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Pensez-vous que l'individu puisse créer librement ses valeurs ?

Publié le 14/03/2004

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La nature n'est plus une providence où nous pourrions déchiffrer le sens de notre destin. Elle n'est qu'un système d'apparences bien réglées. dont la science nous fait connaître l'organisation. Mais si la science nous dit ce qui est, ou plus exactement ce qui apparaît, elle ne peut nous dire ce qui doit être. Quant à la métaphysique qui prétend découvrir l'être au delà de l'apparence. le noumène au delà du phénomène, elle est, d'après Kant, tout à fait illusoire. En dehors de l'expérience, la raison tourne à vide et ne peut rien connaître. La morale ne repose donc plus que sur la conscience humaine. Chez Kant cependant, on ne saurait parler d'une création capricieuse des valeurs par chaque individu car le sujet responsable des valeurs s'appelle encore raison et a vocation pour l'universel.Le vrai précurseur du subjectivisme sartrien, c'est Nietzsche.
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« représentation de Britannicus, je continue cependant à affirmer que la tragédie a « plus de valeur ».

Il est vrai qu'ontrouverait des hommes incultes pour déclarer qu'un bon roman policier a plus de valeur qu'une oeuvre de Racine,qu'une ritournelle à la mode a plus de valeur qu'une fugue de Bach.

Ils expriment par là que le roman ou lachansonnette leur donnent plus de plaisir.

Seulement l'expérience subjective du plaisir est sans commune mesureavec la reconnaissance d'une valeur esthétique et morale.

Les sentiments que nous éprouvons ne sont pas lamesure des valeurs.

Ce sont au contraire les valeurs qui servent de mesure pour apprécier notre sensibilitéesthétique ou notre délicatesse morale.

Il ne suffit pas, dit Le Senne, « qu'un homme éprouve le désir de tuer pourque le meurtre devienne une valeur n ! Si le subjectivisme est logique avec lui-même, il aboutit inévitablement à laconclusion que toutes les valeurs se valent : « A chacun sa vérité » et « A chacun sa valeur u.

De telles formulesruinent la notion même de valeur et le subjectivisme axiologique n'est qu'un nihilisme axiologique.L'expérience que nous faisons de la valeur est tout au contraire l'expérience d'un ordre spécifique qui existe sansnous et qui nous dépasse.

L'honnête homme n'a certes pas le sentiment d'inventer la valeur du bien : il la reconnaîtseulement comme idéal et s'efforce d'y conformer sa conduite.

L'artiste n'a pas l'impression d'inventer le beau, maisbien de chercher à l'atteindre et de ne jamais y parvenir.

Les valeurs sont ces réalités spirituelles qui me résistent,dont parle Malebranche.

Je suis aussi impuissant à décider qu' « il soit juste de faire à autrui ce qu'on ne veut pasqu'on nous fasse à nous-mêmes » qu'à « faire que deux pieds d'étendue intelligible n'en fassent plus qu'un ».

Lesvaleurs ne sont pas ma création.

Elles s'imposent à moi.

Seulement, si les valeurs sont objectives, si je les reconnais comme un donné, on ne comprend plus pourquoi jedistingue la valeur et l'Être.

L'axiologie va s'engloutir dans l'ontologie.

On reviendrait par là à la position desmétaphysiques classiques qui paraissent ignorer ce que nous entendons par valeur.

Chez Spinoza notamment, laréalité est la seule mesure de la perfection.

Il est vrai que l'ontologie spinoziste est en même temps une morale etque Spinoza intitule « Éthique » son ouvrage majeur.

Mais la morale de Spinoza n'a pas d'autre but que de noussoumettre à l'Être : notre volonté est d'autant plus parfaite qu'elle s'identifie plus profondément à cette nécessiténaturelle universelle que Spinoza appelle Dieu.

De même l'idée cartésienne de perfection se ramenait à l'idée d'Être.L'Être parfait c'est l'Être sans limitation, indépendant, absolu.

Ce que Descartes nommait imperfection c'est tout cequi est négation, limitation, privation : c'est un moindre être.

Et Leibniz lui-même, quand il parle du meilleur des mondes créé par Dieu entre tous les mondes possibles, ne définit pas un ordredes « valeurs » qui serait étranger à l'Être, car le monde qui s'impose endéfinitive à la création divine et qui surgit selon les lois d'une « mécaniquesublime » est tout simplement le monde qui comporte la plus grande quantitéd'Être, car « parmi les infinies combinaisons de possibles et séries possibles, ilen existe une par laquelle la plus grande quantité d'essence ou de possibilitéest amenée à l'existence n.

Parler d'une « objectivité n des valeurs seraitdonc aboutir à une philosophie de l'Être où la valeur n'aurait plus de place.Prétendre fonder dans l'absolu le Inonde des valeurs équivaudrait à nier cetordre spécifique des valeurs en cherchant à le consolider.

Telle est l'aporiefondamentale à laquelle conduit, croyons-nous, toute réflexion philosophiquesur les valeurs.La valeur ne demeure valeur, semble-t-il, qu'en se montrant fragile.

« précaire», comme dit M.

Dupréel.

La valeur est ce qui doit être et qui n'est pas, quiest au contraire toujours menacée par le cours des choses.

Mais d'autre part,couper la valeur de l'Être, en faire l'oeuvre du moi c'est futiliser la valeur...Il semble possible toutefois de fonder les valeurs sur l'Être tout en maintenantun ordre spécifique des valeurs.

Pour cela, il convient de rappeler que l'Êtrene doit pas être confondu avec le donné.

L'homme vit dans le temps.

Incarnédans la matière et dans le devenir, il ne possède pas l'Absolu, il est séparé del'Éternel.

La « valeur » exprime en lui cette quête de l'Être qui est pour lui unobjet de visée plutôt qu'une présence donnée.

La valeur, dit très bien Lavelle.«est dans l'Être ce qui dépasse toujours le réalisé et qui par conséquent réside dans un acte qu'il dépend de nousd'accomplir ».. »

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