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Peut-on à la fois défendre la liberté de penser et disqualifier l'opinion ?

Publié le 08/12/2005

Extrait du document

Aristote, Seconds Analytiques. Combattre l'opinion n'est donc pas contraire à la liberté de penser, on pourrait même considérer que c'est un appel plus pressant encore à l'affirmation de cette liberté. "La vérité doit toujours avoir l'avantage, quoique nouvellement découverte, puisqu'elle est toujours plus ancienne que toutes les opinions qu'on en a eues, et que ce serait ignorer sa nature que de s'imaginer qu'elle ait commencé d'être au temps qu'elle a commencé d'être connue. " Pascal, Sur le traité du vide. Cette lutte implique d'ailleurs un courage moral de grande ampleur puisque l'opinion souvent dominante déploie de grands moyens pour préserver sa force persuasive. Elle est ce sur quoi reposent bien des régimes et le pouvoir a souvent un intérêt majeur à la pérenniser. "On la nomme (l'opinion) la reine du monde ; elle l'est si bien, que quand la raison veut la combattre, la raison est condamnée à mort." Voltaire, Dictionnaire philosophique, 1764.   Conclusion : Accéder à la liberté, c'est se dégager de l'opinion, formuler une pensée personnelle et véritable, mais comme le dit Schopenhauer avec ironie : « Ne combattez l'opinion de personne; songez que, si l'on voulait dissuader les gens de toutes les absurdités auxquelles ils croient, on n'en aurait pas fini, quand on atteindrait l'âge de Mathusalem. » Aphorismes sur la sagesse dans la vie (1851).
  • POUR DÉMARRER

Est-il possible de défendre simultanément le libre jugement des hommes, droit de raisonner et de juger, droit de se faire des opinions avec une certaine liberté et, en même temps, de discréditer l'opinion, à savoir une croyance constituant le plus bas degré du savoir ?

  • CONSEILS PRATIQUES

Un sujet très « pointu « qui exige une élucidation précise de ce terme d'opinion, intermédiaire entre l'ignorance et le savoir. N'y a-t-il pas une « opinion droite « (Platon) ? Enfin, n'oubliez pas l'opinion publique, pensée dominante au sein d'une société.

  • BIBLIOGRAPHIE

PLATON, Théétète, Garnier-Flammarion. La République, Livre V, Garnier-Flammarion. SPINOZA, Traité théologico-politique, Chap. XX, Garnier-Flamarion.

  • Discussion :

Le sujet part d'une contradiction apparente : d'un côté il convient de laisser à chacun la liberté de penser, d'un autre côté, si chacun est libre, il n'y a pas de raison de jeter le discrédit sur ce qui appartient au discours commun. Tout réside donc dans l'approche du mot « penser « : penser et véhiculer une opinion sont deux attitudes antagoniques, la liberté n'est donc pas celle de dire tout et n'importe quoi mais d'accéder à une qualité de réflexion qui porte sur les choses un regard critique.

 

« La tâche du philosophe consiste donc à combattre les erreurs que recèle un jugement hâtif et pourtant souvent trèsrépandu. « Il faut appeler philosophes ceux qui s'attachent en tout à l'essence, et non amis de l'opinion.

» La République , 480a Platon.

Cette attitude est difficile, exigeante, et s'oppose à la paresse de l'esprit ou à la facilité qui vont avec la diffusionde paroles creuses. « Si nous désirons vaquer sérieusement à l'étude de la philosophie et à la recherche de toutes les vérités que noussommes capables de connaître, nous nous délivrerons en premier lieu de nos préjugés, et ferons état de rejetertoutes les opinions que nous avons autrefois reçues en notre créance, jusqu'à ce que nous les ayons derechefexaminées.

» Descartes, Principes de la philosophie , 1644. Nous sommes tous plus ou moins imprégnés de cette opinion qui nous fait parfois parler à tort et à travers, si bienque Descartes choisit une méthode systématique qui consiste à chercher tout ce qu'il sait véhiculer d'idées reçueset non discutées : « Si cela pouvait être, je m'appliquerais sérieusement et avec liberté à détruire généralementtoutes mes anciennes opinions.

» Le discours de la Méthode, Descartes. Troisième partie : Diffuser l'opinion c'est n'être pas libre L'aliénation provient de la répétition.

Répéter c'est s'enfermer sans prendre le moindre recul dans des propos dontles implications peuvent être graves y compris pour nous-même.

L'absence de vérification conduit à perpétrerl'erreur et contredit en ce sens l'épanouissement de chacun dans la vérité. « La science, dans son besoin d'achèvement comme dans son principe, s'oppose absolument à l'opinion.

» Bachelard,La Formation de l'esprit scientifique , 1938. On comprend ainsi comment la connaissance scientifique peut stagner du fait du maintien d'un certain nombre depréjugés. « La science et son objet diffèrent de l'opinion et de son objet, en ce que la science est universelle et procède pardes propositions nécessaires [...].

L'opinion s'applique à ce qui, étant vrai ou faux, peut être autrement qu'il n'est.

»Aristote, Seconds Analytiques . Combattre l'opinion n'est donc pas contraire à la liberté de penser, on pourrait même considérer que c'est un appelplus pressant encore à l'affirmation de cette liberté. "La vérité doit toujours avoir l'avantage, quoique nouvellement découverte, puisqu'elle est toujours plus ancienne que toutes les opinions qu'on en a eues, et que ce serait ignorer sa nature que de s'imaginer qu'elle ait commencé d'être au temps qu'elle a commencé d'être connue.

" Pascal, Sur le traité du vide . Cette lutte implique d'ailleurs un courage moral de grande ampleur puisque l'opinion souvent dominante déploie degrands moyens pour préserver sa force persuasive.

Elle est ce sur quoi reposent bien des régimes et le pouvoir asouvent un intérêt majeur à la pérenniser. "On la nomme (l'opinion) la reine du monde ; elle l'est si bien, que quand la raison veut la combattre, la raison estcondamnée à mort." Voltaire, Dictionnaire philosophique , 1764. Conclusion : Accéder à la liberté, c'est se dégager de l'opinion, formuler une pensée personnelle et véritable, mais comme le ditSchopenhauer avec ironie : « Ne combattez l'opinion de personne; songez que, si l'on voulait dissuader les gens de toutes les absurditésauxquelles ils croient, on n'en aurait pas fini, quand on atteindrait l'âge de Mathusalem.

» Aphorismes sur la sagesse dans la vie (1851). Le règne de l'opinion semble universel.. »

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