Peut-on accéder a la réalité sans passer par l'abstraction ?
Publié le 08/12/2005
Extrait du document
Apparemment la réalité est appréhendée à partir d'une expérience immédiate et concrète (pensez à la sensation). Mais cette expérience est souvent médiatisée par la mémoire, l'attente ou même l'attention qui dépasse la dimension instantanée de l'expérience. De même si je veux comprendre la réalité, ne vais-je pas devoir avoir recours à des idées générales, des concepts et des raisonnements ? Il faut donc vous interroger sur ce qu'est au juste la réalité. Est-elle indépendante du sujet qui l'appréhende ou est-elle au contraire constituée par l'individu, d'où la nécessité d'une prise de distance et de recul ? Dans ce cas, l'abstraction ne signifie pas le refus de la réalité, mais peut-être la condition de son émergence et de sa signification.
«
impression(s) sensible(s) dérive l'idée dont il est supposé être le signe.L'expérience est bien alors, non seulement un point de départ, mais aussi un point d'arrivée, de retour.
Ainsil'empirisme ne fait-il pas seulement de l'expérience l'origine de notre connaissance, mais aussi ce qui la justifie.
Ence sens, il ne répond pas seulement à la question de fait que demeure la question de l'origine ; mais il pose danstoute son ampleur la question de droit.
Dans « Essais philosophiques sur l'entendement humain », Hume affirme que les « idées » ne sont d'abord que descopies affaiblies des « impressions » d'origine externe et qu'elles sont ensuite liées suivant les lois mécaniques del'association.
Ainsi, par exemple, nous observons qu'un phénomène donné est suivi d'un autre phénomène donné.Rien ne nous permet d'affirmer qu'il existe entre eux une relation causale nécessaire sinon l'habitude que nous avonsacquise, sous l'influence d'une association souvent répétée, de nous attendre à les voir se suivre.
Le principe decausalité est donc acquis par expérience.
Il en est de même pour les autres principes.
L'expérience première et l'abstraction secondeTout ce que nous connaissons de la réalité vient de l'expérience.
Avant de pouvoir expliquer un phénomène par descalculs abstraits, il me faut expérimenter.
Énoncer la théorie de la gravitation implique que j'ai vu, dans l'expériencesensible, les corps graves s'écraser au sol.
[C'est par et grâce à l'effort d'abstraction que le monde est connaissable.
Accéder à la réalité, c'estl'ordonner, l'unifier.
N'est pour moi réel que ce que j'ai pu identifier.
Sans l'abstraction, le monde ne seraitqu'un pur chaos.
Aussi bigarré que mes perceptions sensibles.]
Le réel n'existe que par l'idéeSelon Platon, il existe un autre monde, le monde des Idées ou Formes parrapport auquel le monde sensible n'a pas plus de consistance qu'une ombre.La connaissance dépasse la simple opinion en ceci qu'elle ne porte pas sur lemonde sensible mais s'attache au monde intelligible dont le sensible n'estqu'un vague et pâle reflet.
Le dualisme de Platon est une manière d'échapperau relativisme de Protagoras.
La première raison d'être des Idées c'est d‘échapper au devenir sensible et de constituer ainsi l'objet d'une connaissancepossible.
En affirmant l'existence d'essences intemporelles et immuables,séparées des choses sensibles, Platon rend possible une connaissancenécessaire et universelle.
Connaître c'est alors contempler les Idées.
Mais sil'âme humaine peut abandonner le sensible et se tourner vers les réalitésintelligibles, c'est qu'elle a déjà connu ces réalités dans une vie antérieure.
Laconnaissance est assimilée à une réminiscence de ce monde des Idées quenotre âme immortelle a entre vu avant de s'incarner dans un corps.Cette théorie de la réminiscence ressemble à un conte mais elle est àrapprocher de la théorie des idées innées chez Descartes.
Celui-ci, en effet,affirme que les idées vraies sont les idées claires et distinctes que noustrouvons en notre âme avec « leurs vraies et immuables natures », cad quis'imposent évidemment à nous lorsque, grâce à un doute totalitaire, nousavons réussi à « détacher l'esprit des sens » et à lui rendre sa pureté native.A l'opposé de l'empirisme, le rationalisme dogmatique affirme que l'esprithumain possède en lui-même toutes les conditions de son savoir a priori, cad antérieurement à toute expérience.
Une première solution consiste à affirmer que la raison est une donnée première qui ne doit rien à l'expérience et quel'homme en possède congénitalement les principes.
Toute une tradition philosophique, depuis l'Antiquité grecque,affirme que les principes de la raison existent a priori et indépendamment de l'expérience sensible.C'est ainsi que pour Platon, l'âme les tient d'une existence antérieure à son union au corps.
Pour Platon, l'âme a uneexistence distincte du corps.
Elle est immortelle, elle est source et principe du mouvement, elle est ce qui anime lecorps.
Elle a existé avant d'être enfermée en lui, elle existera après sa disparition.
Avant de s'incarner dans uncorps, l'âme a appartenu à un cortège divin, elle a eu connaissance de la vérité dans un monde suprasensible.Pour Descartes aussi la raison est innée et irréformable.
Il voit en elle « la marque de Dieu sur son ouvrage ».
Lesprincipes sont de « vraies et immuables natures » ou « idées innées » et ont été comme gravés dans l'esprit de touthomme par le créateur .
Pour saisir le réel,l'esprit l'ordonne.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Peut-on accéder à la réalité sans passer par l'abstraction ?
- Peut-on accéder à la réalité sans passer par l'abstraction ?
- L’art constitue-t-il un bon moyen pour échapper à un environnement physique et social trop oppressant, et doit-il en ce cas être qualifié d’illusoire ? Ou bien permet-il au contraire d’accéder à une réalité plus riche, que Rimbaud et Proust ont nommée « la vraie vie » ?
- L'abstraction s'éloigne-t-elle de la réalité ?
- Abstraction et Réalité