Peut-il exister des désirs naturels ?
Publié le 29/09/2013
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«
faudratilpas bien plutôt direque le désir est ce par quoi un être spirituel s'arrache de toute nature et se sépare
sansremède de l'animalité ?I.
Des désirs naturels à la naturalité du désir1.
La sensation est la seule norme
absolueNous sommes des êtres de désir, telle est notre nature ; mais cela ne signifie justementpas que tous les
désirs soient euxmêmesnaturels : telle est la leçon qu'Épicure entendnous transmettre.
Comme tous les êtres
vivants en effet, nous sommes soumis àla polarité du plaisir et de la peine, qui viennent qualifier toute
sensation (toute sensationest plaisante ou déplaisante, à quelque degré que ce soit) ; et comme tout êtrevivant,
nous avons naturellement tendance à chercher le plaisir et à fuir le déplaisant.Tout plaisir est un bien, toute
douleur est un mal : la sensation, juge infaillible de cequi est agréable ou douloureux, est un guide qui ne
saurait nous égarer et qu'il suffitde suivre sans s'en écarter.
De ce point de vue, les animaux sont nos modèles
: ilsnous donnent à voir ce qu'est une vie orientée par la sensation immédiate du plaisantet du déplaisant ;
seulement, à la différence des animaux, les hommes possèdentun esprit, et une imagination.
L'esprit les rend
capable d'avoir des notions abstraites,qui doivent provenir des sensations pour être vraies.
Par l'imagination
en revanche,l'homme devient capable de se projeter hors de l'instant présent, c'estàdirehors dutemps de la
sensation ; de là vient qu'il peut s'égarer, et poursuivre un bien tout saufvéritable.Parce qu'il n'écoute pas
seulement ce que la sensation lui dit, l'homme est capablede désirer quelque chose d'en fait déplaisant : alors
que le plaisir est univoque pourÉpicure (il n'y a pas plusieurs genres de plaisirs), le désir devient avec l'homme
qualitativementdifférencié.
Il y a d'un côté les désirs naturels, ceux qui ont la sensationpour principe, et qui
nous font désirer ce qui est en soi désirable, à savoir le plaisir.
Etil y a les désirs qui ne sont pas naturels, parce
qu'ils ne proviennent pas de la sensation,mais de l'imagination - et ceuxlàsuffisent à faire notre malheur.2.
Les
désirs non naturels proviennent de l'imaginationAinsi, et contrairement à tous les animaux, l'homme est
capable d'imaginer sa propremort, d'imaginer ce qu'il pourrait par après advenir de son corps, et de son
âme.L'idée de son cadavre laissé en pâture aux bêtes fauves l'horrifie ; la représentation23Le sujetd'un
châtiment divin outretombele plonge dans la terreur.
De ces peurs nées del'imagination proviennent à leur tour
des désirs corrompus, au premier chef desquelsles passions sociales : je veux la gloire ou la célébrité, pour
qu'il reste quelque chosede moi après ma mort, pour être certain également qu'on rendra à mon corps
lesderniers honneurs.
C'est ainsi que la crainte de la mort rend possible une société nese fondant plus sur le.
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