Pensez-vous qu'il y a des désirs naturels ?
Publié le 05/12/2005
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La réponse dépendra évidemment du sens des deux concepts, désir et naturel. On pourrait d'abord, à l'appui de la thèse, constater l'universalité et la nécessité des désirs : ils sont constitutifs de la nature humaine. En outre, une modération des désirs est possible -- tel était du moins le point de vue de Bouddha, d'Épicure et de Rousseau. Entre le désir d'être aimé, par exemple, et celui d'être le maître du monde, une distinction doit pouvoir être faite — et l'adjectif naturel peut ainsi aider à distinguer entre les différents types de désirs. Mais (antithèse) les désirs sont déterminés socialement et psychologiquement, ils ne sont donc pas, à strictement parler, naturels. De plus, le propre de l'homme est de multiplier ses désirs à l'infini : on peut le déplorer, au nom d'une certaine idée de sagesse, mais force est de constater que l'Histoire marche ainsi, même dans ses plus belles dimensions (que seraient l'art et la science sans désir ?).
Conclusion (en guise de synthèse) : il conviendrait de différencier l'origine (« naturelle «) et la réalisation (nécessairement non naturelle) des désirs. De plus, si les besoins sont naturels (mais ce n'est déjà plus le cas de leur mode de satisfaction) parce que liés au corps, les désirs ne sauraient l'être.
«
car elle ne vaut pas dans tous les cas.
A l'inverse, la proposition « Al Capone était un gangster italo-américain né le17 janvier 1899 à Brooklyn, sous le nom d'Alphonse Gabriel Capone » est vraie, car elle est vraie de tous temps(même lorsque Al Capone n'est pas vivant, il reste qu'il est né à telle date et à tel lieu).
Le critère est ici celui del'universalité.
La vérité se reconnaît donc à un ensemble de critères : objectivité, vérifiabilité, probabilité égale ou proche de 1,universalité.
Si l'on néglige ces critères, on perd la vérité et on risque l'erreur.
En ce sens, ces critères sontessentiels à la recherche de la vérité.
Mais cela veut-il dire que la vérité n'est qu'une question de critères ?
II .
La dimension psychologique de la vérité, ou le rapport de l'esprit à la vérité.
Découvrir la vérité n'est pas tout : encore faut-il pouvoir l'accepter, la reconnaître.
Or cette reconnaissance ne vapas toujours de soi, et la vérité suscite bien souvent des résistances, des dénégations, des objections de notrepart : pourquoi ? Un exemple semble particulièrement frappant et permet de comprendre un peu mieux pourquoi cequi semble être d'abord purement théorique et spéculatif peut néanmoins faire naître de véritables défenses ourésistances psychologiques.
C'est exemple est celui de la mauvaise nouvelle.
Lorsqu'on apprend par exemple la mortde quelqu'un qui nous est cher, c'est tout notre être qui se dresse tout entier contre cette nouvelle, contre cetteterrible vérité.
C'est la raison pour laquelle une telle vérité, avant d'être acceptée, nécessite tout un travail sur soi :le travail du deuil, par lequel progressivement on en vient à reconnaître que les choses sont telles qu'on nous les adécrites, que tout cela est bien arrivé et ne peut être changé.
Dans cet exemple, la vérité n'apparaît plus comme cequ'on recherche objectivement et méthodiquement (à l'aide de critères), mais comme ce qui s'impose à nous sansque nous y soyons préparés.
La vérité ne nous laisse pas le choix, et c'est pour cette raison qu'elle suscite desrésistances.
Freud, dans l' Introduction à la psychanalyse , chapitre 19 « Résistance et refoulement », montre qu'il existe de multiples façons de refuser la vérité : lorsqu'un événement traumatisant, gênant, honteux nous arrive, un processuspsychique particulier, le « refoulement », se met en place afin de dissimuler cet événement à la conscience et de lemaintenir « dans » l'inconscient (attention, l'inconscient n'est pas un « lieu » de l'esprit à proprement parler).
Un telrefoulement peut faire naître une névrose (un rituel qu'on répète sans savoir pourquoi, des peurs ou angoisses donton ne comprend pas le sens), car l'événement traumatisant ou gênant cherche à parvenir à la conscience, à serappeler à nous, mais n'y parvient pas : c'est pourquoi il s'exprime par d'autres voies, celles qui se manifestent dansla névrose.
C'est alors qu'intervient le psychanalyste, pour aider le malade à trouver la source de ses symptômes.Mais en interrogeant le malade, et en lui disant de ne rien cacher, le psychanalyste voit se dresser contre lui toutessortes de résistances, dont le malade lui-même n'est pas toujours conscient (par exemple, il arrive que le malades'insurge contre le médecin, ou au contraire essaie de le séduire afin qu'il interrompe son travail de recherche : cesont là deux exemples de résistances).
C'est encore la preuve que l'esprit fait tout pour maintenir caché ce qui a puêtre traumatisant ou honteux : l'esprit fait tout pour maintenir la vérité cachée, car elle a autrefois blessé oufragilisé l'individu.
Mais ce n'est pas seulement lorsque la vérité nous touche aussi intimement, au point de nous blesser, qu'elle peutfaire naître des refus ou objections de la part de notre esprit.
C'est, de manière plus générale, lorsqu'elle s'oppose àune croyance forte, ou à un ensemble de croyances.
Pour ne citer que ces exemples, la théorie du Big Bang et cellede l'évolution, avant de s'imposer comme vraies (du moins en grande partie) ou fortement probables, ont soulevéune critique très virulente et des résistances très vives.
C'est que ces théories s'opposent directement etfrontalement à la théologie chrétienne notamment, qui rend compte du monde en ayant recours à la Création divine.Or, pour la théorie du Big Bang, le monde n'a pas été fait en sept jours (six plus exactement) par un Dieu tout-puissant, mais s'est formé sur des milliards d'année, la naissance de notre Univers étant estimée à il y a 15 milliardsd'années.
Pour la théorie de l'évolution, l'homme n'est pas le but ultime de la Création, mais un résultat parmid'autres d'un long processus d'évolution des espèces.
Ces théories donc, qui ont été et sont encore mises enquestion et précisées, n'en restent pas moins très probables, et rendent compte de manière beaucoup plus précisede notre monde et de la vie qui y règne que ne le fait la théologie.
Or celle-ci est une croyance non seulementpartagée par une grande communauté de gens, mais en plus soutenue par des siècles de religion.
C'est donc unecroyance qui a acquis une grande « force » dans l'esprit des gens, force qui fait résister l'esprit contre toute autrevérité.
Car l'esprit s'attache à ses croyances, qui structurent son monde et la façon dont il l'appréhende.
Or affirmerune tout autre vérité, c'est faire trembler tout cet édifice de croyances dans lequel l'esprit se sent rassuré.
Maisc'est peut-être justement par ce tremblement que l'on peut ouvrir un passage qui conduit de la croyance à lascience, du croire au savoir.
Bachelard, dans La Formation de l'Esprit Scientifique , montre que même au sein de ce qu'on peut appeler « la science » ou « la communauté scientifique », de telles résistances psychologiques peuvent être (et le sont souvent)observées.
Car lorsqu'un chercheur a travaillé toute sa vie à construire une théorie, à valider ses hypothèses, à lesexpérimenter, à les défendre ensuite avec ferveur devant la communauté scientifique, mais qu'au bout de tant.
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