Pensez-vous comme Valéry que le diplôme est l'ennemi mortel de la culture ?
Publié le 16/01/2010
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La société, qui a délivré le diplôme, entretient l'idée illusoire que le diplômé conserve en permanence la qualification acquise, alors même que, subordonnant l'approfondissement des connaissances à la réussite à l'examen, le candidat est amené à se contenter du minimum le mieux adapté aux conditions de passage de celui-ci, quitte à oublier au moins partiellement, ce minimum une fois l'obstacle franchi. Réciproquement, le diplômé imagine qu'il a acquis auprès de la société le droit de voir sa compétence reconnue d'une manière tout aussi permanente, par exemple en monnayant celle-ci dans des conditions fixées par la loi (sous forme d'emplois, de rémunérations, de pouvoirs... stables). Ce qui s'accorde mal avec la fluctuation des besoins sociaux, et les nécessités de l'évolution. Évidemment, seul un esprit prévenu pousserait l'explication jusqu'à s'interroger sur le non-dit qui sous-tend le raisonnement dans cette partie du texte, en l'occurrence une conférence écrite en 1935. Par exemple, en le rapprochant de la crise économique du début des années trente (avec, en France, chômage, récession, appauvrissement des classes moyennes, diminution du traitement des fonctionnaires, etc.). Il va de soi que Paul Valéry n'est inspiré que par la considération des exigences supérieures de l'esprit.
«
Diplôme / 71
Je n'hésite jamais à le déclarer,
le diplôme est l'ennemi mortel de l;a culture
Valéry
llli>- Ce jugement de Paul Vaiéry figure dans «Bilan de
l'intelligence».
Il s'agit d'une conférence prononcée à
l'Université des Annales le 16 janvier 1935.
Le texte a
ensuite été repris dan~ Variété III.
flii- Après avoir montré que l'avenir de l'intelligence
dépend de l'éducation et écarté, dans ce domaine, tout
ce qui ressemble à un endoctrinement, Valéry s'arrête
sur la nature de l'enseignement dans son pays.
Il
constate que la hantise du diplôme contribue à dévoyer
le projet éducatif:
«il est cependant un point où tout le monde s'entend,
s'accorde déplorablement.
Disons-le: l'enseignement a
pour objectif réel le diplôme.
Je n'hésite jamais à le déclarer, le diplôme est l'ennemi
mortel de la culture.
Plus les diplômes ont pris d'impor
tance dans la vie (et cette importance n'a fait que croî
tre à cause de circonstances économiques), plus le ren
dement de l'enseignement a été faible.
Plus .le contrôle
s'est exercé, s'est multiplié, plus les résultats ont été
mauvais.»
Parlant en particulier du baccalauréat, Valéry constate
que le but n'est plus la formation de l'esprit, l'acquisi
tion d'une culture authentique, mais l'obtention du di
pfôme par tous les moyens.
Un diplôme qui va ensuite
être pour toute une vie un garant de savoir.
..,_ C'est donc en 1935 que Paul Valéry tirait la son
nette d'alarme quant à l'excessive importance accordée.
»
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