnent souvent les avancées de la science (comme la lunette de Galilée dont il fit usage en 1609), le brouillage contemporain des frontières entre savoir et savoir -faire tend plutôt à en faire une relation asymétrique .

La technique, en proliférant, en généralisant ses valeurs propres, serait donc bien responsable d'une réduction de la science à ses apports techniques possibles .

La technique qui parle trop haut produit une science servile , sans marge d'invention et de tâtonnement. d.

Le mal de l'homme culmine dans la technocratie , forme inhumaine de gouvernement politique que sécrète la technique .

La technique y est effectivement le seul auteur de nos malheurs.

« Plus le niveau de la technique est élevé, plus les avantages que peuvent apporter des progrès nouveauxdiminuent par rapport aux inconvénients », écrivait Simone Weil dans Oppression et liberté .

En effet, il semble qu'il y ait une loi de proportionnalité entre l'augmentation de la douleur et le degréd'avancement technique d'une société, passé un certain seuil où la technique allégeait le poids dulabeur.

La technocratie décomplexée est l'idéologie abritant ses choix de société derrière des impératifs techniques, la tyrannie de l'utile et de l'immédiat.

Ce gouvernement de spécialistes est. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles