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Perdre ses illusions, est-ce bien ou mal ?

Publié le 11/02/2019

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de reconstituer une situation infantile, où la figure paternelle apparaissait comme celle d’un être tout-puissant et tout-connaissant, à la fois juste et protecteur. Cette critique - tout comme celle de Marx - paraît pourtant manquer d’efficacité ; en tout cas, elle n’a pas suffi à faire disparaître la religion, loin de là. Si c’est un bien de perdre scs illusions, il semble donc que ce ne soit pas facile.

 

Freud lui-même a par ailleurs montré qu’il y a, au départ de l’illusion, du désir. Ce qui indique que, pour perdre ses illusions, il faudrait perdre d’abord tout désir. Comme le désir dont il question émane de l’inconscient, il est impossible de prétendre simplement l’annuler. Mais serait-il conscient que l'on devrait se demander s’il est dans l’intérêt véritable d’un sujet de renoncer à tout désir, et donc à toute illusion. Cela ne signifierait-il pas qu’il deviendrait inerte, totalement passif, pour ainsi dire inexistant ou fondu dans l’anonymat ? S’il est vrai que la maturité d’un individu se marque bien souvent au fait qu’il renonce à quelques-unes de ses « illusions de jeunesse » (parce que l’expérience acquise de l’existence lui enseigne à accepter lucidement ses limites), il n'en reste pas moins qu’il reste capable de s’illusionner sur d’autres motifs, parce qu’il continue à désirer. L’absence totale de désir paraît peu concevable tant que dure une existence humaine : si elle se réalise, elle en signifie la fin.

 

Peut-être est-ce d’ailleurs le fait même de vivre qui nous impose des illusions, parce que la vie serait en leur absence impossible à supporter. Telle est la position de Nietzsche, affirmant que l’art n’est qu’un monde d’illusions, mais qu’il nous est nécessaire pour supporter la cruauté de l’existence, qui est alternance, échanges constants, entre la vie et la mort, et que nous ne pourrions affronter sans une protection efficace. Sans aller jusqu’à une telle justification métaphysique, on peut constater que, tout en étant illusoire, l’œuvre d'art ne nous trompe pas durablement

« CORRIGÉ [Introduction] La ph ilo sophie a la rép utati on de ne pas beaucoup aimer l'illusion, et ses criti q ue s se retrou vent jusque dan s le langage commun : on est « vic time » de ses propres illusions, on s'y «perd » ou on s'y «égare » - ex pre ssio ns banales qui suggèrent que l' illu sio n n'est pas recomman­ dable, et qu'il convient de s'en débarrasser.

Mais en qu oi peut-eUe être dangereuse, ou égarer? Toute illusion nous lance-t -el le nécessairement loin des exigences de la vie? Affirmer que c'est un bie n de perdre ses i ll usio ns, c'est répondre posi tiv ement à cette questi o n.

Mais il semble également possible de considérer que les illu sion s nous apportent des éléments positifs.

et peu t-êt re, qu'e ll es nous aident même à vivre.

[1.

L'illusion malsaine] Lorsque l'ancien prisonnier revient àan s la caverne, ses comp ag no ns de captivité sont peu disposés à croir e ce dont il les informe : que ce qu'ils perçoivent n'est qu'un monde d'ombres illusoires, el qu'à l'extérieur exis­ tent au contraire des occasions de connaissance autrement sérieuse.

Platon so uli g ne que le s pri s o nn ie rs tiennent à rester dans l' ill usio n, parce qu'elle leur apporte un confort intellectuel et les rassure en quelque sorte.

Face à une telle situation, la tâche du ph ilo so ph e qui doit mener les hommes à la vérité n'en sera que plu s difficile.

Ainsi l'iJiusion est-elle volontiers comp ris e comme nous éloignant nécessairement du «ré el >> -quelle que soit la définiti on que l'on voudra donner de ce dernier.

Elle nous entraîne vers le faux, le trompeur, vers un univers sans doute rassurant et qui a de quoi nous satisfaire, mais dont le défaut majeur est de nous em pê ch er l'accès à la vérité.

L'homme qui se fait des ilJusions n'a pas les pieds sur terre, il est perdu dans ses rêveries et semble inefficace, il s'im agine a utre qu 'il n'est.

La liaison vite éta bli e entre l'illusion, l'imagination et l'erreur renforce la condamnation : on voit décidément mal comment l'illusion pourrait être po sit iv e.

Si l'on s'interroge sur son rôle dans l'accès à la vé rité, on doit constater q u'el le apparaît en effet comme un obstacle.

Elle fournit du monde une version à laquelle un esp rit sain ou rationnel n'ac cepte ra pas d'adhérer : il devra s'en défendre, ct faire un eff on pour ne pas en être victime -ce qui n 'e st pas to ujo u rs très facile : on sa it, par exemple, combien les i!Jusions d' opti que son t pe rs ista nte s, même une fois qu'on a compris leur fonction­ nement.

À un niv eau supérieur, c'est la connaissance en elle-même qui semble interdite par l'illusion : si je reste dans l'illusion (que me suggère ma perception qu o tid ie nne) selon laquelle c'est le soleil qui «se lève». »

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